D'un voyage humanitaire en Grèce, un Valaisan ramène un long métrage sur la crise migratoire
Du voyage humanitaire au tournage d’un documentaire.
Du voyage humanitaire au tournage d’un documentaire. Le réalisateur valaisan Shams Abou El Enein, est revenu des camps de requérants d’asile en Grèce avec des heures d’archives vidéo. Son but : informer le public sur la question migratoire.
Quand un périple humanitaire débouche sur la réalisation d'un long métrage documentaire. C'est l'histoire de Shams Abou El Enein.
Cet été, le jeune Valaisan, réalisateur de métier, s'envole direction la Grèce, aux côtés de sa compagne Manon. Sur l'ile de Samos et son camp de réfugiés, elle est engagée comme médecin, lui comme traducteur. L'idée de tourner un documentaire s'impose rapidement… «j’avais tenté de me documenter sur la question avant mon voyage, résume Shams Abou El Enein. Mais je n’ai trouvé que de brèves articles, finalement très occultés. Et finalement sur place, c’était un choc auquel je n’étais pas préparé.»
Scène de vie, témoignages... Shams Abou El Enein rassemble pas moins de 28 interviews. De migrants, de bénévoles, de représentants du gouvernement, de locaux…
Garder une neutralité
Le but du réalisateur est clair : informer exhaustivement le public et ouvrir le débat sur la crise migratoire. Alors quand on travaille soi-même sur place, est-ce un défi de rester neutre, sans parti pris sur la question ? «De toutes les personnes que j’ai rencontré sur place, aucune ne m’a dit que la situation était bien telle qu’elle était. Personne ne m’a dit que les conditions de vie étaient correctes et qu’il n’y avait rien à faire de plus. Alors forcément, je ne pouvais en tout cas pas réaliser un film qui allait dans cette direction. Mon film va dans le sens de ce que les gens m’ont dit. L’interprétation que les gens en feront ici sera basée sur ces témoignages, mais ces témoignages sont un reflet de la réalité».
Censure nécessaire?
Shams Abou El Enein l'avoue. Sur place, il est d'abord passé par un choc émotionnel, parlant "d'horreurs" dans les camps de réfugiés. Images dures. Conditions de vie inhumaines. Pourtant, la question d'une quelconque censure pour rendre le film tout public ne s'est jamais posée. «J’ai eu quelques images volées de l’intérieur du camp, où il était normalement interdit de filmer. J’aurai pu en montrer plus, mais le but n’est pas simplement de dire que la situation est catastrophique. Le but est d’offrir des pistes de réflexion et de solution, d’ouvrir un débat.»
Baptisé « Samos – The faces of our border », Shams Abou El Enein espère projeter son film dans les salles dès le printemps 2020.