Crans-Montana Tourisme à l'heure du marketing de big-data
Les opérateurs téléphoniques enregistrent chaque jour des masses de données grâce à nos smartphones.

Les opérateurs téléphoniques enregistrent chaque jour des masses de données grâce à nos smartphones. Certaines sont utilisées à Crans-Montana.
Il est aujourd’hui possible de récolter les données de localisation-smartphone puis de les utiliser pour développer des outils d'analyse, notamment marketing, c'est légal et c'est ce que fait Swisscom qui a développé une application nommée "Mobility insight". La plateforme de l’opérateur suisse a été créée il y a déjà quelques années, mais depuis peu, les communes notamment s’y intéressent.
A Crans-Montana par exemple, où l’on a testé l’application entre Noël et Nouvel An de cette année, on apprend grâce à l'application que les visiteurs présents sur cette période étaient en grande majorité suisses. Si l'outil a encore besoin d'être développé, car il manque de précision et n’offre pas encore toutes les informations dont les acteurs ont besoin, Bruno Huggler, directeur de Crans-Montana Tourisme imagine déjà une utilisation à plus large échelle, pourquoi pas, au niveau cantonal.
«Il s’agit d’outils qui seront de plus en plus utilisés pour comprendre, planifier et anticiper la mobilité des gens. C’est intéressant pour Crans-Montana parce que pour l’instant les statistiques de nuitées ne comptent pas toutes les personnes en résidence secondaire. Cela nous donnera donc des informations complémentaires.»
«En matière de données, la tendance est de restituer des droits aux citoyens»
De son côté, le préposé cantonal à la protection des données, Sébastien Fanti est très critique.
«La question est de savoir, quel message on donne à nos hôtes? Est-ce que quelqu’un qui vient consommer en Valais apprécie vraiment qu’on regarde par quelle route il vient, combien de temps il reste sur place, etc. Il faut savoir que la tendance aujourd’hui est de restituer des droits aux citoyens, des droits qui leur ont été spoliés.»
Pour Sébastien Fanti, «la première question est de savoir si les données sont entièrement anonymisées, ou plus précisément, si elles peuvent être "désanonymisées", c’est-à-dire qu’on arrive en définitif, par un certains nombre de facteurs cumulés à savoir l’identité de la personnes, ce que certaines études ont démontré.»
Contactée par téléphone, l'une des responsables du projet chez Swisscom, Laurène Fleury l'assure: les données proposées aux clients sont totalement anonymisées. Au sein de l'entreprise, «techniquement, il serait possible de recouper les données de localisation avec les informations d'identité des personnes». Mais elle ajoute qu'ils ne le font pas pour des raisons de sécurité.
Les clients Swisscom qui ne souhaitent pas que leurs données soient ainsi utilisées peuvent par ailleurs se désinscrire du service "smart data" directement auprès de l'opérateur.