Correction du Rhône : jugé disproportionné par le Conseil d'Etat valaisan, le projet sera revu
3e correction du Rhône : un redimensionnement du projet est nécessaire. Les objectifs sécuritaires ont été surestimés. La conclusion de l'analyse commandée par le conseiller d'Etat Franz Ruppen.

L'analyse du projet de 3e correction du Rhône est désormais publique. Réalisé par le bureau lausannois E-AS SA, ce document a été présenté ce mardi à la presse. Verdict : une révision du projet apparaît nécessaire à son auteur.
Selon ce rapport, les risques sécuritaires ont été surévalués ce qui a conduit à l'élaboration d'un plan d'aménagement "disproportionné ayant un impact considérable sur la plaine du Rhône et les coûts". Le Conseil d'Etat valaisan a donc pris le 22 mai la décision de revoir les éléments de base de la 3e correction du Rhône.
La troisième correction du Rhône telle que définie à ce jour "est un projet cinq étoiles" qui met la barre sécuritaire "très très haut" mais qui est aussi "alarmiste", a ajouté le chef du service valaisan des dangers naturels, Raphaël Mayoraz.
Un groupe de travail a été formé. Le canton de Vaud y sera représenté de même que l'Office fédérale de l'environnement. Il aura pour tâche de "diriger les travaux de révision et d'en établir un planning détaillé", ce qui devrait prendre "un an et demi à deux ans". Certaines mesures se poursuivront et d'autres seront réorientées.
Réactions contrastées
Cette annonce a immédiatement suscité des réactions. L'ADSA, l'Association de Défense du Sol Agricole, salue la démarche initiée par le Conseil d’Etat et le rapport d’expert. A son sens, "ce rapport démontre que le projet R3 tel que développé jusqu’à présent n’est pas approprié pour répondre aux défis et aux besoins du Canton du Valais".
Pour leur part, les Verts valaisans estiment que "cette analyse remet fondamentalement en cause le projet Rhône 3 tel que décrit dans le plan d’aménagement adopté en 2016". S'ils ne se disent pas opposés sur le fond à des adaptations du projet, les Verts demandent que les objectifs écologiques "ne soient pas revus à la baisse, en premier lieu dans les grands élargissements."
Quant au syndic d'Aigle et député vaudois Grégory Devaud, qui avait déposé une résolution adoptée à l'unanimité par le Grand Conseil demandant que le Conseil d'Etat vaudois "mette tout en ouvre pour faire avancer rapidement le projet de troisième correction du Rhône", il dit prendre acte de cette décision qui ne constitue "pas réellement une surprise". L'objectif reste de "mettre les bouchées doubles" pour la mesure du Chablais, le dialogue étant "installé".
Plus tranchant, le Conseil d'Etat vaudois souhaite sortir les mesures prévues dans le Chablais de la révision annoncée par le canton du Valais. "Il n'est pas question de retarder cette mesure indispensable pour la sécurisation et le développement économique de toute une région", a déclaré à Keystone-ATS le ministre vaudois Vassilis Venizelos.
Coûts du projet actuel revus à la hausse
Le coût articulé pour cette troisième correction du Rhône est de 3,6 milliards de francs, "mais en réalité il est de plus de 5 milliards", a précisé en conférence de presse Raphaël Mayoraz. Le devis ne comprend pas les coûts non subventionnés, comme, par exemple, l'amélioration de l'accès au Rhône pour la population, la décontamination des sites pollués ou encore les mesures de compensation des surfaces d'assolement.
Le projet R3 comme défini actuellement est financé à hauteur de 65% par la Confédération. Avec cette révision, le canton peut compter sur une manne fédérale d'au moins 35%, conformément à la loi. Mais le canton assure qu'il se battra pour obtenir davantage.