Attaque de loup à Orsières : "Ce n'est plus une vie"
VAL FERRET Suite à l’attaque de loup qui a causé la mort de huit agneaux il y a deux semaines, nous avons rencontré l’éleveur du troupeau. Depuis le carnage, Olivier Sarrasin et son équipe se relaient jour et nuit pour veiller sur les bêtes.
«C’a été une nuit d’enfer, il n’y a pas d’autre mot». Olivier Sarrasin a les traits tirés. Et pour cause, depuis l’attaque du loup dans la nuit du 10 au 11 mai, l’éleveur du Val Ferret ne dort plus beaucoup. «Nous nous relayons jour et nuit pour veiller sur le troupeau», nous dit-il. Et à juste titre semble-t-il, puisque le prédateur est revenu la nuit suivante. Ou plutôt «les» prédateurs, car selon lui, il y en a deux. «Je les ai aperçus dans les phares de ma voiture, ils venaient pour attaquer», affirme-t-il. «Si cette nuit-là j’avais dormi paisiblement à la maison, ils auraient à nouveau massacré tout ce qu’ils pouvaient». Vivant dans la crainte perpétuelle d’une nouvelle attaque, l’éleveur ne s’en cache pas, la saison d’estivage s’annonce éprouvante. «On est en train de s’user avant le dur labeur de cet été, ce n’est plus une vie». Pour lui, cette attaque a marqué un tournant. «Aujourd’hui, la situation est grave», lâche-t-il. «Le loup s’est approché à 40 mètres de ma bergerie et à 100 mètres des habitations, ce n’est plus possible».
«Carnet des oublis»
Olivier Sarrasin est en guerre depuis longtemps contre le loup. En 1995 déjà, on le voyait dans un reportage de la TSR, sur les traces de la fameuse «Bête du Val Ferret», le premier loup à avoir réapparu en Suisse. Depuis, l’éleveur du Plateau de Saleinaz dit avoir tout tenté pour mieux protéger ses troupeaux. «Pendant douze ans, j’ai élevé des patous (ndr: chiens de protection venus des Pyrénées)», nous dit-il. «Mais sur un petit territoire comme le nôtre, la cohabitation est difficile entre ces chiens et les touristes». Olivier Sarrasin espère depuis longtemps des changements sur le terrain politique. «Les décisions ne peuvent plus venir de Berne. Ces gens n’ont pas la connaissance du terrain», déplore-t-il. «Il faut donner la possibilité au canton de gérer ce prédateur». Et le berger de conclure, amer : «Jusqu’à présent, j’ai juste l’impression que nous avons été dans le carnet des oublis». Le 27 septembre prochain, les Suisses devront justement se prononcer sur la révision partielle de la Loi sur la chasse.