"Annoncer le décès d'un proche est peut-être la mission la plus difficile d'un policier"
Un accident de la route, un suicide, une avalanche. Lors d’accident ou de mort subite, c’est à la police que revient la tâche d’annoncer le décès aux proches. Une mission lourde et pleine d’humanité, qui peut marquer à vie. Témoignages.

Un accident de montagne, un crash routier, ou un suicide. Quand une personne décède subitement, c’est à la police que revient la tâche de contacter la famille et les proches.
Une mission à laquelle les agents sont préparés lors de leur formation. "Il y a quelques décennies, la psychologie n'avait que peu de place dans le cursus des agents, raconte Stève Léger, porte-parole de la police cantonale. Des cours ont été intégrés petit à petit à l'académie de police, d'abord une heure dispensée par les pompes funèbres, et aujourd'hui une véritable formation existe."
Empathie avant tout
Toutefois, aucune formule miracle n’existe pour annoncer à une famille le décès d’un proche reconnait Stève Léger. Chaque rencontre se fait de vive voix. Le téléphone doit être coupé pour accorder un maximum d’attention à la famille, certains termes doivent être éviter quand on parle de la personne défunte.
"Chaque famille réagit différemment"
"Il faut par exemple bannir les termes de morgue ou de corps, et se concentrer sur l'être humain, son nom et sa personnalité, explique le porte-parole de la police cantonale. Mais sinon, une grande place est laissée à l'instinct. Chaque situation est différente, chaque proche réagit à sa manière, et un agent doit surtout faire preuve d'empathie quoi qu'il arrive."
Des moments humains puissants
Mais Stève Léger le concède. Aucune théorie ne peut préparer à une telle expérience humaine. Lui qui, dans sa vie de policier, a rencontré plusieurs familles de victimes.
"Parfois on attend plusieurs minutes avant de sonner et de leur annoncer la nouvelle"
Stève Léger porte-parole de la Police cantonale
"Ce sont des moments qui sont gravés à jamais dans les mémoires, qui peuvent se terminer dans les larmes. On sait que quand on approche de la maison d'une famille, c'est pour bouleverser leur vie... Parfois on attend plusieurs minutes avant de sonner et de leur annoncer la nouvelle."
Une mission compromise par les mesures sanitaires
"Avec la pandémie, les gestes de compassion et d'empathie doivent être compensés par les paroles et le regard."
Si aucune réelle barrière n'existe lorsqu'un agent de police souhaite consoler une famille et que les accolades ne sont pas rares, elles sont désormais rendues compliquées par les mesures sanitaires. "Dans des moments aussi compliqués émotionnellement, il y a des paroles, il y a le regard, mais il y a aussi les gestes qui sont importants et qui sont désormais bannis, confesse Stève Léger. Il faut compenser avec d'avantage de compassion, de dialogue et de patience."