Fribourg: le Centre suisse islam et société (CSIS) fête ses 10 ans
Le Centre suisse islam et société (CSIS) de l’Université de Fribourg fête ses 10 ans, un anniversaire qui sera marqué le 6 mai. L’utilité du centre n’est plus contestée, estiment ses codirecteurs Amir Dziri et Hansjörg Schmid, dans une interview à La Liberté.

Le CSIS, dont l'objectif vise à contribuer au vivre-ensemble dans une société plurielle, a su se faire une place. "La société attend de nous une expertise. Et de l’autre côté, il y a la logique de la recherche, qui implique d’éviter les positionnements politiques ou idéologiques", indique Amir Dziri. "C’est toujours un peu délicat."
Selon le codirecteur, l'existence du CSIS n'est plus combattue aujourd'hui. "En tout cas pas dans son essence", dit-il dans cette interview publiée mardi. "La plupart de nos interlocuteurs trouvent important d’avoir un centre de compétences qui facilite le débat et permet de créer une base d’expertise scientifique."
Démarrage difficile
Pour mémoire, en 2015, à son lancement, le CSIS s'était heurté à l’opposition de l’UDC. Cette dernière était allée jusqu’au Tribunal fédéral pour défendre son initiative demandant la fermeture de l'institut fribourgeois. "Oui, ça nous a beaucoup marqués", se souvient Hansjörg Schmid, l'autre codirecteur.
"Les deux premières années, nous devions souvent répondre à des critiques, mais ça nous a aussi amenés à communiquer de manière très claire et intense", indique-t-il ."Nous avons été immédiatement en contact avec beaucoup d’acteurs politiques, de la société civile et des médias. Au début, nous étions très prudents sur certains sujets".
"Parce qu’ils étaient source de malentendus", dit Hansjörg Schmid. "Concernant les imams, on nous voyait comme une sorte d’école religieuse, ce qui n’était pourtant pas dans nos intentions. Nous avons davantage axé notre formation continue sur la fonction des imams pour l’intégration ou en tant qu’interlocuteur des autorités."
Deuxième phase
"Il y a eu une deuxième phase de contestation, quand un conseiller national a lancé un postulat pour couper les subsides fédéraux", se rappelle Hansjörg Schmid. Une évaluation a été commandée. "Parue en août 2023, elle juge les critiques infondées et estime que le travail fourni par le CSIS est très utile pour la société."
Le centre estime avoir conservé un regard critique. "Nous avons par exemple mis en place des formations sur la radicalisation ou publié une étude sur l’antisémitisme en contexte musulman", explique Amir Dziri. "Notre rôle n’est pas d’être des avocats de l’islam", constate encore son collègue professeur Hansjörg Schmid.
A sa création, le CSIS était une toute petite structure. Il propose aujourd’hui 13 postes en équivalent plein temps (EPT), soit 4,5 inscrits au budget de l'université et 8,5 provenant de fonds tiers, comme le Fonds national suisse ou la Fondation Mercator, et mène une activité variée entre recherche, enseignement et formation continue.