Voyage Voyage – épisode 7: Damien Lehmann, heureux avec un caillou et un bout de bois
Le sport est synonyme de voyages, de trajets plus ou moins longs, plus ou moins fréquents. Pendant ces fêtes, découvrez les portraits de neuf Valaisan·ne·s qui nous parlent de cet aspect lié à leur pratique sportive aux quatre coins de la Suisse et du monde. Épisode 7: Damien Lehmann.

À 29 ans, Damien Lehmann est – et il le dit lui-même – un véritable porte-drapeau du football américain en Suisse romande. Si ce sport souffre toujours d’un certain manque de popularité et de médiatisation dans notre pays, il lui a permis de vivre plusieurs expériences à l’étranger dans le passé. Le futur du Montheysan devrait d’ailleurs à nouveau s’écrire hors des frontières nationales après un court intermède en Suisse.
Dans la vie du quotidien comme lorsqu’il planifie ses vacances, Damien Lehmann renonce à la prise de tête. Amoureux des pays nordiques, il nous explique sa vision du voyage, se plonge dans les souvenirs et reconnaît qu’une chose en particulier lui manque lorsqu’il quitte son Chablais natal.
Car oui, voilà un an, le Chablaisien avait fait le choix de rejoindre les Warriors de Bâle pour vivre la toute première expérience de sa carrière dans le championnat de Ligue Nationale A helvétique. «En tant que sportif, on sait qu’on a un compteur. Je suis bien conscient que je ne pourrais pas jouer jusqu’à 45 ans. J’avais donc à cœur de voir vraiment à quoi ressemblait l’élite en Suisse pour pouvoir en parler», explique-t-il. «Devoir évoquer le niveau du football américain dans notre pays sans avoir joué dans le principal championnat, c’est complexe. Aujourd’hui, je retiens énormément de positif de cette aventure qui aurait pu, il est vrai, être un peu plus longue.»
Deux petits matches et puis c’est tout
Damien Lehmann n’avait évidemment pas prévu que son expérience sur les bords du Rhin ne durerait que le temps de deux matches. Deux défaites face aux deux premiers du classement: les Bern Grizzlies et les Calanda Broncos. «Juste avant la mi-temps de la deuxième rencontre, j’ai ressenti une douleur au bras», se souvient-il. «Je me suis dit que ce n’était qu’un petit bobo, j’ai serré les dents et continué à jouer…sauf que lorsque j’ai vu le médecin, il m’a dit que ce n’était pas quelque chose d’anodin. Je m’étais déchiré le pectoral. Deux semaines plus tard, je passais sur la table d’opération.»
«On a hésité à me faire revenir pour les playoffs mais c’était trop tendu. On a préféré ne pas jouer avec le feu.» Damien Lehmann
C’est donc sans le Montheysan que les Gladiators ont poursuivi la saison, qu’ils ont bouclée au 3ème rang. «Ce n’est pas une si grosse blessure en soi mais le temps d’arrêt correspondait à la durée du championnat», relève-t-il. «Dans un premier temps, on a hésité à me faire revenir pour les playoffs mais c’était trop tendu. On a finalement préféré ne pas jouer avec le feu.»
Dans un autre monde en Allemagne
Avant de rejoindre Bâle, Damien Lehmann sortait d’une année passée aux Rozerbacks de Ravensbourg dans le championnat allemand, le plus relevé d’Europe. «Un tout autre monde», reconnaît-il. «La culture américaine est bien plus présente en Allemagne que chez nous et ça se ressent. Les moyens financiers y sont largement supérieurs. Là-bas, j’avais une vraie vie de pacha. Je ne touchais peut-être pas les millions du foot mais ma plus grande activité de la journée était de faire la sieste. À Bâle, même si j’avais quelques avantages, je bossais à côté. Mais ça ne m’a pas posé de problèmes. Je voulais tester ça.»
«Ma volonté est de jouer dans l’European Football League. Je ne veux pas parier sur mon CV mais prouver la valeur qui est encore la mienne.» Damien Lehmann
Reste que maintenant que c’est fait, le Chablaisien ne compte pas réitérer l’expérience de la LNA. En tout cas pas dans l’immédiat. «On ne va pas tourner autour du pot, ma volonté est de jouer dans l’European Football League (ndlr: un championnat regroupant plusieurs formations de tout le continent). J’ai déjà eu de très bons contacts avec quelques équipes mais je comprends qu’elles soient un peu frileuses me concernant au vu de mes récentes blessures», affirme celui qui se trouve en pleine période de mercato. «Pour l’instant, je me rapproche d’un club en France qui me permettrait de commencer la saison très tôt et de montrer ce que je sais faire dans le but d’obtenir un contrat avec une grosse équipe. Aujourd’hui, je ne veux pas parier sur mon CV mais prouver la valeur qui est encore la mienne. Je travaille très dur et j’ai hâte de retourner sur le terrain et de fermer des bouches.»
Début de la transition
S’il a encore faim de jouer, Damien Lehmann sait qu’il lui faut déjà penser à l’avenir. Toujours aussi amoureux de son sport sans lequel il affirme qu’il ne pourrait pas vivre, le Chablaisien a décidé de faire un premier pas vers une prochaine transition. En parallèle à son futur défi sur le terrain, il va débuter un parcours d’entraîneur. «C’est une belle opportunité qui m’a été offerte par les Neuchâtel Knights. Ils m’ont proposé de coacher leur équipe et ça tombe bien. Comme les championnats européens débutent plus tard, je vais pouvoir tout enchaîner. Je n’aurai pas de vie privée, pas de temps pour moi mais une année pleine de football américain.»
«Je peux être un peu rustre parfois donc il faut que je mette de l’eau dans mon vin. Mon but est de ne dégoûter personne de ce sport.» Damien Lehmann
Ravi de la chance et de la confiance qui lui est accordée, le Montheysan reconnaît qu’il s’apprête à entreprendre un vrai saut dans l’inconnu. «Il y a une part d’appréhension car je sais les exigences que je me fixe à moi-même mais je sais aussi que je vais entraîner dans une ligue qui est plus basse que ce que je connais depuis plusieurs années», explique-t-il. «Les gars sont avant tout là pour le plaisir, ils ne gagnent pas leur vie grâce à ça. On ne peut pas demander les mêmes choses à un joueur semi-pro et à un amateur. Je peux être un peu rustre parfois, avoir trop d’attentes donc il faut que je mette de l’eau dans mon vin. Mon but est de ne dégoûter personne de ce sport.»