Sur le Léman, le ton monte entre wakesurfeurs et pêcheurs
Les pêcheurs amateurs du lac Léman se confrontent au succès croissant d'un sport en vogue et qui fait des vagues, le wakesurf… La cohabitation est difficile.
C'est un phénomène qui provoque des remous sur le lac Léman. En Valais, le succès de wakesurf fait réagir. Le wakesurf, ce sport à la mode qui consiste à se positionner sur une planche et "glisser" sur une vague produite par un puissant bateau. Les vagues justement, c'est là le noeud du problème.
"Vagues énormes"
Daniel Berguerand et le vice-juge de Saint-Gingolph et pêcheur à la traîne sur Léman : "Depuis deux ans maintenant, on s'aperçoit que le lac est occupé par ce genre de bateaux qui pratique du wakesurf. Ils ont le droit bien sûr, mais la pratique de ce sport provoque des vagues énormes ! Il y en a de plus en plus entre le Bouveret et Saint-Gingolph, notre lieu de pêche (…) Pour nous, petits pêcheurs amateurs, là depuis plus de 50 ans en ce qui me concerne, l'arrivée de cette nouvelle vague de sportifs nous crée vraiment des problèmes".
"Ils nous mettent en danger" Daniel Berguerand, pêcheur amateur
Daniel Berguerand est clair, "C'est la règle, il faut respecter une distance de cent mètres avec les bateaux de pêche à la traine. La loi doit être respectée par tous les navigateurs, voyant notre pavillon blanc". Daniel Berguerand qui ne mâche pas ses mots. "Eux, ils sont à trois ou quatre sur la bateau, la musique à plein tube, c'est la jeunesse, on comprend c'est normal. Mais pour nous, c'est de plus en plus difficile. Dans une matinée de pêche, ils nous croisent 20 fois. Nous, les pêcheurs à la traîne, nous sommes des gens âgés de 60 à 80 ans, l'équilibre est plus précaire qu'à 20 ans, notre bateau va "bord sur bord". Oui je vous le confirme, ils nous mettent en danger".
"Le lac est à tout le monde"
"Non ,je vous le dis clairement, ce n'est absolument pas dangereux" La réponse est sans ambiguïté. Elle est de Raphaël Sarbach, fondateur de Wake-Valais, société basée sur la commune de St-Gingolph. Sur Rhône FM, ce natif de Verbier répond aux critiques : "Le lac est à tout le monde, nous veillons au respect des 100 mètres de sécurité autour des bateaux de pêche", Raphaël Sarbach qui concède que " oui, ça peut arriver, que parfois les vagues ne s'occupent pas de ces fameux 100 mètres. Donc forcément, ça peut atteindre les pêcheurs malheureusement". Comment faire ? "La solution est simple. Il faut se respecter", reprend Raphaël Sarbach. "Ça se passe bien dans le lac d'Annecy, c'est un tout petit lac avec 16 écoles de wake. A Genève aussi, beaucoup d'écoles pour une petite partie du lac. Je ne vois pas pourquoi en Valais on n'arriverait pas".
"Ils ne nous aiment pas, c'est pas nouveau" Raphaël Sarbach, Wake-Valais
Daniel Berguerand a lui aussi sa propre idée pour régler le problème : "Jusqu'à 1km et demi du bord du lac, ils ne devraient pas être là, car c'est notre lieu de pêche, on n'a que celui-là. Pour faire leur sport, qu'ils aillent au milieu du lac ! Pour eux, ça n'a aucune importance ! A moins que leur égo les pousse à vouloir être absolument visibles par les touristes depuis la berge". Une demande officielle, au niveau cantonal (au Service de la pêche et Service de la navigation), pourrait être envisagée. Objectif : créer un couloir pour ce genre de bateaux, pour leur permettre d'aller au large. De son côté, Raphaël Sarbach sourit : "Ce n'est vraiment pas une solution. La loi est claire, à partir de 300 mètres du bord, on peut faire du wakesurf. On fait attention de ne pas passer trop près, mais on ne va pas aller au milieu du lac pour faire du wakesurf !". Raphaël Sarbach qui conclut : "Ils ne nous aiment pas, ce n'est pas nouveau. Je le répète, le lac est assez grand. Nous pouvons tous faire nos activités, sans se faire la guerre". Ci-dessous, découvrez nos interviews et notre sujet.