Quentin Maceiras: «Young Boys, c’est vraiment le haut niveau»
Le FC Sion se déplace ce dimanche du côté du Wankdorf pour y affronter le leader Young Boys. Une rencontre forcément spéciale pour Quentin Maceiras. Après avoir défendu à près de 100 reprises les couleurs sédunoises, le défenseur de 25 ans porte depuis l’été dernier le maillot bernois. Interview.
Quentin Maceiras, Young Boys qui accueille Sion, c’est forcément une affiche particulière pour vous…
Bien sûr. Cela va me faire plaisir de retrouver mes anciens coéquipiers, dont certains très bons amis. J’aurai plaisir à échanger avec eux avant et après la rencontre mais entre deux, ce sera chacun pour soi.
Vous avez rejoint Berne l’été dernier. La vie dans la capitale, ça se passe bien?
Très bien même. Je m’adapte petit à petit à la langue, à mes nouveaux coéquipiers et tout se passe pour le mieux. Ce d’autant que l’on est au sommet du classement donc ça aide.
«La pression est plus forte ici car on sait que l’on n’a pas d’autre choix que de gagner chaque week-end.»Quentin Maceiras
Justement, en changeant de club, vous avez aussi changé de statut. La pression, elle est plus grande en jouant le titre à YB ou en luttant contre la relégation à Sion?
Disons qu’elle est différente. Après, c’est clair que jouer le haut du classement est toujours plaisant, il y a plus de victoires et l’ambiance s’en ressent forcément. Peut-être que la pression est plus forte ici car on sait que l’on n’a pas d’autre choix que de gagner chaque week-end. On joue sur plusieurs tableaux avec encore la Coupe et la Coupe d’Europe donc forcément, les attentes sont bien supérieures.
La concurrence l’est aussi. On avait l’habitude de vous voir chaque semaine sur le terrain en Valais, ce n’est pas le cas à Berne…
C’est vrai que c’est plus compliqué de se faire sa place dans le onze ici. Mais je m’y attendais, je le savais au moment même de signer mon contrat. Le club n’est pas champion de Suisse pour rien, chaque poste est doublé et la concurrence est forcément plus rude. Après, on joue également plus de matches donc chacun a sa chance. Et quoiqu’il arrive, c’est une très bonne expérience pour moi, cela me pousse à progresser chaque jour.
Au moment de votre transfert, vous disiez vouloir sortir de votre zone de confort. On peut dire que vous êtes servi?
Oui bien sûr. C’est la première fois que je quitte mon Valais natal donc ça fait du bien de voir autre chose, une autre région, un autre club, une autre culture. Cela ne peut que m’être bénéfique pour la suite.
«On fait parfois des oppositions internes qui sont plus disputées que certains matches de championnat.»Quentin Maceiras
En tant que défenseur, se frotter chaque jour à l’entraînement à quelques-uns des meilleurs attaquants du pays l’est tout autant, non?
C’est clair. Le niveau est très élevé même à l’entraînement. On fait parfois des oppositions internes qui sont plus disputées que certains matches de championnat. Cela te pousse à progresser, à travailler chaque jour comme un fou, c’est vraiment le haut niveau.
À Sion, vous aviez connu passablement d’entraîneurs. À Berne, vous avez découvert Gerardo Seoane, le meilleur technicien du pays. Il a vraiment quelque chose de plus que tous les autres?
Bon, l’environnement n’est pas le même non plus. Mais c’est un entraîneur assez jeune, ambitieux et très rigoureux. Il insiste beaucoup sur le mental, sur les duels, sur l’aspect physique également. Avec lui, on joue «un football à l’allemande» et je suis persuadé qu’il va faire une belle carrière.
Le «football à l’allemande», c’est vraiment comme ça que l’on peut définir la «méthode Seoane»?
Oui car il prône un jeu très agressif, avec beaucoup de transitions. Il veut que cela aille très vite vers l’avant. Le but n’est pas de faire le plus grand nombre de passes possible avant de se montrer dangereux. En plus, on a des joueurs très rapides sur les ailes et devant, on a un tueur comme Nsamé qui met tous ses goals.
Mais qui sera suspendu dimanche contre Sion…
Ce n’est pas un problème. Comme je l’ai dit, notre contingent est très complet. On a Siebatcheu qui est là pour le remplacer. Il est arrivé l’été dernier et il a déjà marqué quelques buts donc il peut très bien prendre la relève.
«Gagner le championnat est notre objectif. Tout comme soulever la Coupe en est un et éliminer Leverkusen en Europa League en est un autre.»Quentin Maceiras
À l’approche de la moitié du championnat, vous avez déjà une avance considérable en tête du classement. Franchement, on ne voit pas qui pourrait vous empêcher de remporter un nouveau titre ce printemps…
Bah écoutez, c’est l’objectif. Après, il ne faut pas s’enflammer car tout peut aller très vite. On va jouer chaque trois jours donc il suffit de quelques défaites pour que les cartes soient redistribuées. Mais évidemment que gagner le championnat est notre objectif. Tout comme soulever la Coupe en est un et éliminer Leverkusen en Europa League en est un autre.
En parlant de ça, vous êtes la dernière équipe suisse engagée sur la scène européenne. Face aux Allemands, vous ferez quand même figure d’outsiders, on peut le dire?
Complètement! Je pense que peu de gens croient en nous et c’est tant mieux. On n’aura rien à perdre et tout à gagner et on va tout faire pour représenter au mieux le football suisse.
Avant cela, vous accueillez donc le FC Sion dimanche. Et comme avant chaque déplacement valaisan au Wankdorf, cette statistique qui revient inlassablement: le club sédunois ne s’est plus imposé en championnat dans la capitale depuis août 1996. Une statistique avec laquelle, on l’imagine, il est plus facile de vivre en endossant le maillot bernois...
C’est clair. Cette statistique est cette fois de mon côté et je vais tout faire pour que cela perdure.
À quel match vous attendez-vous face à votre ancien club?
À un match compliqué. J’ai vu toutes leurs dernières sorties, ils sont bien en place défensivement et ils sont dangereux sur les balles arrêtées. Que ce soit les corners ou les coups-francs, Grgic les tire très bien donc il ne faudra pas leur laisser trop de coups de pied arrêtés.
«Si je peux donner deux, trois tuyaux à mes coéquipiers sur certaines de leurs faiblesses, je ne m’en priverai pas.»Quentin Maceiras
En tant qu’ancien sédunois, vous avez un rôle particulier à jouer au sein du vestiaire à l’approche de cette partie?
Vous savez, la force de Young Boys c’est que l’on se concentre sur nous-mêmes. Avant de regarder ce que fait l’adversaire, on met la priorité sur notre propre jeu. Après, on va évidemment les analyser à la vidéo et si je peux donner deux, trois tuyaux à mes coéquipiers sur certaines de leurs faiblesses, je ne m’en priverai pas.
Au vu du classement, vous serez logiquement les favoris de cette partie. Ce d’autant que, contrairement au FC Sion, vous n’aurez pas de match dans les jambes puisque votre rencontre face à Lausanne a été renvoyée mercredi…
Bon, on a quand même fait une opposition interne de nonante minutes donc on aura aussi quelque chose dans les jambes. Mais c’est vrai que la fraîcheur sera peut-être plus de notre côté donc il faudra être capable des les attaquer d’entrée pour les faire douter.
Lors du premier duel entre les deux clubs cette saison (ndlr: 0-0 le 26 septembre à Tourbillon), vous étiez resté sur le banc. Cette fois, on imagine bien que vous comptez être de la partie pour jouer un tour à votre ancienne équipe…
Oui, tous les matches en tant que professionnel on a envie de les jouer. Là, en plus, c’est contre Sion donc c’est encore particulier pour moi. Mais voilà, je ne sais pas si je serai sur le terrain dimanche. On verra le choix du coach et quoiqu’il arrive, je le respecterai.
«À Sion, c’est souvent la même chose. Il y a énormément de potentiel et cela ne se traduit pas forcément sur le terrain.»Quentin Maceiras
Depuis Berne, quel regard est-ce que vous tirez sur le début de saison du FC Sion?
Disons que c’est souvent la même chose. Il y a énormément de potentiel et cela ne se traduit pas forcément sur le terrain. Sur les derniers matches, le coach semble toutefois avoir trouvé un système qui donne un équilibre à l’équipe. Comme je l’ai dit, ils sont en place défensivement, ils sont dangereux sur balles arrêtées, il ne manque à mon avis qu’un petit peu de folie sur le plan offensif.
Vous avez forcément toujours contact avec certains de vos anciens coéquipiers. Vous avez échangé avec durant la semaine?
Bien sûr. C’est notamment le cas avec Fickentscher que j’ai toutes les semaines au téléphone, on se taquine un peu avant cette rencontre. Mais encore une fois, j’aurais beaucoup de plaisir à revoir mes anciens coéquipiers car, malgré tout, j’ai vécu de belles années avec ce club.
Très proche de Kevin Fickentscher, Quentin Maceiras a forcément suivi de très près le remplacement du Vaudois par Timothy Fayulu entre les poteaux sédunois à la fin de l’automne. «Je suis là pour le soutenir. Honnêtement, je ne comprends pas forcément ce choix. Si le FC Sion est encore en Super League, c’est en grande partie grâce à lui et aux nombreux miracles qu’il a réalisé ces dernières années.» S’il insiste sur les très bonnes performances réalisées par son «pote» dans le passé, le numéro 24 bernois relève également la qualité de celui qui l’a relayé dans les buts: «Tim est un jeune gardien qui pousse, il a fait de très bons matches et c’est la loi de la concurrence, on le sait. Le FC Sion a simplement la chance d’avoir deux portiers qui pourraient être titulaires ailleurs en Super League.»