Pour vivre leur rêve olympique, Lucas Malcotti et Alexis Bayard misent sur l'équipe avant tout
Un mois après avoir mené la Société d'escrime de Sion au titre européen, Alexis Bayard et Lucas Malcotti ont rendez-vous à Berne pour des épreuves de Coupe du Monde ce week-end. Dans l'optique d'une qualification olympique, les deux Valaisans affirment l'importance du collectif.
Ensemble, ils ont écrit une page d'histoire le mois dernier. Du côté de Cagliari et de la Sardaigne, Lucas Malcotti et Alexis Bayard ont permis à la Société d'escrime de Sion de remporter la Coupe d'Europe des clubs champions. Une performance qu'aucune autre formation helvétique n'avait réussi en 62 ans d'existence de la compétition.
Un titre inattendu
"On ne s'y attendait absolument pas", affirment les deux épéistes sédunois qui étaient associés sur place à Clément Métrailler et Nicolas Albrecht. "Nous nous sommes rendus là-bas sans stress, avec comme premier objectif de passer du bon temps en équipe. Dès que la compétition a débuté, tout s'est enchaîné très rapidement. Notre collectif a fait la différence. Lorsque l'un d'entre nous était moins bien sur un match, on savait que les autres allaient rattraper le coup par la suite. L'alchimie qui régnait entre nous nous a permis de performer durant toute la journée."
Pour aller chercher ce titre, le quatuor sédunois a dû croiser l'épée avec quelques-uns des meilleurs escrimeurs de la planète. Parmi eux, l'Italien Davide Di Veroli, numéro 1 mondial et le Français Romain Cannone, champion olympique. "Avoir écrit l'histoire avec le club qui m'a vu grandir et m'a permis d'en arriver là où j'en suis aujourd'hui représente beaucoup", sourit Alexis Bayard. "Gagner une telle compétition, même si aucun point n'est à la clé, donne énormément de confiance. Cela prouve de quoi l'on est capable et donne envie de le reproduire lors d'autres événements."
Fini les problèmes pour Malcotti
Ce "boost" de confiance fait d'autant plus de bien à Lucas Malcotti. S'il avait déjà inscrit son nom au palmarès d'un tournoi en individuel disputé à Genève peu avant de se rendre en Italie, le Saviésan sortait de plusieurs mois compliqués. "J'ai vécu une saison dernière très difficile", reconnaît-il après avoir été passablement gêné par des problèmes physiques. "Retrouver mes repères est passé par le fait de changer de préparateur physique. Je sens que je suis aujourd'hui sur la bonne voie. Je suis passé au-dessus de cette phase délicate de ma carrière."
Alexis Bayard, de son côté, a ajouté ce titre collectif à une année déjà très faste. Désormais numéro 1 au niveau suisse, le Sédunois pointe au 15ème rang mondial. Un statut en vue auquel il dit devoir toujours s'habituer et qui lui réserve, parfois, un traitement particulier de la part de ses adversaires.
Ce week-end, Lucas Malcotti et Alexis Bayard seront en lice à la maison ou presque. Le circuit de Coupe du Monde fait halte à Berne de vendredi à dimanche. "C'est le rendez-vous à ne pas manquer", s'exclame le premier cité. "Débuter la saison de Coupe du Monde en Suisse est toujours une bonne chose avant d'enchaîner plusieurs longs déplacements, notamment à Vancouver où se tiendra la prochaine étape", enchaîne le second. "Ressentir le soutien du public derrière nous sera primordial. Comme nous avons reculé au classement mondial par équipes, nous savons que nous n'avons plus de questions à nous poser. Nous devons obtenir de grands résultats si nous voulons encore décrocher notre ticket olympique."
C'est l'une des spécificités de l'escrime. Avant d'espérer concourir en individuel sur la scène olympique, les épéistes doivent d'abord qualifier leur pays. "Nous avons huit compétitions réparties sur une saison entière à disputer. Les huit premières nations du classement mondial (ndlr: la Suisse est actuellement 11ème) obtiennent en général leur ticket. Trois sésames leur sont ensuite distribués pour l'individuel", explique Lucas Malcotti. Dans cette perspective, le Saviésan ne cache pas sa priorité pour le week-end à venir dans la capitale fédérale. "Le plus important, c'est l'équipe! Même si je vais tout donner pour obtenir un bon résultat en individuel, les journées de vendredi et de samedi serviront à se mettre dans le bain pour être au top dimanche, lorsque ça comptera le plus."
Plus aucune hiérarchie au sein de l'équipe
Alexis Bayard va dans le même sens que son coéquipier, même s'il assure qu'il ne compte pas s'économiser lors de la compétition en individuel dont il sera épargné de la première journée grâce à sa place dans le top 16 mondial. Meilleur épéiste du pays, le Sédunois estime qu'aucune hiérarchie n'existe au sein du quatuor helvétique que les deux hommes forment avec un autre Valaisan, le jeune Hadrien Favre et l'expérimenté lucernois Max Heinzer. "Elle existait lorsque ce dernier était à son meilleur niveau. Il nous a énormément transmis son expérience. Désormais, les choses se sont stabilisées. De toute manière, une fois sur la piste, le classement importe peu. Tout ce qui compte, c'est d'en vouloir plus que son adversaire." S'il n'avait pas caché sa déception d'avoir été cantonné à un rôle de remplaçant lors des Jeux Olympiques de Tokyo il y a deux ans, Lucas Malcotti abonde. "Il faut savoir mettre son égo de côté pour donner un équilibre à l'équipe. C'est elle qui va chercher les victoires et qui doit nous emmener à Paris l'an prochain."
Des échanges apaisés avec la fédération
L'année 2023 a été mouvementée dans le paysage de l'escrime suisse. Il y a quelques mois, une véritable levée de bouclier a eu lieu dans les rangs des épéistes. En cause: une décision de Swiss Fencing, la fédération nationale, de diminuer les subventions octroyées aux athlètes. Ces derniers devaient ainsi assumer, eux-mêmes, une grande partie des frais liés à leurs voyages à l'étranger. "La situation s'est un peu calmée", explique Alexis Bayard qui n'avait pas hésité à jouer le rôle de porte-parole des escrimeurs. "Nous avons eu des discussions franches avec les dirigeants et désormais, chacun se concentre sur son job. À l'heure actuelle, tout ce qui compte est d'obtenir notre qualification pour les Jeux. Ne perdons pas notre énergie ailleurs."