Portrait du mois: Kenny Lambiel, un Bédjuis à la Coupe du Monde de footgolf

Kenny Lambiel s’apprête à devenir le premier Bédjuis à taper dans un ballon rond en Coupe du Monde. Il le fera entre le 27 mai et le 6 juin du côté d’Orlando aux États-Unis. Précisons-le d’emblée puisque ça a quand même son importance: il ne sera pas à l’œuvre sur un rectangle vert mais bien sur un green. Aux côtés de son compère Frederico Vilela, il sera l’un des deux Valaisans à représenter la Suisse au prochain Mondial de footgolf.

«J’ai découvert ce sport grâce à mon beau-frère lors d’une fête de famille.» Kenny Lambiel

«J’ai découvert ce sport grâce à mon beau-frère qui préside le club Valais Footgolf», explique-t-il. «C’était lors d’une fête de famille. Nous étions beaucoup de footeux et j’ai très vite croché. Ce sport me permet de vivre ma passion du ballon rond dans une ambiance différente.» Kenny Lambiel le précise d’emblée: un bon footballeur ne fait pas forcément un bon joueur de footgolf. «Les parcours sont très sinueux. Il y a des bosses, des obstacles, des arbres,… Avoir une bonne frappe ne suffit pas. Il faut aussi savoir jouer avec le terrain.» Force et technique sont donc les deux qualités principales requises pour la pratique de cette discipline. «Les trous se trouvent parfois à 280 mètres, il faut donc de la puissance pour les longs drives. Mais il faut aussi faire preuve d’une grande précision pour terminer les coups.»

Le foot comme préparation physique

S’il a très vite été conquis par le footgolf, Kenny Lambiel n’a pas totalement tourné le dos au monde du ballon rond «traditionnel». Il évolue encore en 5ème ligue dans les rangs du FC Isérables. «Cela me permet d’avoir une bonne préparation physique pour le footgolf. Un tour de dix-huit trous peut durer jusqu’à 4 heures. C’est très exigeant, notamment pour les adducteurs et les cuisses.» Le Valaisan le reconnaît, sa nouvelle passion a été accueillie avec un certain scepticisme par ses coéquipiers du club bédjuis. «Au départ, il trouvait ça bizarre. Mais une fois qu’ils sont venus essayer ce sport à Nax, ils ont apprécié. Ils se sont rendus compte que c’était quelque chose de plus calme que le foot.»

«On aimerait pouvoir agrandir le club en accueillant notamment des femmes et des juniors.» Kenny Lambiel

Fondé en 2018, le club valaisan de footgolf compte à ce jour neuf membres. «Les années de covid ne nous ont pas franchement aidés à recruter. Aujourd’hui, on aimerait vraiment pouvoir agrandir ce club en accueillant des séniors, des femmes et des juniors.» Les deux dernières catégories seraient les plus importantes à en croire le Valaisan de 30 ans. «Ce sont celles qui comptent le moins d’adeptes donc ce sont celles qui permettent à un club de se démarquer et d’obtenir un maximum de points au classement national.»

Huit clubs en Suisse

Concrètement, huit clubs existent à l’heure actuelle à l’échelle du pays dont la majeure partie en Suisse romande. «Les compétitions se tiennent sur un ou deux jours durant les week-ends», explique Kenny Lambiel. «Lors de chaque tournoi, il y a un classement en individuel, un classement en double et les points accumulés par tous les membres permettent de faire un classement par club. À l’heure actuelle, le nôtre doit se situer à la 5ème place. La raison est simple: comme on est relativement peu de membres, on a moins l’occasion de marquer des points que les autres.»

«Je serais certainement allé aux États-Unis une fois dans ma vie. Mais y aller pour disputer une Coupe du Monde, je n’y aurais jamais rêvé.» Kenny Lambiel

Les points inscrits par Kenny Lambiel, actuel 708ème joueur mondial, lui ont toutefois suffi pour faire partie des seize sélectionnés pour représenter la Suisse lors de la prochaine Coupe du Monde. Il s’agira alors de la 4ème édition du tournoi planétaire. «C’est une grande fierté et un honneur de pouvoir être de la partie. Je me réjouis vraiment d’y être», s’exclame celui qui ne pensait pas pouvoir vivre quelque chose de telle. «Honnêtement, je serais certainement allé aux États-Unis une fois dans ma vie. Mais y aller pour disputer une Coupe du Monde, je n’y aurais jamais rêvé sans le footgolf!»

Un saut dans l’inconnu

En se rendant en Floride pour y représenter la Suisse, Kenny Lambiel compte bien également porter haut le drapeau valaisan. Couplée à celle de Frederico Vilela, il espère que sa participation à cet événement d’envergure permettra de développer la pratique de la discipline dans notre canton. «Voir que des gars comme nous ont l’occasion de vivre une compétition mondiale, ça peut susciter de la motivation chez certains», affirme-t-il, reconnaissant qu’il s’apprête à effectuer un saut dans l’inconnu. «Je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre là-bas, si ce n'est à une compétition bien plus médiatisée que ce à quoi on a l’habitude. Une Coupe du Monde, même en footgolf, c’est quelque chose d’énorme. L’organisation est très importante.»

En parlant d’organisation justement, celle du voyage de Kenny Lambiel et des autres membres de l’équipe nationale va bon train. «On a trouvé l’avion et booké l’hôtel», rigole-t-il. «Notre programme sur place est lui aussi plus ou moins défini. Désormais, il ne reste plus qu’à nous réunir plusieurs fois pour des entraînements afin de parler stratégie et tactique pour cette Coupe du Monde.» La question du financement de ce voyage doit aussi encore être réglée. «Swiss Footgolf se charge des différentes démarches pratiques et nous soumet ensuite un budget. La difficulté réside dans la recherche de sponsors pour un sport pas très développé comme le nôtre.» Pour couvrir les 3'500 francs par personne nécessaires à cette participation au Mondial, une collecte de fonds a été lancée. «Quelques montants ont déjà été récoltés et on espère que ça se décante encore d’ici au départ. On fait vraiment appel à toute générosité.»

Des Suisses ambitieux

Si les nations fortes du football se retrouvent également parmi les cadors du footgolf – «On peut citer la France, l’Argentine, l’Espagne, le Portugal ou l’Angleterre» - Kenny Lambiel assure que la Suisse se déplacera aussi avec de l’ambition dans ses bagages. «Au niveau collectif, ce sera compliqué car on sera relativement peu au départ par rapport à d’autres pays. Sur le plan individuel en revanche, certains rêvent de devenir champions du Monde et font le nécessaire pour y parvenir.» S’il ne se définit pas comme faisant partie de cette catégorie-là, le Valaisan ne ferme pas la porte à un rêve. «Tout peut arriver. Je peux vivre deux semaines où je rentre tout du premier coup comme deux semaines catastrophiques. Mon objectif, c’est simplement d’être dans la première moitié du classement.»

«On aura deux jours pour digérer le décalage horaire et découvrir le parcours.» Kenny Lambiel

Kenny Lambiel et les autres Helvètes s’envoleront pour la Floride le 25 mai prochain, soit deux jours avant le début de la compétition. «Cela nous laissera juste le temps de digérer le décalage horaire et de découvrir le parcours.» Pour vivre cet événement, le Valaisan a pu compter sur la compréhension de son employeur. «Je suis chef de mon secteur, c’est plus facile de poser les vacances quand je le veux», rigole ce responsable de production dans le domaine de la construction. «J’ai quand même dû les faire valider à mon big boss mais ça n’a posé aucun problème!» Désormais il ne lui reste plus qu’à faire preuve d’une certaine patience avant de vivre son rêve américain.

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