Max Schliesing: «La pression manque pour progresser en Suisse»

Cela faisait depuis 2012 et Francisco Valera qu’aucun Valaisan n’avait pris part à l’European Masters de Crans-Montana. C’est désormais chose faite grâce à Max Schliesing, l’un des amateurs invités sur le Haut-Plateau. «C’est quelque chose d’incroyable pour moi», témoigne le Zermattois de 21 ans. «Pour moi, pour mon club, pour mon coach, c’est un immense honneur. Je n’aurais pas pu rêver de meilleur endroit pour faire mes débuts sur l’European Tour. Si je poursuis ma progression, je suis convaincu de pouvoir revenir ici à l’avenir.»

«Ces deux jours m’ont fait grandir. Je sais maintenant où je dois progresser pour me rapprocher des meilleurs»Max Schliesing

Bien qu’avec 152 coups en deux jours (+12), il n’a pas passé le cut pour poursuivre la compétition ce week-end, le Haut-Valaisan ne veut garder que le positif de cette expérience sur le Haut-Plateau. «À chaud, après avoir terminé le parcours, je suis obligé de vous dire que je ressens de la déception car ce n’était pas ma semaine, je n’ai pas bien joué. Mais je pense que ces deux jours m’ont fait grandir et progresser. J’ai pu côtoyer quelques-uns des meilleurs joueurs du monde et je sais maintenant où je dois progresser pour me rapprocher de leur niveau.»

Beaucoup de monde derrière lui

Au rayon des principales différences observées par rapport aux tournois qu’il avait l’habitude de disputer jusque-là: la présence d’un public nombreux tout au long du parcours. «Sur mon premier trou, j’avais les jambes qui tremblaient, c’était impressionnant», sourit-il. «Plusieurs personnes que je n’avais plus croisé depuis des années étaient là pour moi, c’est incroyable! J’avais vraiment l’impression que tous les Valaisans étaient à mes côtés. C’était cool mais ça m’a aussi mis une grosse pression.»

«Pour être performant, et je m’en suis bien rendu compte ces derniers jours, les qualités sportives ne suffisent pas. Il faut être fort dans la tête.»Max Schliesing

À 21 ans, Max Schliesing fréquente les parcours de golf depuis une bonne dizaine d’années déjà. «J’ai essayé d’autres sports comme le foot mais ce n’était pas fait pour moi», explique-t-il. «Ce qui me plait dans le golf, c’est que tu es seul. Personnellement, je m’entraîne mieux dans ces conditions. C’est un sport qui est difficile. Il y a des jours où tu es très bon et d’autres où tu es à côté de la plaque. Pour être performant, et je m’en suis bien rendu compte ces derniers jours, les qualités sportives ne suffisent pas. Il faut être fort dans la tête et ça, c’est quelque chose que tu ne peux pas entraîner. Le mental joue une grande partie dans les succès de tel ou tel joueur.»

De Zermatt au Texas

Si les résultats n’ont pas été à la hauteur de ses attentes à Crans-Montana, le Zermattois a déjà prouvé par le passé être doté de cette force mentale à laquelle il accorde tant d’importance. Il lui en a notamment fallu il y a deux ans, lorsqu’il décidait de quitter le Valais pour s’établir du côté de Houston, aux Etats-Unis. «C’est un pays que j’adore, où mes grands-parents vivaient déjà et où je suis allé à de nombreuses reprises dans le passé. J’ai décidé d’y aller car là-bas, le golf est un tout autre sport. À l’université où je suis, je côtoie au quotidien des joueurs de mon niveau. On s’entraîne comme des pros ce qui est difficile à retrouver ici, en Suisse.»

«À Houston, j’ai des coachs qui me «bougent». Les compétitions ont lieu toute la semaine, pas seulement le week-end comme c’est le cas ici.»Max Schliesing

Justement, qu’est-ce qui fait défaut à notre pays par rapport aux meilleures nations du circuit? «Le système», répond Max Schliesing. «Le soutien n’est clairement pas aussi important ici qu’aux USA. Cela peut convenir à certains mais pour moi, ça n’allait pas. À Houston, j’ai des coachs qui me «bougent», la pression est permanente. Les compétitions ont lieu toute la semaine, pas seulement le week-end comme c’est le cas ici. C’est vraiment ça le problème. Pour moi, sans pression, tu ne progresses pas.»

Un quotidien chargé

De l’autre côté de l’Atlantique, le quotidien du Haut-Valaisan est donc passablement chargé. «Je me réveille à 6h00. Je vais au fitness de 6h30 à 7h30 avant d’enchaîner avec les cours (ndlr: il étudie la finance) jusqu’en milieu de journée. Et l’après-midi est consacrée au golf avec deux heures d’entraînement puis des qualifications pour les différents tournois. On est libre qu’à partir de 19h30, pas avant.»

«L’objectif est de passer pro mais ce ne sera pas avant deux, trois ans.»Max Schliesing

Un rythme de vie soutenu qui doit permettre à Max Schliesing d’atteindre, dans un avenir plus ou moins proche, le statut de professionnel. «Ce ne sera pas avant deux, trois ans. Je dois d’abord terminer mes études mais l’objectif est effectivement de passer pro. Pour y parvenir, comme je l’ai déjà dit, il faudra que je continue sur ma lancée actuelle et que je poursuive ma progression.»

Avant de regagner sa patrie d’accueil mardi prochain, le Zermattois profitera du week-end pour passer du temps avec sa famille et ses amis. Mais surtout, il sera un spectateur attentif des deux derniers jours de compétition. «Je veux regarder jouer des gars comme Martin Klaymer ou Henrik Stenson. J’ai beaucoup à apprendre d’eux pour essayer de m’en rapprocher à l’avenir. Et peut-être que je pourrai déjà le faire l’année prochaine, ici-même…»

Le rendez-vous est pris pour 2022. D’ici là, la 74ème édition de l’European Masters se poursuit samedi et dimanche du côté de Crans-Montana.