La nouvelle vie de Kevin Fickentscher au FC Sion
Visage emblématique du FC Sion depuis de longues années, Kevin Fickentscher a entamé sa reconversion cet été, au sortir d’un dernier exercice bouclé par le traumatisme de la relégation. Désormais gardien de l’effectif M21 et entraîneur des jeunes portiers sédunois, il se confie sur sa nouvelle vie.

6 juin dernier au Stade de la Pontaise. Il est 22h19 lorsque l’arbitre Urs Schnyder renvoie tout le monde aux vestiaires. Trois jours après un premier revers 2-0 à Tourbillon, le FC Sion s’incline 4-2 face au Stade Lausanne Ouchy lors du match retour du barrage. Après dix-sept ans d’appartenance à l’élite, le club valaisan est relégué en Challenge League. Sur la pelouse comme en tribunes, les mines sédunoises sont basses. Parmi les visages les plus affectés: celui de Kevin Fickentscher, en pleurs. Le Vaudois l’a certainement déjà compris à ce moment-là. Il vient de porter pour la 169ème et dernière fois le maillot «rouge et blanc» et s’apprête à tourner la page du football professionnel.
Quitter le Valais n’était pas une option
Quatre mois plus tard, le désormais ex-numéro 18 valaisan est en plein apprentissage de sa nouvelle vie. Il a accepté la proposition de reconversion proposée par les dirigeants du FC Sion et assume désormais un double rôle. Il apporte à la fois son expérience à l’effectif M21 dont il garde les cages et ses conseils aux portiers M15 qu’il entraîne. «Je n’ai pas cherché à partir ailleurs à la fin de mon contrat en juin dernier», assure le résident de Saint-Pierre-de-Clages. «Toute ma vie est ici. Mes enfants vont à l’école, mon épouse travaille, je ne souhaitais pas tout chambouler en déménageant. De toute manière, je n’avais pas la force de trouver un nouveau challenge. La déception était immense en fin de saison. Son dénouement a été très dur à accepter.»
S’il est aujourd’hui décidé à regarder vers l’avant, Kevin Fickentscher reconnaît que la plaie de la relégation est toujours bien ouverte dans son esprit. «Elle ne se refermera probablement jamais. Cela restera le moment le plus triste, le plus néfaste de ma carrière. Trouver une explication à ce qui nous est arrivé est très compliqué. La seule chose qui est claire c’est que sur le terrain, nous n’avons pas mérité de rester en Super League. Si certains estiment que nous n’étions pas une vraie équipe, c’est qu’il doit y avoir une part de vrai là-dedans. Je ne suis pas certain que tous les joueurs qui nous ont rejoint se soient vraiment investis pour le bien du club mais on ne peut pas mettre la faute que sur un tel ou un tel. Nous étions tous dans le même bateau.»

À 35 ans, celui qui est arrivé en Valais à l’été 2009 ne cache pas qu’il aurait souhaité que sa longue aventure avec la première équipe sédunoise connaisse une autre fin. S’il aurait aimé prolonger ne serait-ce que pour une saison, il savait très bien qu’avec trois gardiens déjà sous contrat (Fayulu, Lindner et Safarikas), le FC Sion était «blindé» à ce poste. «J’ai accepté le rôle qui m’était proposé avec les M21 afin d’épauler ces jeunes joueurs qui ont aussi dû lutter pour obtenir leur maintien en 1ère ligue ce printemps. Les dirigeants voulaient éviter de revivre ça cette saison et jusqu’à présent, ça se passe plutôt bien.» Après dix journées, les espoirs sédunois pointent au 4ème rang du classement. Une bonne entame d’exercice dont n’est pas étranger Kevin Fickentscher, titulaire à sept reprises. «Je n’étais pas censé jouer autant. Cela a été le cas car l’autre gardien (ndlr: Noah Godwin) s’est blessé. Je ne suis pas là pour prendre la place d’un jeune qui a besoin de temps de jeu pour se développer. Je l’ai immédiatement dit à Stéphane Sarni, le coach des M21. Je suis à sa disposition quand il a besoin de moi mais je n’ai aucune peine à accepter s’il décide de ne pas me faire jouer.»
Une nouvelle réalité à laquelle il a fallu s’adapter
Conscient du rôle de grand frère ou d’exemple qu’il a à jouer auprès de ses jeunes coéquipiers, le Vaudois dit avoir été très bien accueilli au sein d’une équipe avec laquelle il prend beaucoup de plaisir au quotidien. La principale difficulté à laquelle il a dû apprendre à faire face réside dans le fait de passer de jouer devant des milliers de spectateurs dans les meilleurs stades du pays à évoluer devant quelques centaines d’âmes tout au plus. «Quelques centaines? Vous êtes gentils», rigole-t-il. «C’est vrai qu’il a fallu que je m’adapte un peu au début. En sortant pour l’échauffement lors de l’un des premiers matches, je me suis demandé ce que je foutais là. C’était l’un des rares jours de froid de l’été. Il y avait du brouillard et pratiquement personne au bord du terrain. L’ambiance mise par le public m’a manqué dans un premier temps mais j’ai fini par devoir m’y habituer. De toute manière, peu importe la division, c’est sur le terrain que le foot se joue et j’ai toujours le même plaisir à le faire aujourd’hui.»
Du plaisir, Kevin Fickentscher en prend également dans son autre fonction auprès de la relève. Celle d’entraîneur des gardiens M15. «C’est quelque chose qui m’a toujours titillé. J’ai envie de redonner à nos jeunes tout ce que l’on m’a apporté durant ma carrière. Je suis en train de me découvrir dans ce rôle-là. J’ai eu besoin de quelques séances pour apprendre à connaître les deux gardiens dont je m’occupe. Désormais, je deviens de plus en plus exigeant car je sens qu’ils ont du talent et qu’ils sont demandeurs. Je ne les lâche pas. J’essaie de leur donner quelque chose à chaque entraînement et de faire en sorte qu’ils progressent de plus en plus.»
Une année pour tester des choses
En parallèle à cette double casquette au FC Sion, Kevin Fickentscher poursuit ses études en physiothérapie qu’il bouclera l’an prochain. Il a également accepté depuis peu d’officier comme consultant auprès de la chaîne de TV chargée de diffuser les rencontres de Super League. «Je ne suis pas à la retraite du tout», se marre-t-il. «Ma famille espérait m’avoir un peu plus à la maison mais ce n’est pas toujours le cas. Je suis quelqu’un qui a besoin de faire des choses, de bouger. Rester couché sur mon canapé ne m’intéresse pas. Je profite de cette année pour tester un tas de trucs et n’en garder que le meilleur à la fin. Est-ce que je continuerai à jouer au foot au-delà de cette saison? Je ne sais pas. J’essaie de me focaliser sur le présent, d’aider les M21 à performer et à postuler, pour certains, à une place en première équipe. On fera le point en temps voulu avec les dirigeants.»
Les articles les plus lus
Deux semaines de restrictions de trafic sur la route du Grand-Saint-Bernard

A Savièse, Chandolin se met aux couleurs de la Fête-Dieu

De la course, des nouveaux visages et des absents au programme de la rentrée des classes du FC Sion

Encore un match de juniors qui dérape en Valais : le président du FC Vétroz témoigne
