Kevin Fickentscher: «À Bâle, j’ai eu honte d’être sur le terrain»
En dix saisons passées au FC Sion, Kevin Fickentscher en a vu et vécu des choses. Mais jamais il n’avait connu un match tel que celui de dimanche dernier à Bâle. Quatre jours après, il revient sur cette déroute et le début de saison manqué des Valaisans.

Depuis plusieurs saisons maintenant, Kevin Fickentscher est l’un des leaders du FC Sion. L’un de ses hommes les plus expérimentés. Assez logiquement, c’est lui qui a été désigné par le club pour s’exprimer devant les médias ce jeudi, quatre jours après la terrible claque reçue au Parc Saint-Jacques (6-1) et quarante-huit heures avant la réception d'YB. Comme à son habitude, il assume et appelle à une remise en question du collectif.
Kevin Fickentscher, on imagine qu’après ces deux premiers matches de championnat, le moral est loin d’être au beau fixe…
Je ne vous cache pas que cela pourrait aller mieux, oui. On avait vraiment envie de montrer quelque chose d’entrée dans cette nouvelle saison et on ne l’a pas fait. On n’a pas été bons, on n’a pas bien joué donc on ne peut qu’être déçus. Il faudra rapidement montrer un autre visage car les matches s’enchaînent et il faut aller chercher des points tout de suite.
«Ce match à Bâle a certainement été le plus difficile à vivre depuis que je suis au club»Kevin Fickentscher
À 33 ans, vous comptez plus de 130 matches avec le FC Sion. Le dernier en date, dimanche à Bâle, c’était le plus compliqué?
Certainement. C’est la première fois que je prenais six buts. Du début à la fin, ça a été difficile. Mais bon, même à 33 ans on apprend de certaines choses donc c’est une expérience qui peut tous nous enrichir. Après, évidemment, on aurait préféré ne pas vivre ça et surtout, on espère que cela ne se reproduira plus.
En tant que gardien, qu’est-ce qui nous passe par la tête lorsque l’on prend cinq buts en une mi-temps et que l’on voit son équipe pareillement sombrer sur le terrain?
Ah bah on a qu’une envie: que le match s’arrête le plus rapidement possible… Évidemment, tout cela n’était pas prévu. Mais quand cela arrive, il faut savoir y faire face. Il faut mettre du caractère et on ne l’a pas fait. Tout le monde a vu que l’on aurait pu en prendre beaucoup plus encore. Il faut savoir mieux gérer ce genre de situation donc j’espère que maintenant qu’elle est passée, cette déroute nous servira pour la suite du championnat.
Avec quatre jours de recul, vous arrivez à expliquer ce qu’il s’est passé?
C’est difficile. Notre plan de jeu n’était clairement pas celui-là. Mais quand tu prends le premier but après trois minutes et que tu es mené 3-0 à la 20ème, vous pensez bien que tout tombe à l’eau. C’est là qu’on n’a pas su réagir. On s’est pris des vagues dans la tronche et on a manqué de caractère et de sérénité. Il aurait fallu être plus compacts et laisser passer l’orage. Mais encore une fois, à nous d’en tirer les enseignements. C’est peut-être difficile à croire après en avoir pris six mais je vous assure que l’envie était là.
«Chacun doit faire sa propre auto-critique et ses propres analyses pour le bien du collectif»Kevin Fickentscher
Votre rôle, en tant que leader de l’équipe, c’est aussi de trouver les mots au sein du vestiaire dans de tels moments…
Bien sûr. Après, franchement, après le match on ne s’est pas dit grand-chose. La déception prenait le dessus sur tout et heureusement, le contraire serait grave. Mais maintenant, l’important est vraiment de rester unis même si l’on est passés à côté de ces deux matches. On n’a pas été bons dans l’attitude et dans l’état d’esprit. Chacun doit faire sa propre auto-critique et ses propres analyses pour le bien du collectif.
La saison ne fait que débuter mais après deux matches, est-ce qu’il est déjà temps de réutiliser les termes «pression» ou «crise» pour parler du FC Sion?
Écoutez, la pression elle est toujours là et elle l’est pour tout le monde. Encore plus cette saison puisqu’il n’y a pas de «petites équipes» dans le championnat. Personne ne nous donnera des points ou nous fera de cadeaux. C’est à nous d’aller chercher ces victoires.
«On ne peut plus se cacher derrière des belles paroles. Il faut montrer des actes sur le terrain»Kevin Fickentscher
Votre président Christian Constantin s’est montré assez virulent durant la semaine…
Bon, en même temps quand tu en prends six, il n’y a rien de glorieux. Pour ma part, je vous le dit: à Bâle, j’ai eu honte d’être sur le terrain. Mais encore une fois, il faut savoir analyser les raisons d’une telle baffe. On ne peut plus se cacher derrière des belles paroles. Il faut montrer des actes sur le terrain.
Des actes, Christian Constantin en a fait en coulisses puisqu’il a organisé des entretiens individuels ce jeudi. Qu’est-ce qui a été dit?
Écoutez, je vous laisse aller lui demander (sourire). Mais une chose est sûre, c’est que même si l’on n’en est qu’au début de la saison, le train part vite et qu’il ne faut pas le louper. Et là-dessus, il n’y a que les personnes sur le terrain qui peuvent agir.
Depuis le temps que vous êtes au FC Sion, vous en avez vécu des entretiens avec le président. À la longue, l’effet est toujours le même?
Disons que je trouve bien de se dire les choses. Que ce soit dans les bons comme dans les mauvais moments, la communication est fondamentale au sein d’un club. Il n’y a que comme ça que l’on avance. Disons-nous les choses en face et allons chercher ces points tous ensemble.
À commencer par ce samedi face à YB qui se présentera à Tourbillon entre ses deux matches qualificatifs pour la Ligue des Champions. Cela peut être un avantage pour vous ça: ils auront peut-être la tête tournée vers l’Europe…
Ils peuvent avoir la tête où ils veulent, ça m’importe peu. On a déjà assez de boulot avec nous-mêmes et ils ont un cadre bien assez large pour éviter une quelconque fatigue.
«J'espère que les supporters reviendront bientôt au stade. Mais pour ça, il faut qu’on leur donne l’envie. On doit leur redonner le sourire.»Kevin Fickentscher
Mais accueillir une équipe face à laquelle vous ne semblez pas avoir grand-chose à perdre, cela peut être une bonne chose six jours après cette débâcle à Bâle…
Oui, je le pense. On sait en tout cas que c’est un beau match qui nous attend. On joue à Tourbillon où il faut que l’on recrée quelque chose. Nos supporters, les groupes en tout cas, ne sont pas encore présents au stade et j’espère qu’ils reviendront bientôt car ils nous manquent. Mais pour ça, il faut qu’on leur donne l’envie. On doit leur redonner le sourire.
Justement, pour finir Kevin Fickentscher, qu’est-ce que vous auriez envie de leur dire à ces supporters?
Que je comprends totalement qu’ils soient déçus de nous et que je m’en excuse. Comme je l’ai dit, on voulait vraiment présenter autre chose en ce début de saison mais on ne peut pas refaire l’histoire. On sait qu’ils ont envie de voir des mecs qui mouillent le maillot, qui montrent de la combativité et de l’envie sur le terrain et c’est tout ce que l’on n’a pas fait jusqu’à présent. Changeons ça, les résultats suivront et nos supporters retrouveront le sourire.