Jornet vise une 10e victoire à Zinal: «Gagner trois, cinq ou dix fois, c’est plus pour l’anecdote»
Ce samedi, Kilian Jornet sera en quête d'une dixième victoire sur Sierre-Zinal. Celui que l'on surnomme l'«ultra-terrestre» n'en fait pas une fixation et se dit heureux de retrouver le val d'Anniviers et l'ambiance de la course des Cinq 4000.

Kilian Jornet, vous êtes arrivé à Zinal jeudi soir. Heureux d’être de retour dans le val d’Anniviers ?
Oui, c’est une vallée magnifique avec ses sommets parfaits pour l’alpinisme et les sports outdoor. C’est l’un des endroits les plus merveilleux au monde. Quant à Sierre-Zinal, c’est un évènement qui fait partie de l’histoire de la course de montagne. Chaque année, j’ai beaucoup de plaisir à revenir ici, à revoir les mêmes personnes et à en rencontrer de nouvelles.
Au moment de faire votre programme de saison, la course Sierre-Zinal est-elle incontournable ?
J’essaye de venir le plus souvent possible. J’ai manqué quelques éditions en raison de blessures ou parce que j’étais occupé sur d’autres projets. Mais ça va être ma treizième participation en une quinzaine d’années… Donc je n’en ai pas loupé beaucoup.
Treizième participation pour, peut-être, une dixième victoire…?
C’est l’objectif, évidemment. Mais la concurrence sera élevée. Il y a des coureurs très forts dans différents domaines. Je me suis entrainé pour gagner, mais je suis conscient que samedi, la bataille va être difficile.
«Je vais essayer de faire la différence sur la montée ou dans les parties les plus techniques. Nous serons 10-15 athlètes à jouer les premiers places.» Kilian Jornet
Vous parlez de la concurrence. Quel(s) athlète(s) craigniez-vous le plus ?
Sierre-Zinal est une course très particulière, car il y a de la montée, du plat. Il faut être polyvalent. Au départ, il y a des coureurs qui viennent de la course de montagne, d’autres de la course sur route. On a par exemple Patrick Kipngeno qui a fait de très bons résultats ces dernières semaines (ndlr: le Kényan a notamment remporté Thyon-Dixence, en battant le record du parcours). On peut aussi penser à l’Erythréen Petro Mamu, vainqueur en 2016. Ces athlètes sont très à l’aise sur le plat. Je vais essayer de faire la différence sur la montée ou dans les parties plus techniques. Je pense que nous serons 10-15 athlètes à jouer les premières places.
«Plus qu’une dixième victoire, ce qui me rend heureux est le fait d’avoir obtenu de bons résultats année après année.» Kilian Jornet
Votre palmarès est très fourni, avec notamment trois victoires à l’Ultra-trail du Mont-Blanc ou trois titres de champion du monde de skyrunning. Que représenterait une dixième victoire à Sierre-Zinal au milieu de tout cela ?
Sierre-Zinal reste une course de montagne. La remporter, c’est bien pour l’ego. Mais plus qu’une dixième victoire, ce qui me rend heureux est le fait d’avoir obtenu de bons résultats année après année. Cela veut dire qu’on a fait les choses justes au niveau de l’entrainement, de la récupération. Et finalement, gagner trois, cinq ou dix fois, c’est plus pour l’anecdote.
«Avec le départ retardé à 11h, je pense que la chaleur sera un facteur important à gérer.» Kilian Jornet
Et le chrono ? Vous êtes détenteur du record du parcours en 2h25’35’’. Vous pensez pouvoir le battre ?
Pas forcément cette année, non. Quand je l’ai réalisé en 2019, je m’étais préparé pour le battre. Cette année, ce sera difficile de faire mieux car j’ai fait une course de 160 km il y a trois semaines. J’ai bien récupéré mais je ne sais pas si je vais les sentir durant la course. Et surtout, nous sommes dans une période de canicule. Avec le départ retardé à 11h, je pense que la chaleur sera un facteur important à gérer.
Vous évoquez le changement d’heure du départ – les élites partiront à 11h au lieu de 10h les éditions précédentes. Selon vous, ça va donc porter à conséquence ?
Oui, c’est certain. Mais plus globalement, au-delà de l’heure de départ de la course, nous avons vécu un été exceptionnel, dans le mauvais sens du terme. La canicule rend l’effort plus difficile, mais ce n’est rien par rapport aux problèmes liés à la sécheresse, aux glaciers qui fondent. C’est bien plus important que le fait de savoir si on va courir trois minutes plus vite ou plus doucement.
«La canicule rend l’effort plus difficile, mais ce n’est rien par rapport aux problèmes liés à la sécheresse, aux glaciers qui fondent.» Kilian Jornet
Kilian Jornet, pour le symbole, remporter votre dixième victoire l’an prochain, lors de la 50e édition de Sierre-Zinal, ça vous parle ?
(rires) Non, assurément pas. Si j’ai la chance de pouvoir gagner cette année, je ne vais pas la laisser passer.
Une semaine après Sierre-Zinal, vous allez participer à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB). C’est le gros objectif de votre saison ?
J’ai choisi de faire quatre courses cette année, à savoir Zegama-Aizkorri, la Hardrock 100, Sierre-Zinal et l’UTMB. Les quatre ont la même importance pour moi, je les ai préparées de la même manière. C’est sûr qu’en participant à l’UTMB une semaine seulement après Sierre-Zinal, je risque d’arriver cramer. Mais je donne la même importance aux quatre courses.
L’importance de la gestion de la récupération. Une gestion qui, généralement, s’améliore avec l’âge. A 34 ans, allez-vous faire de plus en plus de longues distances comme l’UTMB (170 km) ou la Hardrock (160 km) ?
Je ne pense pas. La première fois que j’ai fait l’UTMB, j’avais 19 ans ! Au contraire, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, je performe davantage sur les distances plus courtes. Mais une saison comme celle-là, où j’alterne le court et le long, ça me convient parfaitement.