Guilherme Afonso, héros du FC Sion en 2009 face à YB: "Un moment orgasmique"
Dans l'histoire de la Coupe de Suisse, les duels entre le FC Sion et les Young Boys ont souvent donné lieu à des scénarios d'anthologie. À l'approche du quart de finale à venir entre les deux formations, nous avons retrouvé Guilherme Afonso, le héros de la finale de 2009. Séquence souvenirs.

Paito qui intervient. Reset qui contrôle. Obradovic qui a encore les jambes pour accélérer. Afonso à la lutte avec Portillo. Afonso qui passe et qui envoie le ballon au fond des filets. L'explosion d'une bonne partie de celui qui était alors appelé Stade de Suisse. 15'000 drapeaux valaisans qui s'agitent à l'unisson. Une poignée de secondes pour l'histoire. Une poignée de secondes de légende. Une action ancrée dans toutes les mémoires de suiveurs du FC Sion depuis ce fameux 20 mai 2009 lors duquel, une fois encore, le club sédunois basculait dans l'irrationnel pour renverser Young Boys et s'offrir la 11ème Coupe de Suisse de son histoire.
Près de quinze ans plus tard, le héros de l'époque n'a évidemment rien oublié. "Voir Sion affronter YB en Coupe de Suisse me ramène inévitablement au plus beau moment de ma carrière", relève Guilherme Afonso à l'approche du quart de finale entre les deux équipes prévu jeudi soir à Tourbillon (20h30 en direct sur Rhône FM). Aujourd'hui âgé de 38 ans, l'ancien attaquant fait partie de ces joueurs pour lesquels un seul instant à suffi à marquer les esprits. Avec seulement cinq petites réussites inscrites en trente-quatre apparitions sous les couleurs sédunoises, il ne fait de loin pas partie des gâchettes les plus prolifiques de l'histoire du club. "La preuve que la qualité vaut mieux que la quantité, non?", se marre-t-il. "Plus sérieusement savoir que les gens se souviennent encore de moi aujourd'hui grâce à ce but me remplit de joie."
Les souvenirs du Bernois Christoph Spycher
Retraité des terrains depuis quelques années, celui qui a également défendu (entre autres) les couleurs de Vaduz, GC ou Lugano s'est depuis reconverti en tant qu'agent de joueurs. Une nouvelle vie qui lui a permis de se rendre compte que les supporters sédunois n'étaient pas les seuls à se rappeler de lui. "Un jour, alors que je souhaitais négocier avec YB concernant un joueur, j'ai eu Christoph Spycher (ndlr: le directeur sportif bernois) au téléphone. Lorsque je lui ai dit qui j'étais, il s'est exclamé qu'il se souvenait bien de moi et que je leur avais fait très mal en 2009. C'est ce qui fait la beauté du football. Un seul moment peut suffire à te rendre inoubliable. Je ne cesse de le rappeler aux éléments que je côtoie aujourd'hui dans mon métier."
Plus que son action décisive, Guilherme Afonso garde en mémoire tout le contexte qui avait entouré cette finale de la Coupe de Suisse en 2009. "Nous étions tellement bien préparés, tellement forts mentalement ce jour-là que même lorsque nous étions menés 2-0, nous n'avons jamais douté." Sur ce plan là, l'ex-international angolais vante les mérites du président Christian Constantin. "Pour moi, ce mec est un génie! Sur le papier, il n'y avait pas match entre YB qui semblait injouable et nous qui luttions contre la relégation. Il l'avait très bien compris et il nous a littéralement matrixés. Il a fait croire à tout le groupe que c'était possible. Que même si tout semblait contre nous, nous pouvions l'emporter. Avec l'aide des différents intervenants qui sont venus nous rendre visite durant les jours qui précédaient le match, il a fait comprendre à tout le monde que rien ne pouvait nous arrêter. Peu importe nos origines, nous étions tous Valaisans le jour J. Nous ne pouvions pas rentrer sans la Coupe."
Porté par une conviction
Quinze ans après, Guilherme Afonso se souvient avoir été accompagné par la conviction que ce 20 mai 2009 deviendrait le principal fait d'arme de sa carrière. "Durant tout le match, une petite voix en moi me disait que j'aurais l'opportunité de briller et qu'il faudrait que je la saisisse", témoigne-t-il. "À la pause, alors que nous étions revenus à 2-1, Constantin est venu vers moi dans le vestiaire et il m'a dit qu'il était persuadé que j'allais la mettre au fond en 2ème période. Ajoutées à ma conviction personnelle, ses paroles sont restées dans ma tête jusqu'à cette fameuse 88ème minute. Je vois Goran accélérer, je fais l'appel et la suite, vous la connaissez. Faire gagner l'équipe, entendre ce bruit dans le stade, c'était un moment orgasmique. Jamais, je ne me suis autant senti joueur de foot qu'à cet instant précis."
Si Guilherme Afonso a inscrit le 3-2 décisif et que Christian Constantin a, comme à son habitude, joué un rôle important dans la préparation mentale de l'effectif sédunois, le mérite de ce 11ème sacre en Coupe de Suisse revient aussi inévitablement à l'entraîneur. Un certain Didier Tholot soulevait alors le trophée pour la première fois, six ans avant le chef d'œuvre du Parc Saint-Jacques face à Bâle. "Mon premier souvenir en lien avec Tholot est plus ancien que 2009", affirme pourtant l'ancien attaquant sédunois. "Je me rappelle du joueur qu'il était à Bordeaux aux côtés de Zidane. C'était un formidable buteur. Lorsque je l'ai découvert en tant qu'entraîneur, j'ai immédiatement eu un profond respect pour lui. C'est quelqu'un de franc. Une personne vraie ce qui devient de plus en plus rare dans le milieu. Son mérite est d'avoir constamment su apporter du calme dans le quotidien toujours tumultueux du FC Sion."

Si les mots de Guilherme Afonso valent pour 2009, il en va de même pour 2024. En quinze ans, beaucoup de choses se sont passées au FC Sion. Didier Tholot a eu le temps de partir, de revenir, de repartir et de revenir une nouvelle fois. Aujourd'hui plus que jamais, le technicien tricolore fait figure de demi-dieu en Valais où son nom est scandé à l'issue de chaque match. "Il le mérite amplement. Pour réussir dans ce club, il faut avoir beaucoup de caractère et de personnalité et il réunit ces deux critères. À Sion plus que partout ailleurs, les gens sont reconnaissants envers toi lorsque tu fais quelque chose de bien. Je pense qu'avec le temps, Didier Tholot est devenu un vrai Valaisan. C'est un homme de défis qui ne recule devant aucune bataille. Cette mentalité combative plait forcément aux gens."
Le FC Sion prêt à soulever de nouvelles montagnes?
La prochaine bataille à mener pour Didier Tholot est donc ce quart de finale de la Coupe de Suisse pour lequel le FC Sion se présentera dans son costume préféré. Celui de David prêt à terrasser Goliath. "La logique voudrait évidemment qu'YB l'emporte, mais si une équipe est capable de soulever des montagnes en Coupe de Suisse, c'est bien le FC Sion. Les Bernois feraient une erreur de prendre ce match à la légère tant je suis convaincu que Constantin et Tholot auront tout mis en œuvre pour que leur équipe soit prête. Je ne vais pas me risquer à vous donner un pronostic, mais ce qui est sûr, c'est que les Sédunois ne se laisseront pas marcher dessus."