Grand Raid: Stéphane Herren, atteint de la maladie de Parkinson, prendra le départ de Verbier

Durant toute sa vie, Stéphane Herren, 62 ans, a fait du sport. Du hockey, du volley, du foot… Avant de découvrir le VTT sur le tard. «Alors que j’avais 26 ans, une coupe de Suisse a été organisée dans mon village, à Pery-Reuchenette. J’ai tout de suite croché.» Il ne s’arrête pas aux singles. Il s’attaque aussi à la route, et même à la piste. «Pour mon plaisir, j’ai fait le parcours Milan-San Remo, les 110 derniers kilomètres de Paris-Roubaix ou l’étape du Tour de France entre Carpentras et le Mont Ventoux.» En 2015, une année après une lourde chute lors d’un camp à Majorque de laquelle il peine à se remettre, le verdict tombe. Et il est sans appel. «On m’a diagnostiqué la maladie de Parkinson.»

Le sport comme évasion 

Insuffisant pour stopper l’élan de Stéphane Herren. Forcément, sa pratique sportive change. Elle évolue. Devient presque indispensable. «Le sport m’est essentiel pour conserver un maximum de mobilité. Alors que Parkinson rigidifie tout le corps, les docteurs disent ne jamais avoir vu une personne aussi flexible, aussi mobile que moi après sept ans de maladie.» Les quatorze médicaments que l’ancien chef de train au CFF est contraint d’ingurgiter quotidiennement et les fréquentes séances de physiothérapie et de massage aident. Mais c’est bien sa force mentale et son application sur le vélo qui font la différence. «Le sport, c’est une évasion. Quand j’ai un coup de blues, je pars de chez moi à l’aube pour parcourir ma région et profiter des paysages idylliques et des animaux qui se promènent, comme moi.»

«Les docteurs disent ne jamais avoir vu une personne aussi mobile que moi après sept ans de maladie.» Stéphane Herren 

Rouler pour se maintenir en santé. Mais Stéphane Herren en veut davantage. «J’aime relever des défis», lance-t-il. «Depuis que je suis malade, j’ai fait la Wysam 222 à Orbe (ndlr: une cyclosportive de 222 km). J’ai également parcouru les 524 km qui séparent Berne de Monaco en 24h. Les deux fois en vélo électrique.» Et cette année, il a décidé de rallier Grimentz, au départ de Verbier (125 km), lors de la 32e édition du Grand Raid. «Depuis septembre, je sors quasiment tous les jours avec mon vélo électrique pour des ballades de deux, quatre ou six heures. Je veux être prêt le jour J.» 

«Le Pas de Lona est à faire au moins une fois. Je dis à qui veut l’entendre: allez-y et vous verrez, on en chie.» Stéphane Herren 

Et pour cause. Le cycliste court pour soutenir l’association ELA. «Ne me parlez pas de chrono. Mon seul objectif est d’arriver à Grimentz pour pouvoir tendre le chèque au représentant de l’association qui sera présent.» L’espoir est légitime, puisque Stéphane Herren a participé aux quinze premières éditions de l’épreuve, dont trois en partant de Verbier. «Le Grand Raid est très spécial. On traverse des décors grandioses. Le plus beau, c’est le Pas de Lona», estime le père de deux enfants. «Chaque fois qu’on y passe, on jure qu’on n'y retournera plus jamais. Mais à chaque fois, on y retourne. Je ne sais pas pourquoi. Le Pas de Lona est à faire au moins une fois. Je dis à qui veut l’entendre: allez-y et vous verrez, on en chie.»

Des encouragements qui donnent des ailes

Un passage rendu encore plus magique en jour de course grâce aux encouragements des centaines de spectateurs éparpillés le long de la montée. «Cette course prend une dimension supplémentaire grâce à ce soutien continuel. Une année, j’étais sur le parcours et un spectateur me crie: « Hop Stéphane !». Je me suis demandé comment il connaissait mon prénom… avant de réaliser qu’il était inscrit sur ma plaque de cadre.»

Les encouragements seront tout aussi nombreux – voire davantage – cette année, à l’occasion de la 32e édition du Grand Raid que Stéphane Herren, atteint de la maladie de Parkinson, courra pour soutenir l’association ELA. «Je souhaite également montrer aux gens que ce n’est pas parce qu’on est malade qu’on est mis de côté. Beaucoup de malades ont de la peine à parler de ce qui leur arrive, par gêne. Il faut que les choses changent.» Samedi sur les coups de 6h à Verbier, Stéphane Herren enfourchera son vélo électrique avec cette ferme intention: rallier Grimentz et changer les choses.