Giovanni Sio: «La culture de la gagne, tu l’as ou tu ne l’as pas»
Meilleur buteur du FC Sion avec six réussites au compteur, Giovanni Sio sera de la partie dimanche à Lucerne après avoir vu sa suspension de deux matches être réduite par la ligue. L’attaquant franco-ivoirien se livre sur la situation du club valaisan.
Giovanni Sio fêtera ses 34 ans ce vendredi. Deux jours plus tard, il tentera d’aider le FC Sion à renouer – enfin – avec le succès en déplacement sur la pelouse de Lucerne. Initialement suspendu pour deux journées suite au carton rouge reçu face à YB le 11 mars, il a vu sa sanction être réduite et sera bien de la partie en Suisse centrale. Bien mieux en jambes qu’il y a douze mois, actuel meilleur buteur du club, il est l’un des principaux atouts des Sédunois dans la course au maintien. Interview.
Giovanni Sio, l’expulsion subie il y a trois semaines à Berne est-elle désormais digérée?
Oui, elle appartient au passé. Je me suis immédiatement excusé auprès de mes coéquipiers de les avoir laissés à dix aussi tôt dans le match (ndlr: à la 25ème minute) et aujourd’hui, je regarde vers l’avant.
«Celui qui ne se donne pas à 100% n’a aucune chance d’avoir une place de titulaire. Même lorsque l’on est suspendu, il faut absolument éviter de se relâcher.» Giovanni Sio
Le FC Sion a très vite fait recours contre votre suspension de deux matches mais vous avez quand même manqué la rencontre face à GC avant la trêve internationale. Comment vit-on une semaine d’entraînements en sachant que l’on ne jouera pas le week-end?
Personnellement, je l’ai vécue comme une autre. Je suis resté très focus sur mon travail durant la semaine. Le coach nous a bien fait comprendre qu’il comptait sur tout le monde. Celui qui ne se donne pas à 100% n’a aucune chance d’avoir une place de titulaire. Cela oblige tout le monde à se battre constamment pour être dans le onze. Même lorsque l’on est suspendu, il faut absolument éviter de se relâcher.
Comment avez-vous appris que le recours du club avait porté ses fruits et que votre suspension était réduite?
Par mes coéquipiers, dans le vestiaire après l’entraînement. Personne n’était au courant avant que la ligue ne communique. Pas même le coach. Ça m’a reboosté. C’est une motivation pour la suite et ça prouve que cette expulsion n’était pas forcément méritée.
Revenons sur les deux semaines écoulées. Comment se porte le FC Sion après cette pause internationale?
Bien. On a beaucoup bossé et on a eu le temps d’améliorer ce qui n’allait pas jusque-là. On a passé pas mal de temps à la vidéo et même si on en était déjà conscient, on a pu s’apercevoir clairement de tout ce qui pêchait dans notre jeu. On a fait énormément d’erreurs. Beaucoup trop d’erreurs. Il a donc fallu revenir à la base. Durant ces deux semaines, on a travaillé les déplacements en bloc, le jeu à deux touches de balle, la confiance devant le but, des choses qui semblent simples mais qui se compliquent inévitablement lorsque tu es dans une spirale négative. On aurait aimé gagner notre match amical contre Lausanne mais malgré le score (ndlr: match nul 1-1), on a vu beaucoup de bonnes choses.
Ces deux semaines ont surtout permis à David Bettoni de faire passer plus en profondeur son message. Comment est-il au quotidien?
C’est un coach qui parle beaucoup. Mais attention, il ne parle pas pour rien. Ses mots sont toujours très positifs. On sent qu’il est très impliqué, qu’il a à cœur de bien faire donc on a envie de le suivre.
«Une remise en question de tout le monde est nécessaire pour que l’on tire à nouveau le club vers le haut.» Giovanni Sio
Tout le monde peine à expliquer comment le FC Sion s’est retrouvé dans une telle spirale négative, au point d’être aujourd’hui lanterne rouge avec trois points de retard sur Winterthour…
Je peine aussi à vous donner une explication à cela. Cela fait quelques années que le FC Sion ne joue plus le haut du tableau. Tout le monde au sein du club essaie d’améliorer les choses mais on ne le fait pas forcément bien vu les résultats. Une remise en question de tout le monde est nécessaire pour que l’on tire à nouveau le club vers le haut.
Plusieurs observateurs estiment qu’un joueur du FC Sion travaille constamment moins qu’un élément d’un autre club. Que répondez-vous à cela?
Que je ne dirais pas ça. La culture de la gagne, tu l’as ou tu ne l’as pas. Cela vient aussi de l’éducation. Dans la vie, il faut se battre pour avoir ce que l’on veut. Parfois, il faut même se battre deux fois plus qu’un coéquipier pour gagner sa place, c’est comme ça. Lorsque je regarde notre effectif, je peux vous assurer que la culture de la gagne, on l’a. Même si ça ne se voit pas lorsqu’on lâche dans les moments difficiles comme ça a pu être le cas dernièrement.
Dans les moments difficiles justement, lorsque les défaites s’enchaînent, comment faites-vous pour vous vider la tête?
Personnellement, je le fais en parlant à certaines personnes qui m’entourent depuis plusieurs années. Je pense à l’une d’entre elles en particulier: Pascal Saint-Yves qui était dans le staff de Laurent Roussey à l’époque. Même lorsque je suis parti du FC Sion, nous avons gardé contact. Il y a eu des moments dans ma carrière où j’avais perdu la confiance devant le but. Il a toujours été là pour me conseiller et faire en sorte que je retrouve le chemin des filets. Je l’ai encore appelé ces derniers mois et hasard ou pas, j’ai marqué plusieurs fois depuis.
«Il n’y a pas de miracle: si on essaie d’être professionnel à 100%, les résultats finissent par payer.» Giovanni Sio
Vous êtes d’ailleurs le meilleur buteur du club avec six buts à votre actif. Vous semblez bien plus en jambes que l’an dernier, au moment de votre retour en Valais…
C’est vrai et je crois que c’est normal. Lorsque je suis arrivé, je n’avais rien fait depuis six mois, j’étais rouillé. J’ai ensuite fait en sorte de retrouver le rythme mais voir le temps que ça prend de revenir à niveau après six mois sans club m’a choqué. Je n’étais clairement pas satisfait de moi le printemps passé. Je voulais faire mieux et j’ai donc arrêté de faire n'importe quoi. J’ai commencé à dormir tôt, à mieux manger et il n’y a pas de miracle: si on essaie d’être professionnel à 100%, les résultats finissent par payer.
Il y a quelques semaines, vous nous disiez ne pas vous considérer comme un joker. Pourtant, c’est un rôle qui semble fait pour vous: vous marquez régulièrement lorsque vous entrez en jeu…
C’est vrai mais ce n’est pas une question de rôle, c’est une question de mentalité. Je suis motivé même lorsque je suis sur le banc. Je me prépare toujours pour être prêt à amener quelque chose lorsque le coach fait appel à moi. C’est vrai qu’à chaque fois que j’ai marqué cette saison, je l’ai fait en sortant du banc. Mais la motivation est la même si je suis titulaire. Je serai toujours là pour apporter quelque chose en 1ère mi-temps aussi.
En tant qu’attaquant justement, vous pensez à ce premier but à marquer dans un maillot de titulaire?
Non, je n’en fais en tout cas pas une obsession. Vous savez, même quand je rentre, je ne me dis pas qu’il faut que je marque à tout prix. Je prends vraiment ce qui vient et je peux amener quelque chose à l’équipe même sans être buteur. Je me focalise sur les tâches qui sont les miennes, que ce soit au niveau du pressing ou du repli défensif notamment. C’est par ce genre d’efforts que je peux tirer l’équipe vers le haut. Me voir me battre sur chaque ballon peut donner confiance à mes coéquipiers. Si c’est le cas, ils seront plus susceptibles de me donner de bons ballons.
Lors de votre premier passage au club, vous aviez douze ans de moins, vous marquiez déjà beaucoup mais vous évoluiez dans un registre relativement différent. Comment expliquez-vous cette évolution?
Disons que les années aidant, j’ai gagné en maturité. J’ai compris que courir pour courir ne servait à rien à part à te faire perdre de l’énergie. Il faut le faire de manière intelligente pour être efficace. Aujourd’hui, j’essaie de faire parler mon expérience et d’avoir les défenseurs par la ruse.
«Ma priorité à l’heure actuelle n’est pas ma situation personnelle. C’est de maintenir le club en 1ère division.» Giovanni Sio
Votre contrat arrive à échéance en juin. C’est quelque chose à laquelle vous pensez?
Évidemment que ça trotte dans ma tête. Maintenant, pour avoir un nouveau contrat, il faut que je fasse le job sur le terrain. Jusqu’au bout, je donnerai le maximum pour le FC Sion. Ma priorité à l’heure actuelle n’est pas ma situation personnelle. C’est de maintenir le club en 1ère division. Le moment n'est pas opportun pour aller discuter d’une prolongation avec les dirigeants. À moi de leur montrer, de leur prouver que je la mérite par mes performances ce printemps. L’heure du bilan arrivera bien assez vite.