Gelson Fernandes: «Cette équipe d’Espagne est prenable!»
Quatre jours après avoir signé l’un des, si ce n’est le, plus bel exploit de son histoire, l’équipe de Suisse espère enchaîner ce vendredi en quarts de finale de l’Euro face à l’Espagne. Suisse-Espagne, une affiche qui, forcément, rappelle un certain Gelson Fernandes.

Il y a d’abord eu le gros couac, ce match sans face à l’Italie il y a deux grosses semaines (ndlr: défaite 0-3 à Rome) suite auquel de nombreuses critiques se sont abattues sur la Nati. Puis il y a eu ce match fou, cet exploit inespéré face à la France, championne du monde et vice-championne d’Europe en titre qui a fait basculer le pays dans une douce folie lundi soir. «C’était un match extraordinaire», s’enthousiasme Gelson Fernandes, présent dans les tribunes à Bucarest. «On est passés par tous les états d’âme. Un moment on n’y croyait plus et l’instant suivant, on était de retour, c’était complètement dingue!»
Une équipe arrivée à maturité
L’ancien milieu de terrain connaît parfaitement cette sélection helvétique, avec laquelle il avait vécu les échecs successifs dans les matches à élimination directe. Aujourd’hui, il l’affirme, cette équipe était arrivée à maturité pour, enfin, passer le cap: «La plupart des joueurs sont là depuis dix ans. C’est une très belle génération qui a encore vu l’avènement de gars comme Akanji ou Elvedi ces dernières années. Des mecs qui te donnent non-seulement une assurance derrière mais qui ont aussi une qualité technique qui aide tout le groupe.»
«Face à la France, les joueurs ont fait preuve d’une grande personnalité.»Gelson Fernandes
Un groupe qui a donc signé l’exploit de sortir une équipe de France qui faisait office de grandissime favori pour le titre. Et ce, en dépit de plusieurs faits de match (penalty manqué, deux buts encaissés coup sur coup, deux buts de retard à la 80ème) qui semblaient avoir douché tout espoir de qualification. «Ils ont fait preuve d’une grande personnalité», affirme Gelson Fernandes. «Dans le jeu, ils ont été extrêmement performants, dominants même par moment. Techniquement, tout le monde était bien en place. Vraiment, on peut être fiers de cette équipe.»
Un match différent de celui de lundi
Et si l’euphorie de ce succès face au voisin tricolore est loin d’être retombée, le prochain défi se présente déjà face à la Nati. Ce quart de finale face à un autre cador du football européen: l’Espagne. Un adversaire qui, forcément, a une saveur particulière pour Gelson Fernandes. Tout le monde se souvient évidemment de son but décisif du 16 juin 2010 à Durban. Mais c’est aussi face à la Roja que le Valaisan avait fêté la dernière de ses 67 sélections, il y a trois ans à Villareal (ndlr: match nul 1-1). «Ce match sera totalement différent de celui de lundi soir», explique-t-il. «Il faudra bien sûr avoir bien récupéré des efforts consentis durant ces prolongations face aux Bleus. Mais je suis convaincu que cette équipe d’Espagne est prenable.»
«Les Espagnols ne nous prendront pas de haut.»Gelson Fernandes
Un adversaire prenable, plus qu’il ne semblait l’être il y a onze ans en Afrique du Sud. «À l’époque, c’était l’une des meilleures formations de tous les temps», se rappelle le nouveau vice-président du FC Sion. «Elle est moins forte aujourd’hui, c’est vrai, mais attention: même si elle est encore en construction, elle peut faire mal.» Preuve en est le parcours réalisé par les hommes de Luis Enrique dans cet Euro. Après un démarrage poussif (ndlr: nuls contre la Suède et la Pologne), ils viennent de claquer dix buts en deux matches (ndlr: 5-0 contre la Slovaquie et 5-3 contre la Croatie). «Ils connaissent nos qualités puisqu'on les a affrontés l’automne dernier en Ligue des Nations. Ils ne nous prendront donc pas de haut.»
Qui pour remplacer Xhaka?
Pour espérer signer un nouvel exploit et poursuivre l’aventure quelques jours encore, la Nati devra faire sans sa pièce maîtresse face à l’Espagne. Son capitaine Granit Xhaka, impressionnant face aux Bleus, sera en effet suspendu pour ce quart de finale. «Je ne sais pas qui le remplacera mais plusieurs options existent. Cela peut être un changement de système, cela peut être Denis Zakaria ou Djibril Sow. Bien sûr que personne n’a le même profil que Xhaka qui est un leader par la parole et par les actes mais même sans lui, on peut y croire.» Et si l’absence du patron du milieu de terrain sonnait l’heure d’Edimilson Fernandes, le cousin de Gelson, pas encore apparu sur le terrain depuis le début de l’Euro? «Il était sur le banc contre la France donc c’est une possibilité. Je lui ai dit de rester calme et de bien se préparer pour le jour où son tour viendra.»
«Les critiques sont normales. À ce niveau, tout le monde est sélectionneur.»Gelson Fernandes
Ce casse-tête du remplacement de Xhaka, c’est Vladimir Petkovic qui doit le résoudre. Critiqué après la désillusion de Rome, le Mister a reconquit tout son monde lundi soir, s’affirmant comme l’un des meilleurs sélectionneurs de l’équipe de Suisse dont il deviendra ce vendredi l’entraîneur le plus capé de l’histoire. «Les critiques sont normales. À ce niveau, tout le monde est sélectionneur», relève Gelson Fernandes. «Mais depuis qu’il a pris ses fonctions, «Vlado» a su mettre sa patte sur cette équipe. Bien sûr que l’on peut dire qu’il est conservateur dans ses choix mais pourquoi ne le serait-il pas? Les joueurs qu’il utilise ont démontré qu’ils pouvaient faire des résultats et nous n’avons pas non plus un imposant vivier de joueurs capables de performer à ce niveau-là.»
Un niveau que toute la Suisse rêve d’élever un peu plus encore ce vendredi en signant un nouvel exploit. Ce quart de finale entre la Nati et la Roja débute à 18h00 à Saint-Pétersbourg.