Le bout du tunnel après deux ans de galère pour Malaurie Granges : "Rien ne remplace les matches"

"Se rétablir après une blessure à un ligament croisé est long, mais lorsque les deux sont touchés en si peu de temps, c'est encore plus long." Sans se départir du sourire qui l'a accompagné même lors des moments les plus difficiles vécus ces deux dernières années, la Bovernionne parle du chemin de croix qu'il a fallu emprunter avant de pouvoir à nouveau prétendre à une place sur le terrain. "Je suis repartie de zéro. Heureusement, j'ai été très bien entourée, tant par ma famille que par le club. Mon but est désormais de retrouver toutes mes sensations. Cela semble plutôt bien parti."

Après de longs mois de rééducation, la Valaisanne avait pu peu à peu reprendre les entraînements avec ses coéquipières dans le courant de l'automne. "Dans un premier temps, j'ai dû me contenter d'un rôle de joker. Je n'avais le droit qu'à deux touches de balle. Être un peu à part tout en étant avec le groupe n'était pas forcément facile à vivre. Pouvoir être désormais intégrée à l'ensemble des séances me permet de me sentir à nouveau comme une autre joueuse…une joueuse normale." 

Près d'un an après son dernier match en compétition officielle, Malaurie Granges a – enfin – pu rejouer durant la préparation du club bernois. Cela a notamment été le cas à l'occasion d'une rencontre de prestige (certes perdu 0-7) face au Bayern Munich en Espagne. "Lorsqu'on s'entraîne si fort que cela a été le cas pour moi, on se dit qu'on est prêt à tout. La vérité, c'est que rien ne remplace les matches. Mes coéquipières savent ce que j'ai vécu, pas mes adversaires. La situation est complètement différente face à des joueuses qui ne se retiennent pas et qui vont à 100% dans les duels ou avec des amies qui font un peu plus attention à moi. Est-ce que j'ai eu peur pour autant? Non, cela n'aurait fait que compliquer la situation. Entrer sur le terrain de manière hésitante ne sert qu'à accroître les risques de rechute."

La plupart des athlètes ayant connu une grave blessure au cours de leur parcours disent en être ressortis plus forts par après. Lorsqu'on lui demande si le constat vaut doublement pour elle, la Valaisanne rigole. "Je ne sais pas si je suis plus forte, mais en tout cas, j'ai énormément appris. Seule la patience me fait toujours défaut. Vivre ce genre de choses te met à l'épreuve sur le plan mental. Même en revenant dans l'équipe, tu gardes l'étiquette de "la blessée" en attendant de retrouver ta confiance et de regagner celle des autres. Tant que tout le monde ne passe pas à autre chose, tu restes en quelque sorte blessée dans la tête…" 

Le bout du tunnel en ligne de mire, Malaurie Granges ne brûlera aucune étape. Plutôt que de reprendre la compétition avec la première équipe ce week-end, elle renforcera ainsi le contingent M18 pour un derby en amical face à Ostermundingen, pensionnaire de 1ère ligue. "Manquer la reprise de la Super League est une petite déception, mais actuellement, j'ai surtout besoin de temps de jeu. Autant donc aller jouer avec les M18 que rester sur le banc durant 90 minutes avec la une." La décision du staff bernois lui évitera par ailleurs un retour à Aarau, un an presque jour pour jour après y avoir subi sa deuxième blessure. "Nous en avons parlé avec les entraîneurs et ma famille. Retourner là-bas ne constituait pas forcément une appréhension dans mon esprit, mais je ne sais pas comment j'aurais réagi si le coach avait fait appel à moi pour entrer en fin de match. Les images de l'an dernier auraient pu ressurgir."

Malaurie Granges espère pouvoir faire partie du groupe qui se déplacera à Genève le week-end prochain pour y défier Servette Chênois en quart de finale de la Coupe de Suisse. "Sur le plan collectif, les objectifs sont clairs pour ce printemps : nous visons le haut du classement en championnat et nous voulons aller au bout en Coupe." Pour y parvenir, les Bernoises pourraient rapidement s'en remettre à un trio offensif valaisan composé de la Bovernionne, et de ses partenaires Iman Beney et Naomi Luyet. "Avoir la chance de pouvoir jouer les trois, rien qu'une fois, ce serait un truc de fou!"