Kevin Fickentscher : "Le FC Sion m'a donné la chance de vivre mon rêve"
Une page se tourne au FC Sion. Figure emblématique du club valaisan lors de la dernière décennie, Kevin Fickentscher a officiellement raccroché les crampons le week-end dernier. Engagé avec les M21 cette saison, le gardien vaudois a (presque) tout vu et tout vécu à Tourbillon.

La scène se déroule le 20 mai dernier à Tourbillon. Jour de fête. Jour de titre et de promotion. Quelques minutes avant le coup d'envoi, juste avant que les supporters ne dévoilent leurs impressionnants tifos. Kevin Fickentscher se présente sur la pelouse, la main de son fils dans la sienne, sa fille dans les bras. Placée au centre de la tribune principale, Coralie, son épouse, est en larmes. Aussitôt, une clameur s'élève. Le Gradin Nord scande son nom et déploie une banderole à son intention : "Kevin, à jamais Sédunois !" Christian et Barthélémy Constantin le rejoignent pour lui remettre un cadre dans lequel figure un maillot floqué à son nom. L'hommage est beau. Mérité. À la hauteur de l'investissement sans faille du portier vaudois pour le club sédunois. Un club dont il aura défendu les couleurs durant treize saisons avant de décider de mettre un terme à sa carrière.
Émotion et reconnaissance
"C'était un moment très émouvant. Je vous avoue avoir dû me retenir pour éviter de lâcher une petite larmichette", raconte-t-il deux semaines plus tard. "Je ne peux que remercier la famille Constantin pour toutes ces années, le club en lui-même et surtout, ces supporters qui ont toujours été derrière l'équipe et derrière moi. Ce soutien est quelque chose de très touchant."
Arrivé au FC Sion durant l'été 2009, Kevin Fickentscher sera resté fidèle au pensionnaire de Tourbillon durant quinze ans. Une longévité rare dans le milieu, seulement interrompue le temps d'un prêt de deux ans au Lausanne-Sport entre 2013 et 2015. Intégré à l'effectif des M21 sédunois cette saison, le dernier rempart a vécu son dernier match entre les poteaux samedi dernier, lors du revers 2-0 concédé face aux Lucernois de Schötz en match retour des finales de promotion. "J'ai été surpris en bien par le niveau de cette équipe M21, composée de nombreux jeunes à fort potentiel. C'est encourageant pour l'avenir du FC Sion. Au-delà de l'issue de celles-ci, avoir pu accrocher une place dans ces finales est déjà une réussite. Personnellement, je suis fier de notre saison."
Un départ n'a jamais été envisagé
Les finales de 1ère ligue comme épilogue du long parcours de Kevin Fickentscher sous les couleurs valaisannes. Lorsqu'il débarque au FC Sion en provenance de La Chaux-de-Fonds en juillet 2009, le gardien a 21 ans et le club sédunois est entraîné par Didier Tholot. Le technicien tricolore est toujours aux commandes de l'équipe première aujourd'hui, alors que le portier de bientôt 36 ans (il les fêtera le 6 juillet prochain) se retire. Entre-temps, 35 (!) changements d'entraîneur ont toutefois eu lieu sur le banc de Tourbillon. "La question d'aller voir ailleurs ne s'est jamais posée dans mon esprit. Dès mon premier jour ici, je me suis senti chez moi. Indépendamment des résultats, j'ai toujours été épanoui au FC Sion."
Véritable clubiste, espèce de plus en plus en voie de disparition, Kevin Fickentscher a construit, au fil des ans, une forte relation avec les supporters sédunois. "Même dans les mauvais moments, ils ont toujours répondu présents. Ils sont restés derrière nous. En tant que joueurs, nous avons de la chance d'avoir un tel public. Le soutien des fans est vraiment particulier en Valais. Leur présence en tribunes te pousse à te surpasser. À titre personnel, je n'avais qu'une chose en tête à l'heure de pénétrer sur la pelouse : leur rendre par mes performances un minimum de leur soutien."
Une vague de bonheur en 2011
Au total, Kevin Fickentscher aura porté le maillot sédunois à 230 reprises. Il a défendu les buts de la première équipe à 169 reprises, ceux des M21 à 61. En quinze ans, il a pratiquement tout vécu en Valais. "Plusieurs souvenirs me reviennent en mémoire", affirme-t-il lorsqu'on l'invite à regarder dans le rétroviseur. "Je me souviens notamment du dernier match de la saison 2020/2021. Nous devions absolument gagner contre Bâle pour ne pas être relégués. Nous l'avions emporté 4-0 alors que tout le monde nous avait déjà enterrés. J'ai également eu la chance de faire partie du groupe qui a remporté la Coupe en 2011. J'étais encore assez jeune et je me suis pris une vague de bonheur dans la tronche. Vivre la fête à la Planta et voir la joie sur le visage de milliers de Valaisans, c'était juste quelque chose d'extraordinaire."

La cicatrice de 2017, la plaie ouverte de la relégation
La carrière de Kevin Fickentscher au FC Sion a été faite de nombreux moments forts. Des hauts mais également des bas. Le gardien vaudois parle sans détour de la cicatrice de la finale de la Coupe perdue en 2017 face à Bâle et de la plaie toujours bien ouverte de la relégation vécue l'an dernier. "Un dénouement malheureusement assez logique. On pense parfois que remonter directement est facile à faire. Je peux vous assurer que c'est faux. Ce que l'équipe de cette saison a réussi est magnifique et mérité. Le FC Sion est un club de Super League et je remercie les joueurs actuels de l'avoir remis à sa place."
Les crampons désormais raccrochés, Kevin Fickentscher est prêt à entamer sa nouvelle vie. Titulaire d'un Bachelor en physiothérapie, il a récemment été engagé dans un cabinet sédunois. Heureux de découvrir autre chose que le football, il gardera tout de même un pied dans le monde du ballon rond en continuant à entraîner les gardiens des catégories juniors du club sédunois. "Pouvoir transmettre tout ce que j'ai reçu durant ma carrière me tient vraiment à cœur. Cela fait passablement d'années que les buts de la première équipe n'ont pas été gardés par un gardien valaisan. Je serais très fier de pouvoir permettre à l'un ou l'autre talent d'éclore ces prochaines années." Le néo-retraité refuse donc de mettre un point final à l'histoire d'amour qui le lie à la formation valaisanne. "Le FC Sion m'a donné la chance de vivre mon rêve. Je ne l'oublierai jamais et je n'ai qu'une seule chose à dire : merci."
