Plongée au cœur des impressionnants tifos des supporters du FC Sion
Admirables tout au long de la saison de Challenge League, les supporters du FC Sion se sont une fois de plus illustrés lundi lors du match du titre et de la promotion. Un match entamé par une animation d'envergure dans trois tribunes d'un Stade de Tourbillon presque plein. Reportage.

Neuf heures du matin lundi à Tourbillon. H-5 avant le coup d'envoi de Sion-Schaffhouse, ultime rendez-vous du périple valaisan en Challenge League. Ils sont une vingtaine de supporters à être déjà là. Réunis derrière le Gradin Nord, tous sont vêtus d'un même t-shirt rouge. Sur l'avant de celui-ci, une mention : AnimaSion, le nom de l'un des groupes de supporters sédunois. Celui chargé de la réalisation des différents tifos prévus à l'occasion de cette dernière ronde de l'exercice.
"C'est une grande journée qui débute", souffle Romain, l'un des membres fondateurs du groupe. "Le FC Sion va être promu et nous fêtons nos dix ans d'existence. Ce match nous donne l'occasion de célébrer dignement cet anniversaire." La bonne humeur est de mise. L'excitation aussi, de même qu'un brin de tension. "Cela fait une semaine que je peine à trouver le sommeil", entend-on au détour d'une discussion. C'est la magie de la confection d'un tifo. Malgré toutes les précautions prises, malgré le long travail préparatoire, rien ne garantit que tout fonctionnera comme prévu. L'adrénaline de l'instant T. Celui où le voile se lève, où le spectacle débute et où, chez beaucoup, les poils se dressent.
Deux voiles d'envergure
À Tourbillon, l'horloge n'affiche pas encore une heure à deux chiffres. Cela n'empêche pas l'ouverture des premières bières. La journée va être belle mais elle sera aussi longue. Les vingt paires de bras ne sont pas de trop pour sortir d'une voiture le voile qui sera dressé au Gradin Nord quelques heures plus tard. Quarante-cinq mètres de long, dix de haut. "Il représente l'histoire de notre groupe puisqu'on y retrouve plusieurs personnages ayant figuré sur nos tifos précédents autour d'une table, devant un gâteau d'anniversaire et quelques petites anecdotes qui nous rassemblent", raconte Michaël. Le travail d'installation des animations du jour a débuté la veille par la pose du voile qui doit recouvrir l'entier de la Tribune Est au moment de l'entrée des joueurs sur la pelouse. Plus de 1'700 mètres carrés de bâches plastiques sur lesquelles figurent les dates 2014 et 2024 en référence au jubilé du groupe.

Pour cette ultime rencontre de la saison, les fans valaisans ont donc vu les choses en grand. Prévoir des animations dans trois tribunes différentes (des centaines de drapeaux ont été placés au Gradin Sud) demande évidemment un investissement conséquent. "Les bases de la production du jour ont été discutées il y a une année déjà", relève Michaël. "La confection a débuté en février par le traçage du tifo du Gradin Nord. Deux ou trois week-ends ont été consacrés à la peinture, d'autres au collage de ce qui est en plastique. Si l'on accumule le tout, on en arrive à beaucoup d'heures de travail, mais surtout beaucoup d'heures de passion."
La passion de "grands malades"
La passion, moteur de ces supporters qui, par amour pour leur club, ne reculent devant pas grand-chose. "On se dit parfois qu'on est de grands malades mais c'est comme ça, c'est ce qu'on aime", nous glisse un autre membre du groupe. "C'est difficile à expliquer mais c'est ce qui nous fait vibrer", affirme Romain. "Notre objectif est de donner de la couleur, de la vie à ce stade et on voit souvent que nos animations permettent de chauffer le public en début de rencontre. Lire dernièrement que Didier Tholot a été touché par la banderole du tifo réalisé en commun par tous les groupes lors de la demi-finale de Coupe est valorisant. Cela prouve que les joueurs et le staff sont sensibles à nos actions."
Si AnimaSion est à l'origine du spectacle proposé en tribunes avant ce dernier match, tous les groupes du Gradin Nord se sont en effet investis ces derniers mois. Parfois à tour de rôle, parfois donc tous ensemble. "Nous nous réunissions au début de la saison pour établir une sorte de calendrier dans le calendrier. Nous organisons ainsi le planning des tifos souhaités par les différentes parties. Une bonne entente règne entre les différents groupes et c'est tout le gradin qui en profite. Aujourd'hui (ndlr: lundi), il y a déjà plus de vingt cordes à tirer rien qu'au Gradin Nord. Vous comprenez bien que sans l'aide des autres groupes, nous ne pourrions pas assurer la réussite de ce qui est prévu."
Plusieurs milliers de francs investis
Créer un tifo, c'est "sacrifier" beaucoup de temps libre, on l'a dit, mais c'est aussi (voire surtout) consentir à un important investissement financier. "Plusieurs milliers de francs sont nécessaires à la réalisation des animations du jour", explique Romain. Précisons que les productions des différents groupes sont entièrement auto-financées. "Nous sommes totalement indépendants du club." Michaël enchaîne : "De notre côté, nous fonctionnons en association. Chacun de nous paie une cotisation en début de saison. Nous réalisons également quelques recettes financières en organisant certains déplacements."

Midi moins quart sous le soleil de Tourbillon. Les différentes animations sont prêtes dans les trois tribunes du stade. Le groupe se réunit pour la distribution des écharpes spécialement réalisées pour fêter ce 10ème anniversaire. Un bref rappel des rôles de chacun est effectué avant une petite pause bienvenue. Dès 14h10, le show peut débuter. Le voile du Gradin Nord se lève, celui de Tribune Est suit. Au Sud, les drapeaux s'agitent. Le public est chauffé à blanc. L'après-midi de fête peut débuter. Avec la collaboration des autres groupes et des près de 13'000 spectateurs présents, AnimaSion a relevé le défi un peu fou qu'il s'était fixé. "Nous avons suffisamment d'idées de tifos en stock pour nous projeter sur plusieurs années", se marre Michaël. L'adrénaline de l'instant T redescend peu à peu. Elle est remplacée par l'ivresse du titre et de la promotion. Sur le terrain, le FC Sion a désormais retrouvé la Super League. En tribunes, il ne l'a jamais vraiment quittée.
Notre reportage sonore à retrouver ci-dessous: