FC Sion féminin: poussée vers la sortie, Valérie Gillioz donne sa version des faits
Le FC Sion féminin va-t-il exploser en plein vol ? Valérie Gillioz, écartée il y a une douzaine de jours, croit encore au projet qu’elle a contribué à monter et dont elle ne fait plus partie. Elle explique les raisons de son départ.
Sportivement tout va bien au FC Sion féminin, embarqué cette fin de saison dans la lutte pour la promotion en Women's Super League. En coulisses, l’histoire est un peu différente. Depuis deux semaines, Valérie Gillioz, ne fait plus partie du projet. Son départ, forcé, est lié à des divergences de vue avec le président Christian Constantin. Ce dernier nous avait promis un communiqué pour clarifier la situation. Un communiqué de presse, qui à ce jour, n’a pas été diffusé.
Une affaire de sous
Après un délai raisonnable, et pour contrer les différentes versions concernant son départ, Valérie Gillioz a donc décidé de prendre la parole. «Pas pour m’exposer mais juste pour clarifier les choses», dit-elle. «C’est une décision du président, poursuit-elle. Une décision prise à la suite d'un déficit financier.» Officiellement, la responsable du FC Sion féminin a donc démissionné.
«Je n’aurais jamais lâché ce projet, encore moins en cours de saison.» Valérie Gillioz
Toutefois, elle a réellement été poussée vers la sortie. Voilà pourquoi elle tenait tant à exprimer son point de vue. «On pense que je suis partie de moi-même. Et ça, ça me dérange. Je n’aurais jamais lâché ce projet, encore moins en cours de saison.»
Un piston très sollicité
En tant que responsable du FC Sion féminin, bénévole, Valérie Gillioz s’était retrouvée dans une position inconfortable. Elle faisait le lien entre le terrain et l’administration. La première équipe, ses joueuses étrangères salariées et son staff très fourni, représentent un coût important. On parle d’un budget de plus de 500'000.- pour toute la structure. Et quand l’argent vient à manquer, il faut monter au front pour débloquer certaines situations. Vient alors cette question: est-ce que le projet n’était pas trop ambitieux dès le départ? «C’est difficile à dire, répond-elle tout en nuance. Quand je regarde le résultat, je me dis que non. Car on s’est retrouvé où on voulait.»
«On a misé sur des joueuses étrangères par nécessité.» Valérie Gillioz
Des joueuses étrangères pour un club de Ligue B et la masse salariale qui en découle: autre point questionnable. Là encore, l’ancienne responsable assume. «On a misé sur des joueuses étrangères par nécessité. À la fin de la dernière saison, il restait 11 joueuses dans l’effectif. Quatre Valaisannes sont parties pendant la saison. De plus, on est allé chercher des joueuses de qualité mais ce ne sont pas non plus des joueuses de première division.»
Esseulée mais combative
Active sur plusieurs fronts, Valérie Gillioz avait donc mené à bien une partie de sa mission: à savoir monter une équipe compétitive, tout en développant la pyramide de formation. Ses autres tâches consistaient à trouver des sponsors pour boucler le budget. Et c’est là que ça a coincé, faute de temps, explique-t-elle. Faute de réseau peut-être aussi. «Ce qu’on me reproche, c’est cette histoire de déficit financier. Je l’entends et je l’accepte. D’un autre côté, cette dernière année a été extrêmement compliquée pour moi. Je devais tout faire. J’étais seule, vraiment seule.»
«En résumé je devais créer, développer et chercher des fonds. Tout cela ensemble, c’était trop ambitieux.» Valérie Gillioz
Si l’ancienne responsable donne du crédit à celles et ceux qui l’ont accompagnée au début du projet, elle ne peut s’empêcher de constater son isolement. «Je m’occupais des joueuses, du matériel, des déplacements. C’était compliqué de chercher de l’argent en parallèle. Peut-être que je n’ai pas été assez appuyée et ça ne vient pas forcément du club. En résumé, je devais créer, développer et chercher des fonds. Tout cela ensemble, c’était trop ambitieux.» Et si c’était à refaire, est-ce qu’il y aurait des choses à changer ? «Je ferais exactement la même chose. Je sacrifie peut-être ma place dans ce projet mais ce n’est pas grave. On a réussi à faire ce qu’on voulait, à donner du rêve aux filles qui vont continuer de rêver. J’ai donné tout mon temps et toute mon énergie. Donc aucun regret.»
Avant son départ, Valérie Gillioz venait de boucler un dossier en partenariat avec l’AVF, association valaisanne de football, pour «rapatrier» les sélections de jeunes au sein du FC Sion féminin. Des mouvements qui sont vus d’un bon œil par certains clubs, qui sont questionnés par d’autres. On aura l’occasion d’en reparler.
Le président du FC Sion Christian Constantin fait bien la part des choses. Les différents entraîneurs et collaborateurs passés par le club valaisan ont souvent le même discours. En somme, une brouille ou une divergence de vue n’entache pas forcément les relations humaines. Valérie Gilloz va dans le même sens.
Retrouvez ci-dessous l’interview complète de Valérie Gillioz