Dennis Iapichino: «J’ai douté pour mon avenir»
Depuis son arrivée au FC Sion en septembre 2020, Dennis Iapichino a enchaîné les coups durs. Après une saison presque blanche l'an dernier, le Thurgovien a retrouvé une place de titulaire ces dernières semaines. Il se confie avant de défier Servette, son ancien club, samedi à Tourbillon.
Deux matches, deux compositions identiques, deux résultats différents. Voilà comment pourrait se résumer le début d’exercice du FC Sion. Après la victoire inaugurale 3-2 sur la pelouse de Lugano, Paolo Tramezzani avait – logiquement – décidé d’aligner les onze mêmes joueurs au coup d’envoi du duel face à Young Boys le week-end dernier. Avec l’issue moins heureuse que l’on connaît: une défaite 0-3. Si l’un ou l’autre changement pourrait survenir samedi lors du premier derby de la saison face à Servette, un élément semble assuré d’une présence sur le terrain au coup d’envoi: Dennis Iapichino.
«Avoir plus de concurrence ne ferait pas de mal.»Dennis Iapichino
Alors que le prêt de Marquinhos Cipriano est arrivé à son terme et que Sandro Theler est parti gagner de l’expérience à Yverdon, le Thurgovien est pour l’heure l’unique latéral gauche de l’effectif sédunois actuel. «Avoir plus de concurrence ne ferait pas de mal», affirme le principal intéressé. «Cela te pousse à donner toujours le meilleur de toi-même. Mais bon, je me concentre sur moi. Je sais ce que je dois faire.» Choix par défaut ou non, l’Helvético-Italien a retrouvé en ce début de saison un maillot de titulaire qu’il n’avait plus porté depuis…mai 2021 en championnat. «C’est beau après tout ce que j’ai vécu ces deux dernières années. Toutes ces épreuves qu’il a fallu surmonter…»
Des coups durs en cascade
Depuis son engagement à Tourbillon à la mi-septembre 2020, Dennis Iapichino n’a en effet pas été épargné par les coups durs. «Vous raconter le tout en deux mots, ce serait compliqué», sourit-il amer. Tout a commencé lorsqu’il a contracté le covid, quelques semaines seulement après son arrivée en Valais. «Je suis resté positif durant 27 jours…Et quand j’ai enfin pu reprendre, les problèmes musculaires se sont enchaînés. En septembre dernier, je me suis blessé aux ligaments du genou droit lors du match de Coupe à Bubendorf. J’ai fait de l’urticaire, j’ai eu une infection du sang, énormément de choses à la fois. C’était très difficile car je n’avais plus de muscles. Je n’étais pas bien du tout physiquement. Tout ça découlait du covid. C’était quelque chose de complètement nouveau à vivre pour moi.»
«Voir mes coéquipiers sur le terrain, voir qu’ils étaient parfois en difficulté sans pouvoir les aider, c’était très difficile à accepter.»Dennis Iapichino
Si sa première année au club l’a vu disputer 23 matches de championnat, l’exercice écoulé a été bien plus difficile. Presque blanc. Sa présence sur les pelouses de Super League se résumait alors à une seule apparition. Une entrée en jeu en fin de match lors du derby de la 35ème journée à Lausanne. Dix-huit minutes sur le terrain en tout et pour tout. «Voir mes coéquipiers sur le terrain, voir qu’ils étaient parfois en difficulté sans pouvoir les aider, c’était très difficile à accepter. Après, j’essayais de me dire que d’autres joueurs qui étaient en meilleure santé que moi ne jouaient pas non plus. Pour eux, cela devait être encore plus compliqué.»
Les pires années de sa carrière
Reste qu’aujourd’hui, Dennis Iapichino l’affirme sans détour: «Ces deux premières années à Sion ont été les pires à vivre de ma carrière.» Pas de quoi pour autant lui faire refuser son choix de rejoindre Tourbillon. «La même chose aurait pu m’arriver ailleurs si je n’étais pas venu ici. Le club n’y est pour rien. Cela s’est passé et c’est comme ça. Maintenant, je veux regarder vers l’avant. Penser au futur.»
«Le club aurait pu se tourner vers d’autres joueurs et m’oublier.»Dennis Iapichino
Son futur justement, le numéro 21 reconnaît avoir eu le temps d’y réfléchir durant ces longs mois hors des terrains. «J’ai douté pour mon avenir, c’est vrai», concède-t-il. «Je ne me disais pas que j’allais devoir arrêter le foot. En revanche, je pensais aux éventuelles décisions du club. Ils auraient pu vouloir se tourner vers d’autres joueurs et m’oublier. Au final, rien de tout ça. Je tiens donc à remercier tout le monde pour la confiance qui m’a été témoignée. À moi aujourd’hui de leur rendre quelque chose en retour.»
Un seul remède à la dépression: le terrain
S’il n’a pas participé au moindre entraînement durant des mois, qu’il a régulièrement suivi les rencontres devant son poste de télévision – «Je n’avais pas suffisamment de force pour me rendre au stade» - Dennis Iapichino reconnaît être toujours resté en contact avec l’équipe. «On est un bon groupe. Une belle bande de copains et je l’ai ressenti durant cette période difficile. Ils m’ont aidé à remonter la pente. Surmonter toutes ces épreuves a été plus facile grâce à eux mais aussi grâce au coach et aux dirigeants.» L’appui de sa famille a également été fondamental. «J’ai même fait appel à un spécialiste. Mais quand tu n’es pas bien comme je l’étais, quand tu vis une dépression, tu peux avoir tous les soutiens du monde, il n’y a qu’une chose dont tu as réellement besoin: retrouver le terrain.»
«Pour l’instant, je suis à 80%, presque 90…»Dennis Iapichino
Désormais enfin de retour aux affaires, Dennis Iapichino est conscient qui lui faudra encore un peu de temps avant de retrouver la pleine possession de ses moyens. «Pour l’instant, je dirais que je suis à 80%, presque 90... Quand tu ne joues pas le moindre match pendant près d’un an, c’est normal de ne pas avoir la même confiance qu’auparavant. Je suis resté pendant si longtemps à la maison…Mais bon, les deux premiers matches de cette saison m’ont fait du bien. Je me réjouis déjà d’être au 3ème pour retrouver encore plus mes sensations.»
Affronter Servette: un match doublement spécial
Ce samedi face à Servette, Dennis Iapichino retrouvera une formation dont il avait porté le maillot du début 2019 à l’été 2020. «Évidemment que c’est toujours un match spécial, aussi bien pour le club que pour moi. J’ai encore des amis à Genève, j’ai vécu de belles choses là-bas…mais aujourd’hui, la seule chose qui compte, c’est le FC Sion et les trois points que l’on doit aller chercher. On sait que ce ne sera pas facile car ils n’ont subi que peu de changements ces dernières années mais on est prêts. Prêts à se montrer agressifs dès le coup d’envoi. Le fait d’être passé chez l’ennemi? C’est comme ça, c’est le foot!»