David Bettoni: «Je veux jouer devant 15'000 spectateurs à Tourbillon»
La pause internationale finie, le FC Sion reprend le chemin du championnat ce dimanche par un déplacement à Lucerne (16h30). Trois grosses semaines après son arrivée, l’entraîneur David Bettoni dresse un bilan de parcours et fait part d’un rêve ambitieux.
«Il y a toujours moins de monde. Il faut que je gagne des matches pour que vous soyez plus nombreux?» C’est par l’humour et par ces mots que David Bettoni a salué le maigre auditoire présent face à lui ce jeudi à Riddes, dans la salle de presse du centre d’entraînement du FC Sion. À J-3 du déplacement à Lucerne, le technicien tricolore ne cachait ni sa bonne humeur, ni son impatience de retrouver la compétition après deux semaines de pause internationale.
Un retour aux fondamentaux à priori bénéfique
D’ailleurs, comment se porte la lanterne rouge sédunoise à l’heure d’aborder son voyage en Suisse centrale? «Beaucoup mieux qu’il y a quinze jours», assure son homme fort. «Je vois quelque chose de différent en regardant mon groupe. On a fait en sorte d’être prêt pour ce match à Lucerne mais surtout, d’être compétitif jusqu’à la fin de la saison.» Pour y parvenir, le Français a décidé de revenir aux fondamentaux durant cette trêve. «À mon arrivée, je me suis donné quinze jours pour faire une sorte d’état des lieux. On a analysé le tout avec mon staff et j’ai ensuite expliqué aux joueurs ce que j’attendais d’eux. Je ne suis pas revenu à ces bases car le travail n’avait pas été fait par mes prédécesseurs. Je l’ai fait en me mettant à la place des joueurs qui en sont à leur 3ème entraîneur de la saison. Chacun a apporté une philosophie, une idée de jeu différente et cela peut être difficile pour l’équipe de s’y retrouver. En revenant à certains fondamentaux, avec et sans ballon, j’ai senti que mes joueurs gagnaient en confiance. Ils semblent aujourd’hui plus sûrs d’eux.»
«Il faut être réaliste, une préparation physique ne se fait pas en mars ou en avril.»David Bettoni
David Bettoni et son staff ont également profité de ces deux semaines sans compétition pour travailler le physique des troupes. Sur ce point, le coach sédunois affirmait avant la trêve qu’aucun de ses joueurs n’était à 100%. «On a réussi à leur redonner un certain niveau qui doit nous permettre de finir ce championnat», relève-t-il. «Après, il faut être réaliste, une préparation physique ne se fait pas en mars ou en avril. Je sais que les journalistes aiment les chiffres donc en voici un: en cinq entraînements avant le match amical face à Lausanne (ndlr: nul 1-1), on a couru 27 kilomètres. C’est une charge importante et tous les joueurs présents ont répondu de manière positive sur ce plan-là. On devrait donc avoir une autre tenue athlétique ces prochaines semaines. J’aurais évidemment souhaité que cette équipe ait un niveau physique supérieur mais j’ai vu des signaux positifs ces derniers jours.»
Un déficit physique qui ne l’inquiète pas
D’un regard extérieur, voir une équipe à ce point en retard physiquement suscite forcément des interrogations. Des inquiétudes mêmes. «Ce n’est pas mon cas», souffle David Bettoni. «Je vous avoue quand même que j’aurais aimé avoir une petite semaine en plus pour bosser mais sur ce qu’on a fait, j’ai vu que les garçons avaient du répondant. Je ne suis pas un rêveur. Si on aurait voulu les amener à neuf sur dix sur le plan physique, on en est aujourd’hui à huit sur dix. Mais peut-être que le palier supplémentaire viendra des matches. Et vous savez, il n’y a pas que le physique dans le foot. La motivation, la qualité technique sont aussi des aspects à prendre en compte.»
Si hormis les internationaux (Lindner avec l’Autriche, Saintini et Cavaré avec la Guadeloupe), David Bettoni a profité de travailler de manière intensive avec un groupe élargi de joueurs – parmi lesquels plusieurs éléments appartenant au cadre M21 – durant cette trêve, un absent de marque était à signaler la semaine dernière: Mario Balotelli. «Le président lui a accordé un programme spécial, c’est la raison officielle», explique le technicien. Une faveur qui avait déjà été accordé au Transalpin durant l’automne. Mais concrètement, en quoi consiste donc ce programme spécial? «Je ne sais pas», a simplement répondu le coach qui a ensuite botté en touche lorsqu’il lui a été demandé s’il avait eu son mot à dire dans cette décision. «Ne me faites pas dire des choses que je n’ai pas dites. Vous poserez la question au président quand vous le verrez.»
Des duels à gagner différemment
À en croire l’ancien adjoint de Zizou, c’est justement par l’aspect de la motivation et du jeu que viendra le salut pour le FC Sion. «On répète que l’on doit gagner plus de duels mais pour y parvenir, il convient de bien analyser les forces d’une équipe», explique-t-il. «Si je regarde la mienne, je me rends compte que mon milieu de terrain n’est pas taillé d’un point de vue athlétique. Croyez-moi que si j’avais quatre mecs aussi baraqués que Cavaré à mi-terrain, on gagnerait tous nos duels physiques dans cette zone-là. Mais je ne critique pas mon groupe, loin de là. Avec Zuffi, Grgic ou Araz, j’ai trois excellents joueurs de ballon. Vouloir les transformer en éléments rugueux, en guerriers dans le mauvais sens du terme serait une erreur. Cela ne servirait qu’à leur faire commettre des fautes et récolter des cartons. Nos duels, on doit les gagner différemment. Par une motivation supérieure à celle de l’adversaire et par une plus grosse cohésion d’équipe, en cherchant des actions à deux contre un par exemple.»
«Le FC Sion jouera en Super League l’an prochain.» David Bettoni
Il y a trois semaines, lors de sa présentation officielle du côté du Stade de Tourbillon, David Bettoni assurait que le contexte au FC Sion était idéal pour lancer sa première expérience en tant que coach principal. Deux défaites en championnat et la trêve internationale plus tard, le Tricolore n’a pas changé d’avis. «Ce n’est pas un discours de façade: je suis très épanoui ici», déclare-t-il. «Je me retrouve dans la mentalité des Valaisans. Je suis bien avec tout le monde au sein du club, mes joueurs, mon staff, mes dirigeants… J’ai même l’impression d’être là depuis dix ans même si je sais que c’est impossible ici! Plus sérieusement, je suis d’avis qu’il ne faut pas attendre de gagner pour avoir le moral. Il ne faut pas attendre de gagner pour y croire et c’est ce que je répète à mes joueurs. Il faut simplement travailler pour construire le tout. Le FC Sion jouera en Super League l’an prochain. J’en suis persuadé, je le dis depuis le premier jour et je le dirais jusqu’au bout. Si je n’y croyais pas, je serai déjà parti en courant.»
Une équipe trop loin de l'identité valaisanne
À l’heure d’évoquer ses premières semaines en Valais, l’ex-assistant à succès du Real Madrid parle d’un retour à la simplicité bienvenu. «C’est l’endroit idéal car après avoir mangé du caviar pendant des années, j’ai besoin de vivre des choses plus difficiles pour ne pas m’embourgeoiser. Ici, c’est très, très, très difficile mais c’est ce qui me motive. J’ai envie de montrer que malgré les difficultés, je suis capable d’amener mon équipe à la victoire. Je peux aider le club à se développer de par mon expérience.» Lancé face à son auditoire, David Bettoni conclut en faisant part de ce qu’il définit aujourd’hui comme son rêve. «Je veux jouer devant 15'000 spectateurs à Tourbillon. Je rêve d’un stade plein pour notre dernier match de la saison. Cela voudrait dire que l’on a su se tirer d’affaire et que les gens sont heureux de voir que quelque chose a changé avec ce club. Si les supporters viennent avant, tant mieux évidemment. Mais si on a 15'000 spectateurs derrière nous à la fin de la saison, cela prouvera que l’on avait un peu d’amour propre. L’identité de notre équipe doit se rapprocher des gens d’ici. De l’histoire du club et de la Ville. Aujourd’hui, on en est encore trop loin.»