Barthélémy Constantin: "Nous avons appris de nos erreurs"
Invaincu depuis le début de l'année, solide leader de Challenge League avant son déplacement à Schaffhouse vendredi soir (19h30), le FC Sion brille à la fois par sa sérénité sur le terrain et sa stabilité en dehors. Le fruit de la nouvelle approche de sa direction, personnifiée par Barth Constantin.
Trois arrivées pour six départs. Le FC Sion a bouclé en fin de semaine dernière son mercato hivernal sans faire de grandes folies. Si l'attaquant recherché n'est pas arrivé, les dirigeants ont confiance en l'effectif actuel pour atteindre les objectifs du printemps. Présent face aux médias ce jeudi en début d'après-midi, le directeur sportif Barthélémy Constantin a fait le point. L'occasion de se confier sur sa nouvelle philosophie et ses défis pour les prochains mois. Interview.
Barthélémy Constantin, le FC Sion qui ne fait pas particulièrement parler de lui durant un mercato, c'est suffisamment rare pour être souligné…
Je vous l'accorde mais nous n'avions aucune raison de nous affoler. Si le 6 juin dernier à la Pontaise (ndlr: soir de la relégation), vous m'aviez dit qu'on serait en tête de Challenge League avec autant de points à Noël, j'aurais signé immédiatement. Notre premier tour a été très bon malgré quelques regrets sur l'une ou l'autre partie. Chambouler un cadre qui fonctionne n'apporte rien à part des embrouilles. Notre but n'était pas de détruire tout ce que l'on a construit sur les six premiers mois de la saison.
Mais vous n'avez jamais caché que votre priorité était l'engagement d'un attaquant cet hiver. Un attaquant qui n'est jamais arrivé…
Notre priorité était d'engager deux joueurs offensifs. Un élément polyvalent que l'on a trouvé avec Georgi Rusev et un profil complémentaire à Dejan Sorgic en pointe, c'est vrai. Nous avions quelques pistes, deux noms en particulier, et cela aurait pu aboutir avec l'un d'eux en toute fin de mercato, mais les exigences financières de son club actuel étaient trop élevées pour nous. Nous ne souhaitons plus faire de folies en jetant l'argent par les fenêtres donc je n'avais aucune intention de payer le double de sa valeur actuelle. J'ai beaucoup échangé avec le coach et nous étions d'accord pour dire que nous nous contentions du groupe à disposition. Nous avons suffisamment de solutions à l'interne pour entourer Sorgic sans faire de choses stupides.
Ces solutions, ce sont à priori Zagré et dans une moindre mesure les polyvalents Rusev et Berdayes. Des solutions vraiment suffisantes au vu de l'importance du printemps?
Bon, commençons par toucher du bois en espérant que rien n'arrive à Dejan. Si ce dernier devait manquer à l'appel sur l'un ou l'autre match, nous sommes convaincus d'avoir les armes pour le remplacer, oui. Encore une fois, nous échangeons tous les jours avec Didier (ndlr: Tholot) et nous étions en accord avec nous-mêmes de ne pas vouloir prendre pour prendre.
Ce qui a pourtant souvent été fait dans le passé. Ce changement d'approche s'explique-t-il uniquement par le classement actuel du FC Sion?
Non, il s'explique par le fait que nous avons appris de nos erreurs. Des erreurs, chacun de nous en fait, l'important étant simplement d'éviter de les reproduire. Bien sûr qu'il aurait fallu qu'on prenne conscience de certaines choses plus tôt. Disons qu'à ce niveau, la relégation a eu du bon. Nous avons dû réfléchir à ce qu'il fallait faire pour nous reconstruire et lancer idéalement ce que l'on espère être une nouvelle ère, marquée également par le projet de nouvelles infrastructures. Il fallait bien comprendre le pourquoi de notre culbute en Challenge League. La seule chose qui m'importe aujourd'hui est de remettre le FC Sion là où il doit être.
L'engagement de Balotelli, c'était l'erreur de trop? Celle qui vous a poussé à vous remettre en question?
Écoutez, de nature, je suis quelqu'un qui se remet constamment en question. Cela vaut tant sur le plan privé que professionnel. Prendre Mario était une connerie, c'est clair, mais nous savions dès le moment où on signait avec lui que ce serait soit noir, soit blanc. Soit il marquait une vingtaine de buts et nous nous retrouvions en Europe, soit cela serait compliqué. Malheureusement pour nous, il ne s'est pas bougé. Mais Balotelli n'est pas le symbole de notre changement d'approche. Simplement, j'ai désormais compris que je ne devais plus prendre de risques avec d'anciennes gloires.
Revenons-en à ce mercato hivernal. Avec les engagements de Kronig et Ntenda, la défense est le poste où le FC Sion s'est le plus renforcé alors que Didier Tholot ne touche pratiquement jamais à sa ligne arrière…
Cela peut sembler paradoxal, c'est vrai. Quoiqu'il en soit, nous voulons aider Kronig, qui est un très bon élément de Challenge League, à passer un palier supplémentaire. Ce d'autant que c'est un joueur valaisan, ce qui nous tient à coeur. L'opportunité avec Ntenda s'est présentée grâce aux très bonnes relations que nous entretenons avec les dirigeants de la Juventus. Lui aussi est un élément qui doit faire le saut en s'illustrant dans un championnat plus relevé que la Série C dans laquelle il évoluait avec la réserve turinoise. Ces deux joueurs nous apporteront un plus ces prochains mois, j'en suis convaincu.
Au rayon des départs, le FC Sion a réussi à se séparer de plusieurs joueurs encombrants. On pense notamment à Poha, Saintini ou Fortuné…
Je ne dirais pas que ces joueurs étaient encombrants, simplement le football comme la vie en général est fait de cycles. Des périodes sont plus négatives que d'autres et c'était le cas pour les éléments que vous citez. Il fallait trouver une solution qui leur permette de retrouver la lumière tant sur le terrain qu'en dehors. Tous ces joueurs sont prêtés et donc susceptibles de revenir chez nous à l'avenir. Je pense également à Kevin Halabaku pour qui les prochains mois à Schaffhouse seront importants. C'est un garçon de chez nous en lequel on croit toujours, à condition qu'il prouve qu'il peut être un joueur de Super League chez nous.
Plusieurs cadres de l'effectif actuel seront en fin de contrat en juin. Avez-vous déjà eu des discussions concernant l'une ou l'autre prolongation?
Évidemment. Le marché des transferts a fermé ses portes jeudi dernier et depuis vendredi, nous sommes plongés sur la planification du mercato estival avec ma cellule de recrutement. Cela concerne la prolongation de certains joueurs et l'engagement de potentielles recrues. À ce niveau, une chose est claire: nous n'engagerons plus de joueurs que nous n'avons vu jouer qu'au travers de vidéos. Nous nous préparons à différentes variantes qui dépendront de l'issue de cette saison.
Donc vous travaillez sur un futur effectif pour la Challenge League et un autre pour la Super League?
Il faut toujours envisager toutes les variantes possibles. Peu importe notre situation actuelle, nous devons anticiper l'avenir. Nous ne pouvons pas nous retrouver en juin dans l'urgence de bâtir une équipe pour la Super League ou d'en reconstruire une pour repartir pour une nouvelle saison en Challenge League.
La promotion est évidemment l'objectif du FC Sion cette saison mais nous sommes à une semaine d'un quart de finale de la Coupe de Suisse face à YB. À quel point cette compétition occupe-t-elle votre esprit?
Aujourd'hui, je me concentre sur notre match à Schaffhouse. Nous parlerons de la Coupe et de YB la semaine prochaine.