Après Athletissima, Valentin Imsand s'attaque aux Mondiaux U20 : "Je n'ai rien à perdre"
Quelques jours seulement après avoir vécu son baptême de la Diamond League lors du City Event d'Athletissima, Valentin Imsand attaque l'autre gros rendez-vous de sa saison. Le spécialiste de saut à la perche est à Lima, au Pérou, pour les Mondiaux U20.
"Désolé pour le retard, j'avais complètement zappé notre rendez-vous", s'excuse d'emblée Valentin Imsand. Si le citoyen de Grimisuat se présente dans les locaux de Rhône FM avec une heure de retard sur l'horaire fixé, c'est qu'il a des raisons d'avoir la tête ailleurs. La scène se déroule jeudi dernier. La veille au soir à Lausanne, le jeune Valaisan de 19 ans a vécu son tout premier concours de saut à la perche sous les projecteurs de la Diamond League. Le lendemain, il s'envole pour Lima où l'attendent cette semaine les championnats du Monde U20. Comme si cela ne suffisait pas, il ajoute que "mardi, j'ai eu les examens écrits en vue de l'obtention de ma maturité fédérale. Les oraux auront lieu à mon retour du Pérou. Il faudra que je trouve le temps de réviser sur place."
Face au top 10 mondial à Athletissima
Valentin Imsand prend malgré tout le temps de faire une petite pause dans ce programme très chargé pour revenir sur son expérience à Lausanne avant d'évoquer ses attentes pour le gros rendez-vous de Lima. "À Athletissima, j'ai pu me mesurer pour la première fois de ma carrière au top 10 mondial. Me retrouver à côté des meilleurs sauteurs de la planète était très impressionnant. Comme je revenais de blessure, je n'étais pas en conditions pour montrer mon plein potentiel, mais par je ne sais quel miracle, j'ai quand même pu passer un saut. Indépendamment du résultat, j'avais à coeur de profiter à fond du moment."
Touché aux ischio-jambiers et privé de compétition durant les huit semaines précédentes, l'athlète du CS 13* a passé une barre à 5 mètres 35 sur son deuxième essai, le tout devant plusieurs milliers de spectateurs. "Avant la compétition, le plus difficile à gérer a été le trac. Dès la veille, j'ai senti la pression monter", relève-t-il. "Reprendre après une telle pause sur une intensité aussi forte n'était pas facile non plus. La prise d'élan représente 80% d'un saut réussi. Me présenter sans marque au départ n'était clairement pas évident."
Des échanges avec Duplantis et les autres cadors
Le phénomène Mondo Duplantis, l'Américain Sam Kendricks ou encore l'éternel Renaud Lavillenie pour ne citer que trois noms : le temps d'une soirée, Valentin Imsand s'est retrouvé plongé dans une forme de monde parallèle, partageant la scène avec ses idoles.
Cette première sur le circuit de la Diamond League tout juste derrière, le jeune Valaisan a tout de suite dû faire le "switch" dans la tête pour passer en mode Mondiaux U20. "J'ai envie de dire qu'au vu de ma situation, il n'y a pas grand-chose qui change entre ces deux rendez-vous. Comme je reviens de blessure, je n'ai rien à perdre. Mon principal objectif est de retrouver une sensation de facilité entre ma course et mon saut. Ma seule envie au Pérou est de sauter et de resauter. Je vais à Lima pour me faire kiffer."
Même sans forcément être à 100% de ses capacités, Valentin Imsand aura des atouts à faire valoir mercredi lors des qualifications et, si tout se passe bien, vendredi en finale. "Je sais ce que je vaux. Je suis quand même très bien classé au niveau mondial dans ma catégorie d'âge", souffle celui qui compte déjà deux médailles d'argent aux Européens U18 et U20. "J'espère retrouver mes jambes pour le jour J. Si c'est le cas, ça risque de bien se passer pour moi. Évidemment que j'ai aussi un objectif en termes de résultat en tête, mais avant une grosse échéance comme celle-ci, je préfère le garder pour moi."
Les Mondiaux élites de l'an prochain dans le viseur
Dans la capitale péruvienne, le spécialiste de saut à la perche vivra une (nouvelle) première. "Je n'ai jamais fait de compétition, ni même voyagé, sur un autre continent que l'Europe", admet-il. "C'est une bonne expérience à prendre dans la mesure où mon objectif pour l'an prochain sera de vivre les Mondiaux élites cette fois qui se dérouleront à Tokyo. Prendre un coup de jetlag dans les dents et voir comment mon corps le digère ne peut que m'être bénéfique." Valentin Imsand aura eu quelques jours pour s'adapter aux sept heures de décalage horaire entre la Suisse et le Pérou avant d'entrer en lice. "Cela me permettra également de me faire aux conditions météorologiques d'un pays qui se trouve dans sa période d'hiver. Il fera entre 15 et 20 degrés sur place. Cela ne m'inquiète pas, car les conditions seront identiques pour tout le monde. Nous serons tous dans la même m****. Celui qui gérera le mieux ce facteur sera celui qui s'en sortira le mieux."
Au-delà de l'aspect sportif, ce long périple vers l'Amérique du Sud a été un sacré défi logistique pour Valentin Imsand et le reste de la délégation helvétique. "Le plus gros challenge a été le transport des perches", explique l'entraîneur du Valaisan Boris Zengaffinen. "Trouver une compagnie qui accepte de trimballer ce matériel imposant n'est pas une mince affaire. L'ensemble de la délégation est passée par Amsterdam avant de rejoindre Lima. De mon côté, je suis parti seul avec les perches en faisant escale à Madrid. J'ai pris cette responsabilité afin de libérer les athlètes d'une part de stress et qu'ils puissent se concentrer pleinement sur la compétition à venir."
Toujours avec son pote Justin Fournier
Valentin Imsand ne sera pas l'unique Valaisan engagé lors de l'épreuve du saut à la perche de ces Mondiaux U20. Il sera accompagné par Justin Fournier, son coéquipier et ami de longue date.