Alberto Contador: «Le Valais est le paradis des cyclistes»
Pour sa deuxième participation, Alberto Contador a été contraint à l'abandon ce week-end sur le Tour des Stations. Mais qu'importe, l'ancien champion espagnol reste un amoureux du Valais.

Pour la deuxième fois après 2019, Alberto Contador a participé le week-end dernier au Tour des Stations. L'ancien professionnel, vainqueur de deux Tour de France, deux Giro et trois Vuelta, s'est aligné sur l'Ultrafondo (242 km pour 8848 mètres de dénivelé). L'Espagnol, parrain de l'évènement, a été contraint à l'abandon peu après son passage aux Mayens de Vernamiège. Durant son séjour en Valais, il a pris le temps de s'arrêter au micro de Rhône FM.
Alberto Contador, faire une course de 242 km pour 8848 mètres de dénivelé, c’est complètement fou, non ?
Oui, c’est impressionnant. Ça fait vraiment beaucoup. Encore plus quand, comme cette année, la météo s’en mêle.
Quatre ans après votre retraite sportive, vous avez toujours du plaisir à courir de telles courses ?
Oui, bien sûr ! Au final, ce qui te plait, c’est de faire des épreuves difficiles comme l’Ultrafondo. Il y en a peu comme celle-là durant la saison. Presque 9000 mètres de dénivelé, c’est un sacré défi. Et c’est très motivant.
A quel point l’approche est-elle différente d’un tour de trois semaines ?
La principale différence réside dans la gestion de l’effort. Sur des courses à étapes, il y a des moments chauds où tu n’as pas d’autre choix que de rester au contact de tes adversaires. S’ils accélèrent, tu dois accélérer. Dans les courses comme le Tour des Stations, tu peux vraiment rouler à ton rythme. Si tu veux rouler à bloc durant les trois premières heures et relâcher ensuite, il n’y a pas de souci.
«Le chrono n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est de profiter, de discuter avec les autres participants, de partager avec eux.» Alberto Contador
Et dans ce genre de course, le chrono est toujours important pour vous ?
Non, là c’est totalement différent. L’important est de profiter, de discuter avec les autres participants, de partager avec eux, ce qui n’était pas possible lorsque j’étais professionnel.
Ça ne vous manque pas d’être en compétition ?
C’est quoi pour toi le Tour des Stations ? Une promenade de santé ?
«Malgré mes activités très prenantes, j’essaie d’aller rouler trois fois par semaine.» Alberto Contador
Vous dites pouvoir profiter de partager avec les autres participants. Vous parlez de quoi ?
On discute de comment on se sent, on s’encourage. Certains prennent des photos, demandent comment je vais... Ce contact est très agréable.
Vous êtes toujours sur le vélo tous les jours ?
Non, parce que j’ai beaucoup de travail dans différentes activités, toutes liées au cyclisme. Entre l’équipe professionnelle Eolo-Kometa que j’ai créé avec mon frère, la marque de vélo Aurum (ndlr: qu’il a lancé avec l’ancien professionnel Ivan Basso), j’enchaîne les réunions et les conférences. Sans compter la vie de famille, évidemment. J’essaie d’aller rouler trois fois par semaine.
«Le Valais est une région privilégiée pour la pratique du vélo. C'est le paradis!» Alberto Contador
C’est la seconde fois que vous participez au Tour des Stations, ici en Valais. La région vous plait ?
Evidemment, c’est le paradis ici ! C’est une zone privilégiée pour la pratique du vélo. Les routes sont en bon état et il y a mille possibilités d’itinéraires, avec plus ou moins de dénivelé. Sans parler des magnifiques paysages ! Et Verbier, ça me rappelle de très bons souvenirs, lorsque j’avais conquis le maillot jaune du Tour de France après l’arrivée à Verbier en 2009. C’est toujours spécial d’y revenir.
Un de vos meilleurs souvenirs ?
C’est difficile à dire… En 2019, lorsque j’ai terminé l’Ultrafondo, c’était aussi un moment important, car le défi était grand. Mais oui, 2009 reste spécial car mes parents étaient présents. Ils ne se déplaçaient jamais sur les courses à étapes. Mais ce jour-là, ils étaient venus me voir. Et ensuite, c’est forcément incroyable de revêtir le maillot jaune. J’ai vu la plaque avec mon nom à l’endroit où j’ai attaqué sur la montée. C’est très spécial et agréable de s’en souvenir.
Alberto Contador suit avec attention le World Tour. Comme beaucoup d'observateurs, il est bluffé par les performances de Tadej Pogacar. «C’est un coureur incroyablement fort. Lors de sa première saison en professionnel, il a remporté une étape de la Vuelta. La seconde, il gagne le Tour de France et confirme cette année. C’est impressionnant. A voir s’il aura des rivaux sur les prochaines éditions, mais c’est certain qu’il a déjà marqué le Tour. Et continuera à le faire.»
Le Slovène n’a que 22 ans. Deviendra-t-il le meilleur coureur de l’histoire ? «C’est très difficile à répondre. Trop tôt pour le faire, aussi. Va-t-il réussir ce qu’a réalisé Eddy Merckx ? Dans le cyclisme actuel, ça me parait compliqué.» Tadej Pogacar est-il meilleur qu’Alberto Contador ? «(rires) Encore une fois, c’est difficile à dire. Chaque époque est différente. Par exemple, quand Miguel Indurain courrait, il y avait beaucoup de kilomètres de contre-la-montre dans les courses de trois semaines. Donc, c’est impossible de faire des comparaisons objectives.»