Verra-t-on bientôt une fusion entre les communes d'Entremont?
En Entremont, les communes qui jalonnent la vallée se marieront-elles un jour ? La majorité des autorités politiques sont séduites. Reste à définir quelles alliances se feront en premier et quels impacts ces alliances auront sur la région.

Verra-t-on un jour un Grand Entremont ? Une commune massive regroupant les communes de Bovernier, Sembrancher, Orsières, Liddes, Bourg St-Pierre et Val de Bagnes. Globalement, les autorités politiques le pensent, et y voient plusieurs avantages : une force touristique et énergétique massives et une cohérence dans la gestion des deux vallées – Entremont et Bagnes.
Reste que le mariage est trop conséquent pour qu’il soit fait en 5 ans. Même 10 ou 15 ans semble optimiste à certains présidents de commune. Alors entre deux, d’autres étapes intermédiaires pourraient être franchies. C’est déjà le cas dans l’une des deux vallées, avec l’union récente entre Bagnes et Vollèges - la nouvelle commune Val de Bagnes. "Il faut d'ailleurs que nous vivions nos expériences et que nous digérions cette fusion avant de penser à la suite, estime Christophe Maret, président de Val de Bagnes. Mais nous serons évidemment attentif à ce qui se fera ailleurs."
Une fusion en Entremont?
Peut-être boostée par cette union entre Bagnes et Vollèges, Orsières a la volonté d’entamer des processus similaires en Entremont. "La question avait déjà été posée sur la table lors de précédentes législatures", rappelle Joachim Rausis, président d'Orsières. Plusieurs rencontres avaient eu lieu entre les autorités communales. Une pré-étude avait même été menée, et Bourg St-Pierre avait demandé l'avis de sa population.
Depuis, le projet a dormi dans un tiroir, mais il pourrait bientôt en ressortir. "Avec la fusion de Val de Bagnes, il est logique et opportun que les autres communes se positionnent, insiste Joachim Rausis. On ne peut pas se permettre d'attendre cette fusion du Grand Entremont dans 20 ou 30 ans sans rien faire entre deux, on passerait à côté de synergies très efficaces." Le président d'Orsières confie par contre qu'il attend des nouvelles de ses deux voisines Liddes et Bourg St-Pierre. "L'initiative devrait venir de leur part, pour ne pas donner l'impression que la plus grande des communes veuille imposer son projet et manger les autres."
Entre nécessité et perte d'identité
A la frontière italienne, le président de Bourg St-Pierre Gilbert Tornare est réceptif à l'idée d'une fusion. Il y voit même une nécessité à plus d'un titre. "Il faut envisager une fusion dans les dix ans au plus tard, estime-t-il. On aura de plus en plus de difficultés à renouveler les différents conseils communaux." Gilbert Tournare insiste par contre sur un point. "Il nous faudra une fusion intégrant au minimum Orsières, voire Sembrancher et Bovernier. Mais un mariage entre Liddes et Bourg St-Pierre n'aurait pas de sens. Pas avec nos bassins de populations respectifs".
Même son de cloche du côté de Liddes. Stève Lattion, président de Liddes estime aussi qu'une fusion serait bénéfique. Même s'il exprime quelques craintes pour l'identité villageoise. "Comme dans chaque fusion, il faudra rassurer la population à ce niveau-là."
Le cas de Sembrancher
A l'autre bout du territoire, le sort de Bovernier doit encore être scellé. "Il y a trois scénarios possibles, énumère le président Marcel Gay. Rester indépendant, se rapprocher de Martigny ou d'Entremont. Nous avons prévu de prendre le pouls des citoyens prochainement."
Reste donc le cas de Sembrancher. Au carrefour entre les vallées de Bagnes et d'Entremont, la position de la commune est stratégique. Sa présidente Marie-Madeleine Luy en est consciente. Sa solution idéale serait le Grand Entremont. Mais en attendant, la commune pourrait-elle faire un choix entre rejoindre ses voisines d'Entremont ou se laisser courtiser par Val de Bagnes? "C'est vrai que du côté des citoyens, le choix n'est pas unanime reconnait Marie Madeleine Luy. C'est quelque chose de très émotionnel." Toutefois la présidente de Sembrancher reste prudente et veut éviter de lancer une votation à l'image de la commune de Veysonnaz. "Il faut d'abord ouvrir la réflexion et montrer de manière transparente ce qu'on peut faire et pour quelles raisons on le ferait, c'est plutôt ça, notre rôle, en tant qu'autorités communales."
La population aura le dernier mot
Tout le monde semble convaincu qu'un Grand Entremont verra le jour. Mais chaque commune est aussi consciente qu'une fusion comporte des paramètres humains et émotionnels. Chaque président a rappelé qu'au final, c'est le citoyen qui aura le dernier mot et que c'est du bas que doit venir la fusion et non de la hiérarchie politique. Reste donc à savoir quelles étapes seront franchies, dans quel ordre et à quel prix.