Loi sur la chasse : la délicate position de Mathias Reynard
Il refuse de s'engager. Le socialiste Mathias Reynard ne fait pas campagne concernant la nouvelle Loi sur la chasse, en votation le 27 septembre prochain. Il le promet, aucun calcul politique, aucune stratégie en vue des élections au Conseil d'Etat. Interview.

"Je ne me suis pas impliqué et je ne m'impliquerai pas dans cette campagne". Mathias Reynard répond franchement. La loi sur la chasse, en votation le 27 septembre prochain, n'est pas un thème qu'il veut aborder. "Il y a plusieurs raisons à cela", explique-t-il. "La première c'est que, même si nous sommes des généralistes (les hommes politiques NDLR), nous sommes spécialisés sur certains dossiers. Depuis des années par exemple, je suis très engagé sur la question de la politique familiale. Donc pour moi la priorité, c'est la question du congé paternité. Mais je suis aussi engagé contre l'achat de ces avions luxueux, engagé contre l'initiative de résiliation de nos relations avec l'Union européenne".
Mathias Reynard avance une deuxième raison pour justifier son choix de rester en retrait ; "Mon parti, le Parti socialiste du Valais romand, a pris la décision de laisser la liberté de vote concernant la loi sur la chasse. Une décision que je trouve sage. C'est normal, quand on est le seul élu du parti, de rester en retrait. Sinon, on donne l'image d'un parti qui a pris une décision, alors que ce n'est pas le cas".
Calcul politique ?
Et puis forcément, on se pose la question. Mathias Reynard, le Valaisan socialiste, candidat aux élections cantonales de mars 2021, au poste de conseiller d'Etat. Avec ce refus de prendre position, doit-on deviner une volonté de préserver une part non négligeable de l'électorat, celle des chasseurs et des agriculteurs valaisans ? "Ah non, pas du tout, répond le parlementaire fédéral. Le Conseil d'Etat prend position en faveur des avions qui vont coûter 24 milliards, ça ne va pas m'empêcher d'être contre. J'ai très souvent pris des positions contre celles de la majorité bourgeoise du gouvernement. Ce n'est pas un problème, je tiens à ma liberté de penser, liberté d'expression. Cela m'arrive régulièrement de voter contre mon parti, cela m'arrive aussi régulièrement d'avoir une position qui n'est pas majoritaire de mon canton. Mais c'est ça la démocratie".
"Je n'a jamais été très fort pour les calculs et la stratégie en politique" Mathias Reynard, conseiller nationale socialiste
Une liberté de ton, affirme Mathias Reynard, qui est une force : "Je pense que c'est apprécié par les Valaisannes et les Valaisans, d'avoir des gens cohérents, qui défendent leur position. Des fois on gagne, des fois on perd. Je n'ai jamais été très fort pour les calculs et la stratégie en politique. C'est une faiblesse, ou alors une force, celle d'être entier et de garder une ligne claire sur des sujets qui peuvent parfois fâcher".
"Il y a des exagérations des deux côtés, des mensonges"
Mathias Reynard assume son choix de ne pas se positionner concernant la nouvelle Loi sur la chasse, plutôt deux fois qu'une : "Le ton de la campagne m'a confirmé dans ma volonté de surtout pas m'impliquer dans cette campagne ! Des deux côtés, il y a pas mal d'exagérations, de mensonges. C'est dommage. D'habitude c'est plutôt l'UDC qui nous habitue à ce genre d'affiches et de messages. Je ne suis pas vraiment fan de cette façon de faire campagne". Mathias Reynard parle d'un sujet "très émotionnel". "Que ce soit non ou que ce soit oui, ça ne sera pas une catastrophe. On nous fait croire que si c'est oui, le problème du loup va être résolu. C'est sûr que ce n'est pas le cas ! Il y a encore beaucoup de mesures à prendre pour les agriculteurs de montagne. Et parallèlement, si c'est oui, ça ne sera pas une loi d'abattage où il n'y aura plus un animal dans nos forêts. Il y a des exagérations des deux côtés!", conclut Mathias Reynard. L'entretien est à découvrir juste ici :
Mathias Reynard et le PSVr laisse la liberté de vote concernant la nouvelle loi sur la chasse. De quoi se mettre à dos les amis Verts ? "Mais non, répond Mathias Reynard. On ne peut jamais plaire à tout le monde. J'ai une ligne, je garde ma ligne. Les gens savent ce que j'ai voté à Berne. Les gens comprennent pourquoi ce n'est pas l'objet prioritaire à mes yeux" Concernant la candidature au gouvernement valaisan, il le dit et le répète, "Si je faisais les choses en fonction du Conseil d'Etat, je n'aurais pas fait ma carrière politique de cette manière. Je ne pensais pas être candidat il y a encore quelques semaines".