Le PLR zurichois veut légaliser toutes les drogues : une approche qui intéresse Nantermod
Faut-il légaliser toutes les drogues ? Le PLR relance le débat. La section Zürichoise est pour. Contacté, le vice-président du PLR suisse et conseiller national valaisan se dit intéressé par la démarche. Philippe Nantermod en interview pour Rhône FM.

Légaliser les drogues : c'est le projet du PLR zurichois. D'ici une dizaine d'années, la Suisse devrait être en mesure de réglementer la production, le commerce et la vente des drogues. Toutes les drogues : cannabis, cocaïne, héroïne, amphétamine, ecstasy... Le comité de la section communale de Zurich a approuvé un document allant dans ce sens.
PLR divisé, Nantermod intéressé
Le PRL n'est de loin pas unanime, comme nous l'apprend un article du Temps : le ministre PLR Ignazio Cassis s’était déclaré favorable, en pleine campagne pour le Conseil fédéral, à la légalisation des drogues et à une vente réglementée. Le PLR de Bâle-Ville avait en son temps inscrit la "légalisation de tous les stupéfiants" à son programme. Autre son de cloche du côté de la présidente du parti, Petra Gössi "adepte d’une approche répressive", selon le Temps, tout comme la conseillère nationale zurichoise Regine Sauter, membre de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique (CSSS).
"De prime abord, on pense à une idée complétement farfelue, mais..."
Rhône FM a voulu connaître l'avis du conseiller national Philippe Nantermod. Une position qui a son importance et qui pèse dans le parti, lui qui est aussi membre de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national et vice-président du PLR Suisse. le Valaisan ne se montre pas fondamentalement hostile à l'idée de la légalisation des drogues. "De prime abord, on pense à une idée complétement farfelue", déclare Philippe Nantermod, qui poursuit : "Mais cette idée ne doit pas être exclue d'emblée. Nous avons mis sous toit une loi pour faire des essais dans le domaine du cannabis, permettre de faire des tentatives à des échelles très locales. Nous devrions peut-être en faire tout autant pour d'autres types de stupéfiants, d'autres drogues".
Moins d'idéologie, plus de concret
Quel objectif ? "Il faut voir si on arrive à avoir une meilleure lutte contre la toxicomanie. Si c'est le cas, l'appliquer ailleurs. Si ça ne marche pas évidemment, on peut toujours revenir en arrière", répond Philippe Nantermod. "La lutte contre la drogue ne peut pas se faire uniquement sur la base de l'idéologie, mais sur la base de résultats concrets et efficaces. Toujours dans l'intérêt des personnes qui tombent dedans, souvent jeunes, faibles, marginalisées. C'est à elles qu'il faut penser quand on met en place une politique de drogue".
Différencier la "douce" de la "dure"
Philippe Nantermod tient à différencier l'approche à faire face aux différentes drogues. "D'un côté il y a l'exemple du cannabis. La dépénalisation, la légalisation a pour objectif une régularisation de la consommation, un contrôle du marché dans une idée de normalisation de cette consommation".
"Mais pour les drogues dures, poursuit le Valaisan, c'est différent. Il y a une volonté de lutter contre toute forme de consommation. Mais comment procéder ? la pénalisation du consommateur ne permet pas, au-delà d'un certain stade, de lutter efficacement contre la consommation. Au contraire, on marginalise les victimes de la drogue ! Pour les faire sortir de tout cela, il serait peut-être plus utile de mettre en place des politiques axées sur la prévention plutôt que sur la répression. C'est l'idée de ce genre de proposition. Je doute qu'en dépénalisant la consommation d'héroïne nous aurons le même résultat qu’en dépénalisant la consommation de cannabis. Dans un premier cas, évidemment la consommation d'héroïne reste interdite pour plein d'activités : monde scolaire, professionnel, au volant etc. Avec à la clé un accompagnement des personnes concernées. En revanche, la dépénalisation du cannabis, c'est prendre acte d'une réalité qui ne fait qu'alimenter le marché noir."
"Effectivement, c'est un débat de fond que nous devons soulever", débute Florian Piasenta, président du PLR valaisan, prudent lorsque l'on aborde la thématique. Florian Piasenta qui précise son propos : "Avec le cannabis, drogue douce, nous pouvons aller de l'avant, faire le pas. Mais concernant les drogues dures, j'estime cette démarche dangereuse". Florian Piasenta le dit clairement : "Oui le débat de fond doit se faire mais en terme d'idée, on va droit dans le mur. En empruntant cette voie-là, le fait de légaliser les drogues dures, n'est-ce pas un moyen d'inciter la jeunesse ? J'ai un peu de souci avec cela je ne vous le cache pas".