Murs, collections, programmation: le musée d'Orsay fait peau neuve
Murs, collections, programmation: le musée d'Orsay, qui héberge depuis 1986 les trésors de l'impressionnisme à Paris, fait peau neuve avec de grands travaux prévus de 2025 à 2027, un réaccrochage totalement repensé et une programmation tournée vers la jeunesse.
Pour "mieux accueillir le public à l'aube de ses 40 ans, il se réinvente", a dit jeudi Christophe Leribault, directeur du musée et de son pendant, l'Orangerie, qui abrite les célèbres "Nymphéas" de Claude Monet, lors d'une conférence de presse.
Afin de mieux accueillir le public de retour en force depuis la fin de la crise sanitaire avec 3,2 millions de visiteurs en 2022 et 2 millions depuis le début de l'année, des travaux de restauration sont planifiés de 2025 à 2027, sans fermeture de ce musée installé dans l'ancienne gare d'Orsay, le long de la Seine.
Outre la rénovation du parvis et de la marquise en verre de son entrée, l'agrandissement du hall d'entrée est également prévu afin de réduire les files d'attente ainsi que la création d'une sortie côté Seine pour fluidifier la circulation.
L'espace consacré aux expositions temporaires doit lui aussi être élargi par l'annexion d'une galerie de 300 m2 qui le jouxte, utilisable en fonction des besoins, une amélioration de taille en vue de l'exposition très attendue, qui sera consacrée aux derniers mois de Vincent Van Gogh, à partir d'octobre, ou celle dédiée à la naissance du mouvement impressionniste en mars 2024.
Avec 430'000 visiteurs déjà accueillis depuis fin mars, l'exposition en cours Manet/Degas est victime de son succès, le public regrettant parfois de ne pouvoir admirer pleinement les oeuvres en raison de l'affluence.
Même chose pour celle consacrée à Edvard Munch qui a accueilli près de 750'000 visiteurs en quatre mois, un record pour Orsay.
D'un budget de 50 millions d'euros sur fonds propres dont 25 millions restent à trouver auprès de mécènes, ces travaux sont devenus "nécessaires" dans ce musée conçu à l'origine pour accueillir 1,5 million de visiteurs par an, selon M. Leribault.
L'Etat subventionne Orsay et l'Orangerie à hauteur de 1,5 million d'euros par an au titre des monuments historiques, soit 15 millions sur 10 ans pour l'entretien du bâtiment, plus gros poste de dépense de l'établissement, indépendamment de ces travaux.
Le parcours des collections permanentes a été totalement repensé avec un réaccrochage qui doit "donner des clefs au public" en contextualisant mieux les bouleversements historiques qui sous-tendent sa production entre 1848 et 1914", selon M. Leribault.
Ce repositionnement des collections autour de thématiques comme le colonialisme, la démocratie, la guerre, les animaux ou le nu féminin, a été conçu en étroite collaboration avec la création d'un centre de recherches accueillant chercheurs, étudiants et enseignants, qui doit ouvrir en 2027, à deux pas du musée.
D'un coût de 25 millions d'euros sécurisés depuis fin 2022, il a vocation à devenir un "haut lieu de la recherche mondiale en histoire de l'art sur la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle", selon M. Leribault.
Pour que "les chefs d'oeuvre du XIXe siècle continuent de parler au public du XXIe siècle", le temple de l'impressionnisme prévoit des expositions temporaires d'artistes contemporains offrant des "contrepoints" au XIXème siècle.
Il s'ouvre aux esthétiques urbaines invitées dans son enceinte et poursuit l'accueil des enfants à qui sont proposés gratuitement des activités artistiques pendant les vacances scolaires dans un somptueux espace dédié. L'Orangerie, sous l'égide de Claire Bernardi, se dote d'un espace consacré aux tout-petits.
De septembre à fin 2024, la programmation culturelle intègre encore plus de spectacle vivant avec 50 manifestations supplémentaires associant danse contemporaine, défilés hip-hop, chant lyrique, rap ou lectures créatives. La saison s'ouvrira mi-septembre avec la performance du funambule Nathan Paulin dans un spectacle chorégraphié par Rachid Ouramdane.