Le règlement Dublin pourrait être aboli
La Commission européenne veut en finir avec le règlement de Dublin
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prôné l'abolition du règlement confiant la responsabilité des demandes d'asile aux pays d'entrée des migrants dans l'UE. Ce dispositif, au coeur du système européen actuel, cristallise les tensions.
L'exécutif européen doit présenter le 23 septembre sa proposition de réforme de la politique migratoire dans l'UE, très attendue et plusieurs fois repoussée. Le débat sur le manque de solidarité entre pays européens a été relancé par l'incendie du camp de Moria sur l'île grecque de Lesbos.
"Au coeur (de la réforme) il y a un engagement pour un système plus européen", a déclaré Ursula von der Leyen devant le Parlement européen, où elle a prononcé dans la matinée son premier discours sur l'état de l'Union européenne.
"Je peux annoncer que nous allons abolir le règlement de Dublin et le remplacer par un nouveau système européen de gouvernance de la migration", a poursuivi Mme von der Leyen.
"Il y aura des structures communes pour l'asile et le retour. Et il y aura un nouveau mécanisme fort de solidarité", a-t-elle dit, alors que les pays qui sont en première ligne d'arrivée des migrants (Grèce, Malte, Italie notamment) se plaignent de devoir faire face à une charge disproportionnée.
La dirigeante, qui a fait de cette réforme l'une des priorités de son mandat, n'est toutefois pas entrée dans les détails de ce "nouveau Pacte européen sur la migration et l'asile", qui seront dévoilés mercredi prochain.
Cinq ans après la crise migratoire de 2015, l'UE est attendue au tournant, les tentatives précédentes de réformer le système ayant échoué en raison des divisions entre Européens, qui doivent endosser la proposition de la Commission.
"Les images du camp de Moria nous rappellent douloureusement que l'Europe doit agir dans l'unité", a souligné Ursula von der Leyen dans son discours. "Nous devons intensifier nos efforts en la matière et prendre nos responsabilités".
En réponse à la Grèce, qui souhaite une implication plus active de l'UE dans la gestion du centre qui remplacera celui de Moria, elle a confirmé que la Commission travaillait à "un projet pilote mené conjointement avec les autorités grecques, pour installer un nouveau camp sur l'île de Lesbos".
"Nous pouvons apporter notre aide dans le cadre des procédures d'asile et de retour et améliorer sensiblement les conditions de vie des réfugiés", a-t-elle dit.
Mais "nous attendons de tous les États membres qu'ils intensifient eux aussi leurs efforts", a insisté Ursula von der Leyen. "La migration constitue un défi européen et c'est l'ensemble de l'Europe qui doit faire sa part".
Ces dernières années, les tentatives de "relocalisation" des demandeurs d'asile dans l'UE se sont heurtées au refus des pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie) d'accueillir des migrants.
Dans l'immédiat en ce qui concerne Moria, une dizaine de pays européens ont accepté d'accueillir quelque 400 enfants et adolescents non accompagnés qui se trouvaient dans le camp sinistré.
L'Allemagne, qui exerce la présidence semestrielle de l'UE, a été comme en 2015 la plus encline à ouvrir ses portes aux réfugiés, en annonçant qu'elle prendrait, outre quelque 150 mineurs non accompagnés, plus de 1500 personnes, des familles essentiellement. La chancelière Angela Merkel a déploré à cette occasion une absence de solution européenne concertée pour accueillir davantage de réfugiés.
Dans le cadre du "pacte migratoire", Ursula von der Leyen a aussi promis "des mesures pour lutter contre les passeurs, pour renforcer les frontières extérieures, pour approfondir les partenariats extérieurs et pour créer des voies légales d'accès".