Gestes de la junte au Mali
L'ONU a eu accès au président Keïta, la junte libère deux détenus
La junte au pouvoir au Mali a fait un geste en permettant à l'ONU de rencontrer le président Ibrahim Boubacar Keïta. Les militaires ont aussi libéré deux détenus avant l'arrivée samedi à Bamako d'une délégation ouest-africaine pour réclamer le retour à l'ordre.
La mission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) va être conduite par l'ancien président nigerian Goodluck Jonathan, accompagné du président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou, et du ministre des Affaires étrangères du Niger, Kalla Ankourao, a-t-on appris vendredi auprès de l'organisation à Bamako. La junte recevra "avec plaisir" samedi cette délégation de l'Afrique de l'Ouest, a ensuite dit à l'AFP un responsable de la junte.
Le geste des militaires, qui assurent vouloir organiser une transition politique de courte durée, intervient alors que l'opposition appelle à de grands rassemblements vendredi après-midi à Bamako pour "fêter la victoire du peuple malien", trois jours après la chute du président Keïta, au pouvoir depuis 2013.
Jeudi soir, les putschistes avaient permis à une équipe de l'ONU de rendre visite aux personnalités qu'elle détient, dont le président renversé et son Premier ministre Boubou Cissé.
Lors de leur coup d'Etat mardi, les militaires ont arrêté le président Keïta, dit "IBK", qui a ensuite annoncé sa démission dans la nuit, et son Premier ministre Boubou Cissé, qu'ils ont emmenés dans le camp militaire de Kati, dans la banlieue de Bamako, devenu le centre du nouveau pouvoir.
"Nous avons autorisé une mission des droits de l'homme de l'ONU au Mali à rendre visite à tous les 19 prisonniers de Kati, y compris l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta et l'ancien Premier ministre Boubou Cissé", a déclaré à l'AFP un responsable de la junte s'exprimant sous couvert d'anonymat.
D'autres personnalités ont également été arrêtées, dont le ministre de la Défense et celui de la Sécurité, les généraux Ibrahima Dahirou Dembélé et M'Bemba Moussa Keïta, le président de l'Assemblée nationale Moussa Timbiné et le chef d'état-major de l'armée, le général Abdoulaye Coulibaly.
"Nous avons libéré deux prisonniers, l'ancien ministre des Finances et de l'Economie Abdoulaye Daffé et Sabane Mahalmoudou", le secrétaire particulier du président, a affirmé le responsable de la junte. "Deux prisonniers ont été libérés. Il en reste 17 à Kati. C'est la preuve que nous respectons les droits de l'homme", a-t-il poursuivi.
Abdoulaye Daffé est considéré comme étant proche du chérif de Nioro, le mentor de la figure de proue de la contestation qui réclamait depuis juin la démission du président Keïta, l'imam Mahmoud Dicko.