Débat autour des fonds pour la culture
Le National entre en matière sur l'enveloppe pour la culture
L'enveloppe pour la culture fait débat au National. La droite a tenté lundi de rejeter ou de renvoyer au Conseil fédéral tout ou une partie du projet. Les députés n'ont toutefois pas suivi et sont entrés en matière.
Le projet prévoit un montant total de 934,5 millions pour les quatre prochaines années. Il s'inscrit dans la continuité des axes d’action définis pour 2016-2020: cohésion sociale, participation culturelle, création et innovation.
Pour l'UDC, il aurait dû être renvoyé au Conseil fédéral. Le parti voulait que le gouvernement compense, dans le cadre du plafond de dépenses, les crédits à fonds perdu versés en vertu de l’ordonnance Covid dans le secteur de la culture.
"Nous ne devons pas privilégier une branche sur les autres", a lancé Peter Keller (UDC/NW). Les autres entreprises préfèreraient également ne pas rembourser leurs crédits d'urgence. La culture ne doit pas être favorisée.
"Le secteur culturel a été l'un des premiers à avoir souffert et est l'un des plus touchés aussi à moyen terme. Ce n'est pas le moment de relâcher notre soutien", a contré Mathias Reynard (PS/VS).
L'UDC demandait également de renoncer à toute croissance des dépenses, la valeur de départ devant être le crédit budgétaire 2020 du Conseil fédéral, soit 221,4 millions. "La somme prévue est dérisoire par rapport au budget de l'armée", a fait valoir Stefania Prezioso Batou (Verts/GE). Cela représente 0,3% des dépenses de la Confédération, a abondé Mathias Reynard.
Pour le ministre de la culture, il n'y a aucune logique à faire un lien entre les mesures pour contrer les conséquences de la pandémie et le message culturel. La proposition de renvoi de l'UDC a été rejetée par 134 voix contre 51.
Insatisfaite des mesures concernant le cinéma, la droite a également tenté de les rejeter. "Le projet n'apporte aucune valeur supplémentaire", s'est emporté Christian Wasserfallen (PLR/BE). Netflix et les autres grandes plateformes de streaming n'auront aucun problème à proposer 30% de films européens dans leurs programmes. A l'inverse, les petits fournisseurs suisses auront plus de mal à remplir ces quotas, a dénoncé le Bernois.
"Si l'on souhaite vraiment défendre notre place culturelle et nos créateurs, c'est un chemin qu'il faut faire", a noté le ministre de la culture Alain Berset. Et de souligner qu'il s'agit "d'un pas minime".
Pendant la crise du coronavirus, les géants du web, comme Netflix, ont engendré des milliards grâce à leurs plateformes de streaming sans pour autant participer à l'encouragement de la création cinématographique suisse, a quant à lui rappelé Fabien Fivaz (Verts/NE). "Le projet permettrait de corriger une inégalité entre ces médias et les fournisseurs suisses".
De nombreux orateurs ont quant à eux souligné l'importance de la culture pendant et en dehors de la crise. "Sans culture, il nous manquerait quelque chose d'important", a par exemple souligné Lilian Studer (PEV/AG). Les députés ont ainsi balayé, par 123 voix contre 62, la proposition de rejet.
Ils ont réservé le même sort, par 107 voix contre 78, à une autre tentative du camp bourgeois de renvoyer les mesures sur le cinéma au Conseil fédéral. Le gouvernement aurait dû revoir sa copie, faisant notamment en sorte que toutes les entreprises distribuant des films en Suisse supportent proportionnellement la même charge financière et que la législation puisse être appliquée aux entreprises étrangères.
Les débats se poursuivent.