Conflit au Soudan: la CPI ouvre une nouvelle enquête pour crimes de guerre
La Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une nouvelle enquête pour crimes de guerre au Soudan, a annoncé jeudi son procureur. Elle a souligné que l'escalade de violence dans le pays suscite une "grande préoccupation".

Karim Khan a fait cette annonce dans un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU alors que le pays est depuis trois mois replongé dans le chaos en raison d'un conflit entre deux généraux qui se disputent le pouvoir.
La juridiction, qui siège à La Haye, avait été saisie en 2005 par le Conseil de sécurité sur la situation dans la région soudanaise du Darfour et avait émis un mandat d'arrêt contre l'ancien dirigeant Omar el-Béchir, comprenant des allégations de génocide
"La vérité est que nous risquons, à ce Conseil et dans le monde - et alors que nous avons de plus en plus d'informations -, de permettre à l'Histoire de se répéter; la même histoire épouvantable qui a poussé ce Conseil à saisir la CPI en 2005 de la situation au Darfour", a lancé Karim Khan devant le Conseil.
"La situation sécuritaire actuelle au Soudan et l'escalade de la violence pendant les hostilités actuelles sont des sujets de grande préoccupation", indique son rapport. Le bureau du procureur peut ainsi "confirmer qu'il a ouvert une enquête sur les incidents survenus dans le contexte des hostilités actuelles".
Le rapport précise qu'il y a eu "un large éventail de communications" concernant des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité présumés au Soudan depuis le début des combats en avril.
Les crimes sexuels et sexistes présumés, "y compris des campagnes présumées de viols collectifs", "particulièrement préoccupants", sont au centre de la nouvelle enquête, a-t-il ajouté.
Selon le rapport de M. Khan, le risque de nouveaux crimes de guerre est "aggravé par le mépris clair et de longue date manifesté par les acteurs concernés, y compris le gouvernement du Soudan, envers leurs obligations".
Le Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan, a été ravagé par une guerre civile qui a débuté en 2003 entre le régime à majorité arabe d'Omar el-Béchir et les insurgés issus de minorités ethniques dénonçant des discriminations. M. el-Béchir avait envoyé contre la rébellion la milice armée des Janjawids, qui ont par la suite donné naissance aux FSR.
Omar el-Béchir, âgé de 79 ans, ainsi que les dirigeants Ahmed Haroun et Abdel Raheem Hussein sont réclamés depuis plus de dix ans par la CPI pour "génocide" et crimes contre l'humanité lors du conflit au Darfour.
L'absence de justice pour les crimes au Darfour au début des années 2000, a "semé les graines de ce dernier cycle de violences et de souffrances", selon M. Khan. Même avant les récents combats, il y avait une "détérioration encore plus importante de la coopération des autorités soudanaises", selon son rapport.
La seule personne à avoir comparu devant les juges de la CPI jusqu'ici est Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, l'ancien chef de la milice des Janjawids, également connu sous son nom de guerre d'Ali Kosheib.
Le conflit au Darfour a fait environ 300'000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon les Nations unies.