Septième jour de grève de Bernard Rappaz pour ses filleuls
A son septième jour de grève, Bernard Rappaz manifestait mercredi devant les bureaux de l'Autorité de protection de l'enfant et de l'adulte de Sion contre le placement de trois enfants, dont ses filleuls. Les autorités renvoient au jugement du tribunal cantonal.
La fillette de 11 ans et les jumeaux de 24 mois sont placés en foyer et famille d'accueil depuis le 13 août dernier. Une décision qui a poussé Bernard Rappaz, bientôt 69 ans, à entamer le 20 janvier une grève de la faim. Il est soutenu par un comité d'action, constitué par les parents, qui juge le placement "injuste".
C'est que l'affaire est complexe. Les jumeaux, filleuls de Bernard Rappaz, sont nés à la suite d'une gestation pour autrui (GPA) à l'étranger, une procédure interdite en Suisse et que le couple a tenté de camoufler aux autorités valaisannes. Ce qui leur a d'ailleurs valu une condamnation pour fausse déclaration.
Pour régulariser la naissance des enfants, les parents se lancent dans une procédure d'adoption, qu'ils jugent "trop lente et pleine d'embûches administratives". Ils décident alors de commencer de nouvelles démarches à Fribourg "où les procédures semblaient moins complexes", explique à Keystone-ATS la mère originaire de ce canton. Informés et s'appuyant sur les divers éléments du dossier, les services sociaux valaisans font placer les enfants après une intervention de la police fribourgeoise.
Mercredi, plusieurs membres, dont la mère des trois enfants, entouraient Bernard Rappaz et distribuaient des tracts aux passants. "Les autorités ont dérapé avec cette affaire, estime ce dernier. La petite n'a pas vu ses parents ni à Noël, ni à son anniversaire, ni à nouvel an. Et les jumeaux sont placés dans un lieu qui ne leur a pas été communiqué. Ce sont les autorités valaisannes qui sont dans la maltraitance". Il regrette également que tous leurs courriers restent "systématiquement sans réponse".
Du côté des autorités, on renvoie au jugement du tribunal cantonal publié vendredi dernier et qui partage l'avis de l'APEA demandant le placement des enfants. Dans cette décision, que l'agence de presse a pu se procurer, la cour retient que le couple a fourni "de nombreuses informations erronées" sur la naissance des jumeaux, mais aussi sur leurs antécédents.
Si l’intervenante en protection de l’enfant n’a pas observé directement de mise en danger des jumeaux, elle relève toutefois que la mère a été condamnée en France en 2013 à deux ans de prison pour abandon d’enfant et violences aggravées à l'encontre de ses deux filles aînées, écrit le tribunal cantonal. "Ce sont des faits vieux d'une dizaine d'années, riposte-t-elle. Rien à voir avec ce qui se passe actuellement. Il n'y a pas eu de maltraitance envers ma fille ou les jumeaux. Il n'y a pas de raison de nous les enlever".
Dans le jugement rendu, l'Office de la protection de l’enfant rappelle aussi les événements de l'été 2021 lorsque les recourants ont laissé les deux jumeaux âgés d’un an et demi sous la garde de la fillette âgée de neuf ans et demi.
Le tribunal cantonal "soutient systématiquement les décisions de l'APEA", s'insurge la mère. "On n'a rien à se reprocher. On a été escroqué par la justice valaisanne qui pratique un copié-collé des propos de l'APEA", ajoute-t-elle.
Le couple a déposé un recours auprès du Tribunal fédéral qui l'a déclaré irrecevable. Quant à Bernard Rappaz, il a indiqué mercredi qu'il n'interromprait sa grève de la faim, qu'une fois les enfants de retour.