Plus de 20 ans après les faits, un homme comparaît pour viol sur enfant
Près de 20 ans après les faits, un homme de 58 ans comparaissait ce lundi devant le Tribunal cantonal. Il est accusé de viol sur enfant. Des actes qu’il aurait commis sur sa belle-sœur dès ses huit ans.

Ambiance pesante ce lundi matin au Tribunal cantonal (TC) à Sion. La justice statuait sur une affaire, qui oppose deux membres de la même famille. D’un côté la victime, qui accuse son beau-frère de viol. De l’autre, le prévenu. Il est accompagné par sa femme (la sœur de la victime) qui croit en son innocence. L’homme, âgé aujourd’hui de 58 ans, est accusé de viol, de contrainte sexuelle et d’acte d’ordre sexuel sur enfant. Les faits se seraient déroulés entre 1994 et 2002. A savoir entre les huit et les seize ans de la victime. Selon l’acte d’accusation, le prévenu aurait fait visionner un film pornographique à sa belle-sœur, alors âgée de seulement huit ans. Il aurait aussi obligé la victime à lui prodiguer une fellation et l’aurait, toujours la même année, pénétrée analement et vaginalement.
«Les actes sont très graves, répétés et choquants»
Patrick Burkhalter, premier procureur
Vers les onze, douze ans de la victime, l’homme serait entré dans la salle de bain pendant que sa belle-sœur prenait sa douche et lui aurait introduit de force un déodorant dans son vagin. Un acte qui a nécessité une visite à l’hôpital pour retirer le bouchon du déodorant, resté coincé dans le vagin.
Des faits prescrits ?
L’avocate du prévenu a tenté lors de l’audience de ce lundi de rendre ce dernier acte prescrit. Car selon la loi, les faits commis sur un enfant de plus de douze ans sont prescrits. «La loi prévoit maintenant une imprescriptibilité des actes d’ordre sexuel envers des enfants de moins de douze ans,» explique Audrey Wilson-Moret, avocate de la plaignante. Tout l’enjeu du procès consistait ainsi à dater précisément les faits.
Autre problématique dans ce dossier : l’absence de témoins et de preuves. Les faits se sont déroulés à huis clos. «Deux versions des faits s’opposent», a rappelé le procureur Patrick Burkhalter, pour qui le doute n’est pas insurmontable. «Les faits sont crédibles. La victime se rappelle de détails, des sensations qu’elle a eu». Un récit nuancé par l’avocate du prévenu lors de sa plaidoirie. «La mémoire est variable. Les souvenirs peuvent changer avec le temps. En portant plainte vingt ans plus tard, la victime a pu réfléchir, peaufiner son récit», précise Laetitia Dénis.
«Je n’ai jamais violé cette femme. Croyez-moi !»
Le prévenu
La victime a porté plainte en 2018, soit près de 20 ans après la fin des agressions. «Quand les victimes sont sous l’emprise d’un contexte familial, elles ont l’impossibilité de dénoncer ces faits sur le moment», argumente Audrey Wilson-Moret, avocate de la partie civile. «C’est pour cela qu’on a des dénonciations qui arrivent des années après», ajoute-t-elle.
Le prévenu nie les faits
Comme en première instance au Tribunal d’arrondissement de l’Entremont, le Ministère public a requis quatre ans de privation de liberté à l’encontre du prévenu. «Les actes sont très graves, répétés et choquants », a insisté le procureur dans son réquisitoire. De son côté, l’avocate du prévenu, Laetitia Dénis, a plaidé l’acquittement. Au terme du procès, la parole a été donnée une dernière fois au prévenu. En sanglotant, l’homme a assuré qu’il n’y était pour rien dans cette affaire. «J’irai jusqu’au bout pour rétablir la vérité. Je n’ai jamais violé cette femme. Croyez-moi», a-t-il lancé la cour.
Le jugement sera rendu ultérieurement.