La grogne après la suppression de la "caisse décès" du site chimique de Monthey
Unia Valais et d'anciens collaborateurs dénoncent la fin de la "caisse décès" des actuels et ex-employés du site chimique de Monthey, parlant d'un "acte insensé et anti-social". Mais pour les entreprises du site, cette collecte est un reliquat d'un autre temps.
Jusqu'au 1er janvier 2022, chaque employé actif qui le souhaitait pouvait donner 1 ou 2 francs en cas de décès d'un de leurs collègues et le montant récolté - environ 1500 francs ces dernières années - était entièrement et immédiatement redistribué aux proches. Environ 750 employés sur les quelque 2000 que compte le site chimique - toutes entreprises confondues - participaient à cette caisse. La "caisse décès" était activée dans le cas du décès d'un des 1938 ayants droit (1188 retraités au 8 janvier 2021 et 750 actifs).
Or les cinq entreprises du site chimique, Cimo, Syngenta, BASF, Huntsman et Sun Chemical ont décidé unilatéralement de supprimer cette caisse, sans en avertir les employés retraités, les principaux concernés, et sans proposer de solution, dénonce UNIA Valais. "C'est inadmissible. D'autant que les entreprises ne financent pas cette caisse", s'exclame Blaise Carron, secrétaire régional du syndicat.
Reliquat d'un autre temps
Pour les entreprises, ce système est hérité d'un autre temps, quand le site chimique de Monthey ne comptait qu'une seule entreprise. Aujourd'hui, il en compte cinq et celles-ci ont communément décidé de le résilier fin 2021. "Au fil des années, le mandat de gestion de cette caisse s'est complexifié administrativement parlant", indique à Keystone-ATS le responsable des ressources humaines de CIMO Sylvain Künzi. Celui-ci relève notamment les contraintes légales en lien avec la protection des données ainsi que les difficultés de rechercher des ayants droit, parfois dispersés géographiquement.
L'argumentation ne tient pas, réplique Blaise Carron. "Les entreprises du site chimique gèrent des processus très complexes et brassent des milliards. Retrouver les proches de personnes décédées ne semble pas insurmontable", ajoute-t-il. Le syndicat, qui dit avoir essayé de trouver une solution à l'amiable, parle d'un "préjudice important" et demande réparation pour les bénéficiaires de cette caisse.
Pour Blaise Carron, "si ces entreprises suppriment cette caisse, alors elles doivent s'y substituer et prendre à leur charge les montants versés en cas de décès". Il s'agit d'un système basé sur la solidarité des employés et non pas sur un financement des sociétés, répond CIMO. L'entreprise souligne avoir cherché une solution auprès de fiduciaires externes ou des commissions du personnel. "Personne n'a souhaité reprendre la gestion de cette caisse", poursuit Sylvain Künzi, pour qui le dossier est clos.