Rencontre avec Céline Zufferey, après la publication de son 2e roman chez Gallimard
La Valaisanne Céline Zufferey a publié ce printemps son deuxième roman "Nitrate" chez Gallimard. Elle était récemment de passage en Valais pour le festival international de littérature de Loèche-les-Bains. Rencontre.

Elle fait partie du club très fermé des écrivains valaisans publiés chez Gallimard. A 32 ans seulement, la Grangearde Céline Zufferey a publié ce printemps son deuxième roman, baptisé « Nitrate ».
Le nitrate de cellulose était en effet la matière à partir de laquelle les premières pellicules de cinéma étaient fabriquées. Or, dans ce deuxième roman, Céline Zufferey s'intéresse à une personnalité centrale des premières années du septième art, mais qui est depuis tombée dans l'oubli, la première cinéaste Alice Guy.
« Les gens qui la connaissent sont très minoritaires. (...) C'était une pionnière et les pionniers sont souvent oubliés parce qu'ils ont commencé trop tôt et qu'ils se sont arrêté trop tôt »
Céline Zufferey, auteure de « Nitrate »
Céline Zufferey a découvert Alice Guy un peu par hasard, avant de décider d'empoigner ce destin hors du commun dans son livre :
La différence entre histoire et légende
Mais l'auteure n'est pas historienne du cinéma. Elle a donc dû faire de longues recherches avant de pouvoir commencer à écrire ce récit. Pour ce faire, elle a rencontré des historiens, des collectionneurs ; elle s'est aussi rendue au CNC, le centre national du cinéma et de l'image animée, à Paris.
« Je me suis rendu compte de la différence entre l'histoire en tant que discipline scientifique et l'histoire que connaît le grand public qui équivaut à la légende »
Céline Zufferey, auteure de « Nitrate »
Cette année de travail lui a permis de s'interroger sur la mémoire et sur la façon dont s'écrit l'histoire. Pourquoi les frères Lumière et George Méliès sont-ils restés dans l'histoire comme les inventeurs du cinéma, là où tant d'autres pionniers, dont Alice Guy, ont été oubliés ? se demande notamment Céline Zufferey.
"Un grand espace de liberté"
Ce deuxième roman de Céline Zufferey était très attendu, car il est publié six ans après son premier livre « Sauver les meubles » qui avait été très bien accueilli. La Valaisanne désormais installée à Lyon n'avait que 25 ans au moment de la publication de ce premier livre.
Elle aurait donc pu être paralysée par le trac au moment de se remettre au travail. Mais elle avoue ne pas avoir ressenti de pression particulière. «C'était plutôt un espace de liberté très grand. J'avais montré que j'étais capable d'écrire un roman. Je m'étais montré à moi-même que j'étais capable d'aller jusqu'au bout. J'étais éditée. Ce qu'il restait, c'était de continuer à écrire », explique-t-elle.
Céline Zufferey sourit quand on lui demande quelle est la recette de son succès. Elle estime « avoir eu la chance de rencontrer les bonnes personnes au bon moment » mais reconnaît aussi avoir eu des échecs, tout au début de sa carrière. Malgré cela, « il faut avancer et se dire que ce n'est pas la fin du monde et qu'on trouvera une autre route », souligne-t-elle.
L'auteure avoue ne pas avoir commencé à travailler sur son prochain livre. « Ecrire c’est un peu se jeter dans un trou sans fond. Le saut n’est pas très rassurant. Pour l’instant, je me tiens encore sur le bord et je me demande si je vais sauter ou pas », conclut-elle avec un sourire.
Retrouvez ci-dessous une interview en version longue de Céline Zufferey: