Thibaut Monnet: «Je n’ai aucun regret»

Christophe Moreillon
Journaliste sportif RP

C’est une page de l’histoire du hockey valaisan qui s’est tournée. À 40 ans, Thibaut Monnet met un terme à sa carrière, 25 ans après ses débuts en ligue nationale. Le Martignerain possède le plus beau palmarès pour un hockeyeur de notre canton.

La nouvelle a été officialisée la semaine dernière: à 40 ans, Thibaut Monnet a décidé de mettre un terme à sa carrière professionnelle. Lorsqu’on lui téléphone, c’est donc un jeune retraité qui répond à l’autre bout du fil. «Ce statut me fait un petit peu bizarre», avoue-t-il en rigolant. «Mais je m’y préparais depuis quelques mois. Il fallait que j’arrête pour ne pas prendre de risques.»

Ne pas prendre de risques inutiles

Cette décision de raccrocher les patins s’est en effet imposée au Martignerain d’origine. Tout commence à la fin août dernier lorsqu’il est victime d’une commotion lors d’un match de préparation disputé avec le HC Sierre face à Viège. «Sur le moment, même si le coup m’avait fait mal, je pensais pouvoir revenir en prenant mon temps.» Des espoirs rapidement douchés par les discussions menées avec son entourage et surtout ses médecins. «J’avais toujours des gênes au moment d’essayer de reprendre le sport, notamment au niveau des yeux. On sait que dans le hockey, si on baisse la tête et qu’on met du temps à la relever, on peut vite se prendre une nouvelle charge dont les conséquences peuvent être encore plus graves. Je n’avais donc aucune intention de jouer avec le feu et de prendre des risques inutiles.»

«Si ça ne m’était pas arrivé, j’aurais peut-être tout fait pour continuer le plus longtemps possible et on aurait certainement fini par me foutre dehors!»Thibaut Monnet

S’il n’est plus apparu sur la glace depuis cette fameuse rencontre face aux Haut-Valaisans, Thibaut Monnet est resté en contact avec le HC Sierre, notamment par le biais du directeur sportif Christophe Fellay. «Ma décision d’arrêter a été vite comprise par le club. Les dirigeants n’avaient aucun intérêt à garder un élément qui ne servait à rien sur la glace.» C’est donc sur une saison blanche que Thibaut Monnet boucle son parcours de hockeyeur professionnel. «Je ne suis pas amer de finir comme ça. Je n’ai de toute manière pas le choix d’accepter ce destin. Et puis bon, si ça ne m’était pas arrivé, j’aurais peut-être tout fait pour continuer le plus longtemps possible et on aurait certainement fini par me foutre dehors!»

Sur la glace de 15 à (presque) 40 ans

Thibaut Monnet clôt ainsi un long chapitre de sa vie. Un chapitre débuté il y a 25 ans par ses premières apparitions en Ligue B, «chez lui» à Martigny. «Quand je regarde dans le rétroviseur, ma plus grande fierté est d’avoir été constant durant toutes ces années. J’ai toujours répondu présent, de 15 à presque 40 ans.» Une longévité qu’il explique par le travail accompli tout au long de son parcours et par une bonne hygiène de vie…mais pas seulement. «Au final, ce qui m’a porté durant toutes ces années, c’est ma passion du hockey. Le plaisir de jouer ne m’a jamais quitté.»

«Chaque moment de ma carrière a compté. Même les plus difficiles car ils m’ont permis de me construire en tant qu’homme.»Thibaut Monnet

Le Valaisan avoue qu’au moment d’effectuer ses premiers shifts du côté du Forum, il ne s’imaginait pas durer aussi longtemps au plus haut niveau. «À l’époque, rien que de jouer en Ligue B dans le club de ma ville représentait un rêve.» De Martigny à Sierre, Thibaut Monnet a pas mal bourlingué. Il a porté 11 maillots différents en ligue nationale mais surtout, il a disputé près de 1'200 matches dans les deux premières divisions du pays. «Je ne retiens pas un souvenir plus qu’un autre», souffle celui qui a notamment remporté deux titres de champion et une Ligue des Champions avec Zurich. «Chaque moment de ma carrière a compté. Même les plus difficiles car ils m’ont permis de me construire en tant qu’homme.»

Marqué par la ferveur d’Ambri

Si c’est à Zurich que Thibaut Monnet a vécu les plus beaux succès de sa carrière, un autre club l’a particulièrement marqué. «Au niveau de l’ambiance, rien n’égale Ambri. Je me rappelle notamment des derbys contre Lugano. Tout le canton ou presque était derrière nous. Des personnes âgées, des enfants, les ultras, tout le monde se retrouvait dans la Curva pour nous pousser. On était tous ligués contre les Luganais. Cette passion, elle ne se retrouve nulle part ailleurs.»

«Représenter mon pays a toujours été une immense fierté, même pour des matches amicaux.»Thibaut Monnet

Outre son parcours en club, le néo-retraité a également défendu à 149 reprises les couleurs de l’équipe de Suisse. Il a disputé les Jeux Olympiques de Vancouver et sept Mondiaux, dont ceux de 2013 marqués par une médaille d’argent à Stockholm. «Je n’ai jamais refusé un appel de la fédération. Représenter mon pays a toujours été une immense fierté, même pour des matches amicaux. Les championnats du monde et les Jeux, c’était l’apothéose. À chaque fois, nos fans nous accompagnaient. L’atmosphère était toujours incroyable lors de ces grands événements.»

Un conseiller précieux pour la nouvelle génération

Thibaut Monnet raccroche aujourd’hui les patins avec, à clé, le plus beau palmarès de l’histoire du hockey valaisan. «Je n’ai vraiment aucun regret concernant mon parcours», affirme-t-il. Il ne quitte pas pour autant le monde du sport puisqu’il a créé il y a quelques années une société qui gère la carrière de jeunes athlètes. «Préparer mon avenir à l’avance était important. Avec mes deux associés, on les aide tant financièrement qu’administrativement. Être là pour épauler cette nouvelle génération, c’est vraiment cool. Le principal conseil que je leur donne? Toujours rester positif, garder les pieds sur terre car tout va très vite dans le sport et surtout, s’amuser. Si le plaisir est là, il faut foncer.»

CM
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