"La population de chamois diminue, cela doit nous alerter", les mots sont de Pascal Vuignier, le président de la Fédération Valaisanne des Sociétés de Chasse. La Fédération tenait son assemblée générale ce week-end à Zinal, l'occasion de revenir sur la problématique du chamois, l'un des emblèmes de nos montagnes. "Le phénomène touche l'ensemble de l'arc alpin et malheureusement le Valais n'échappe pas à cette tendance", explique Pascal Vuignier. Les quelques 20'000 chamois présents en Valais subissent une pression toujours plus forte. La population a diminué de 10 à 15% en quelques années à peine (ils étaient encore 22'500 en 2008, selon les données du Service de la chasse). Comment expliquer ces diminutions ? Plusieurs pistes sont avancées.
Le chamois est concurrencé sur son propre terrain. Deux animaux lui font de l'ombre : l'un vient des forêts en contrebas, l'autre de la cime des montagnes. Et au milieu, le chamois se retrouve comme pris en sandwich. "D'un côté, le cerf se déplace davantage en haute montagne, sur le terrain des chamois... De son côté, le bouquetin descend plus facilement", résume Pascal Vuignier. On rappellera ici que, contrairement au chamois, ces deux espèces ne connaissent pas de diminution d'effectifs, au contraire. Le nombre de bouquetins par exemple a pris l'ascenseur, une augmentation de 25% ces dernières années, selon les chiffres du Service valaisan de la chasse. Ils étaient 4'500 en 2007, plus de 6'000 aujourd'hui.
[Ndlr : sur ce sujet, la politique s'en mêle : Rhône FM vous révélait la semaine passée que des députés valaisans avaient déposé un postulat au Grand Conseil demandant davantage de tirs de bouquetins afin de préserver le chamois.]
Il y a aussi la pression exercée par l'humain. "On a constaté une augmentation marquée de la mortalité hivernale chez le chamois", nous dit le patron de chasseurs valaisans. En cause, le développement des activités de randonnée, peau de phoque et raquettes. La pression augmente sur le chamois, déjà éprouvé par les conditions climatiques. "Il faut faire davantage de prévention, expliquer aux gens quels sont les endroits où ils ne doivent pas aller pour ne pas perturber les animaux".
On savait bien qu'on allait parler de lui. Contrairement à une idée reçue (que partageait votre humble journaliste), le chamois n'est pas préservé des attaques. "Le loup s'est installé, sa croissance est marquée, les meutes s'établissent durablement. On le voit dans le Val d'Hérens, une meute était installée à plus de 2000 mètres d'altitude l'été. Elle a chassé le chamois durant tout l'été. Le loup est un animal opportuniste, s'il y a du chamois, il mangera du chamois."
Ce qui pourrait surprendre, et ce qui complique peut-être les choses, c'est que toutes les régions valaisannes ne sont pas égales face au chamois. Dans certains coins, tout va bien, il est même en légère augmentation ! En revanche, dans d'autres régions, la présence du chamois diminue : vallée de Conches, Zermatt ou encore le fond du Val de Bagnes... Là, le chamois a connu des baisses d'effectif importantes.
"Dans le fond du Val de Bagnes, le chamois a connu des baisses d'effectif importantes" Pascal Vuignier, président de Fédération Valaisanne des Sociétés de Chasse
Alors, y a-t-il des mesures concrètes sur le terrain ? "Tout à fait", répond Pascal Vuignier. "La sonnette d'alarme est tirée depuis longtemps déjà. Le chamois est une espèce qui fait l'objet de beaucoup d'attention de la part des chasseurs, de la part du Service de la chasse et de toutes les organisations concernées. Des mesures ont été prises, nous avons adapté nos plans de tirs, nous avons créé des réserves satellites supplémentaires. Nous avons également instauré des restrictions dans les régions touchées, le Valais a mis en place des interdictions, soit en créant des réserves supplémentaires, soit en changeant les attributions."