Premières Neiges (5/10): Christophe Torrent, l'Arbazien que le froid excite
Certains l'attendent avec impatience, d'autres redoutent son arrivée. À l’heure des repas de fêtes, la neige divisent parfois autour de la table. Elle fait en revanche l’unanimité auprès des athlètes rencontrés dans le cadre de notre série «Premières Neiges». Christophe Torrent est l'un d'eux.
À 22 ans, Christophe Torrent n’a plus de temps à perdre. Membre du groupe NLZ Ouest, le jeune skieur se laisse jusqu’à la fin de l’hiver – qu’il qualifie lui-même de «saison de la dernière chance» - pour convaincre les dirigeants de Swiss Ski de l’intégrer aux cadres de la fédération. Après avoir enchaîné les courses ces dernières semaines, il dispose de quelques jours de congé. L’occasion pour lui de participer à notre série «Premières Neiges».
Retour 16 ans en arrière
Lorsqu’on l’interroge sur son premier souvenir en lien avec l’or blanc, Christophe Torrent fait un bond dans le passé et revient seize ans en arrière. «La première chose qui me vient à l’esprit, c’est mon tout premier entraînement entre les piquets. Je devais avoir six ans et tout de suite, j’ai pris énormément de plaisir.» S’il ne se rappelle en revanche pas de la première fois qu’il a vu les flocons tomber, le Valaisan l’avoue: «Encore aujourd’hui, je suis comme un enfant dès qu’il neige. J’adore ça!»
«J’ai débuté à Anzère et ça reste aujourd’hui ma station préférée.»Christophe Torrent
Originaire d’Arbaz, il n’a jamais eu à aller bien loin pour chausser les lattes. «J’ai débuté à Anzère et jusqu’à mes 16 ans, c’était vraiment mon spot d’entraînement. Notamment la piste des Luys qui est magnifique. Aujourd’hui encore, ça reste ma station préférée. Elle a l’avantage d’être un peu moins touristique que les autres. Si chacune possède sa piste d’entraînement, c’est parfois compliqué de bien pratiquer avec tout ce monde durant les Fêtes.»
Sur la neige dix mois sur douze
Si à ses débuts, Christophe Torrent se contentait de deux entraînements hebdomadaires – «le premier le mercredi après-midi, le second durant le week-end» -, la cadence a fortement augmenté au fil des années et des échelons gravis. «Aujourd’hui, je suis sur les skis de la mi-juillet à la mi-avril. Il n’y a finalement que deux mois lors desquels je ne vois pas la neige. Si j’arriverais à concevoir ma vie sans? Sans ski peut-être, sans neige ce serait plus compliqué…»
«J’aime quand elle est très dure, presque comme de la glace.»Christophe Torrent
De ses premières descentes à aujourd’hui, du ski «loisir» à celui de compétition, le Valaisan a eu l’occasion de se confronter à d’innombrables types de neige. Et il ne cache pas sa préférence. «J’aime quand elle est très dure, presque comme de la glace. En revanche, j’ai bien plus de peine sur les neiges molles. Je suis donc partagé lorsque je vois les flocons tomber. D’un côté, je me dis que c’est sympa, qu’on pourra aller faire de bonnes sorties dans la poudre. Mais d’un autre, surtout si j’ai une course le lendemain ou le surlendemain, je me dis que la piste va être molle et que ça ne va pas être facile pour moi de performer.»
La peur de ses parents
Christophe Torrent évoque ces «sorties dans la poudre», en dehors des pistes balisées. Qu’en pensent ses entraîneurs? «Écoutez, maintenant que j’ai 22 ans, je sais que je ne dois pas prendre de risques inconsidérés. Je pense aussi que les coachs sont contents que l’on se change les idées de temps en temps. Que l’on descende uniquement pour le plaisir sans penser à la technique ou à la performance.» Et quid de ses parents qui voient leur fils s’aventurer hors des sentiers battus? «Ils ont moins peur pour moi quand je suis dans la poudre que lorsque je fais de la compétition. Lorsque je me suis déchiré les ligaments croisés il y a deux ans à Wengen, ils étaient là les deux. Depuis, ils n’osent plus trop regarder mes courses, que ce soit en descente ou en Super-G…»
«J’aime quand ça pique. Lorsqu'il fait chaud, les chaussures sont molles...et moi aussi!»Christophe Torrent
Amoureux de l’or blanc, l’Arbazien l’est aussi, plus globalement, des températures fraîches. «Bon, je précise quand même que je prends moins de plaisir à skier quand il fait -20. Mais effectivement, j’aime quand ça pique un peu. Depuis toujours, je préfère le froid au chaud donc à ce niveau-là, je suis plutôt chanceux dans mon sport.» Une préférence que Christophe Torrent explique d’un point de vue matériel. Mais seulement. «Quand il fait chaud, les chaussures sont molles... et moi aussi! Au contraire, quand il fait froid, on reste peut-être un peu plus longtemps à l’intérieur mais dès qu’on sort, l’adrénaline est plus importante. Moi, le froid m’excite et m’aide à être plus performant.»
Témoin de la fonte des glaciers
En ce sens, impossible de passer à côté d’un phénomène auquel Christophe Torrent, comme l’ensemble des athlètes rencontrés dans le cadre de notre série et plus globalement des acteurs du cirque blanc, est confronté depuis plusieurs années: le réchauffement climatique. «Dire que ça me fait peur est peut-être un peu fort. Mais c’est vrai que depuis l’âge de 7-8 ans, j’ai l’habitude de monter sur les glaciers. Que ce soit aussi bien à Saas-Fee qu’à Zermatt. Et sincèrement, en quelques années, le recul de ces glaciers est évident. Ce n’est en tout cas pas une légende et ça fait quand même soucis.»
Membre du cadre NLZ Ouest, Christophe Torrent réalise un début de saison encourageant. À la fin novembre à Zinal, il a notamment réalisé le meilleur résultat de sa carrière en Coupe d'Europe. À 22 ans, le skieur d'Arbaz s'est fixé un ultimatum. Objectif: atteindre les cadres de Swiss Ski.