Portrait du mois : Ugo Ballerini vit pour le BMX
A 23 ans, Ugo Ballerini se consacre quasi exclusivement au BMX. Avec des soutiens locaux il rassemble un budget qui lui permet de parcourir la Suisse et l’Europe pour participer aux différentes épreuves. Portait.
Chaque mercredi, Ugo Ballerini profite de la piste ultra-moderne construite à côté du siège de l’Union Cycliste Internationale. Une bonne manière pour ce Chablaisien d’entretenir son rêve de grandes compétitions, tels que des championnats du monde ou les Jeux Olympiques. À 23 ans, le sportif de Troistorrents sait qu’il n’a pas encore tout à fait le niveau pour participer à ces épreuves. Il figure néanmoins parmi les 10 meilleurs Suisses de sa discipline. Et à en croire Ugo Ballerini, il rivalise parfois avec Simon Marquart et David Graf, les deux Helvètes présents aux JO de Tokyo. « Lors des entraînements je ne suis pas si loin d’eux, valide le Chorgue. Sur les courses c’est un peu plus compliqué. Ce sont des athlètes qui sont plus âgés et plus expérimentés. »
« Ce qui manque en Suisse dans le BMX c’est une structure d’entraînement avec un groupe. » Ugo Ballerini
Dans le sillage des têtes d’affiche du BMX helvétique, Ugo Ballerini mesure le chemin qui lui reste à parcourir pour pouvoir les battre. Il estime que pour être plus performant il devrait bénéficier de conditions qui n’existent pas en l’état dans le pays. « Ce qui manque en Suisse dans le BMX c’est une structure d’entraînement avec un groupe, appuie-t-il. Nous avons certains entraînements avec Swiss Cycling mais ça reste assez rare. On voit que dans certains autres pays il y a vraiment des groupes qui s’entraînent tous les jours ensemble et ça fait la différence. »
Des soutiens locaux
Ugo Ballerini profite de temps en temps de s’entraîner avec les meilleurs Suisses de la discipline mais il n’est pas soutenu financièrement par la fédération. Entraînements, voyages, inscriptions, tous les frais sont à sa charge. « Selon les années et les voyages une saison coûte entre CHF 25'000 et CHF 35'000 francs, explique-t-il. Chaque année c’est compliqué de boucler un budget pour financer les déplacements et tous les frais. »
« J’ai la chance d’avoir de très bons sponsors de la région. » Ugo Ballerini
Conscient de vivre pour sa passion – et non pas de sa passion – Ugo Ballerini ne s’apitoie pas sur son sort. « J’ai la chance d’avoir de très bons sponsors de la région. Ils sont là depuis longtemps et ils continuent de me soutenir. »
Un sport en constante évolution
Dès son plus jeune âge, Ugo Ballerini rêvait surtout de motocross. Trop dangereux pour ses parents, qui l’envoient plutôt sur les pistes bosselées d’un autre genre, celles du BMX. Et le Chablaisien a tout de suite croché pour plusieurs raisons. « C’est un sport qui est vraiment fun avec des bosses et sauts, énumère le sportif de 23 ans. L’ambiance de groupe est super. J’apprécie aussi le fait que ce soit un sport à risque avec beaucoup d’adrénaline. » Sport olympique, le BMX tel que le pratique Ugo Ballerini ressemble un peu au ski cross, avec un départ en ligne de plusieurs coureurs lors de chaque manche. La tactique revêt donc une importance capitale contrairement au style qui n’est pas pris en compte – à ne pas confondre avec le BMX freestyle où ce sont les figures qui départagent les concurrents.
« Il n’y a pas de vitesses à passer ni de suspension. C’est le corps qui absorbe les chocs. » Ugo Ballerini
En quête permanente de sensations, Ugo Ballerini se dit encore en phase d’apprentissage pour certains aspects. Le Chorgue doit notamment faire face aux évolutions de la discipline. Les pistes sont de plus en plus techniques et rapides. Au fil de son développement, le coureur a également dû s’adapter à sa monture très petite. « Les vélos sont très spécifiques avec des roues de 20 pouces, poursuit-il. Ils sont aussi assez longs car en course on atteint des vitesses de 50 km/h donc il faut de la stabilité. Il n’y a pas de vitesses à passer ni de suspension. C’est le corps qui absorbe les chocs. »
Apprendre aux autres et avec les autres
Ugo Ballerini met toutes les chances de son côté pour percer. Et lors de son temps libre, le Valaisan transmet sa passion aux plus jeunes. « J’ai la chance de pouvoir entraîner le club du Chablais, reprend-il. J’ai toujours aimé transmettre aux autres et en voyant les gamins faire des erreurs je peux corriger les miennes. » Au contact de la relève chablaisienne, Ugo Ballerini se montre optimiste pour l’essor de la discipline dans la région. « J’espère simplement que les clubs pourront avoir de bonnes infrastructures et mettre en place de bons entraînements. Il faut aussi que les jeunes de 16-18 ans continuent le sport de haut niveau et arrivent à progresser. »
Ugo Ballerini sillonne la Suisse et l’Europe dans son mini-van en quête de fun et de résultats. En 2021 il a remporté le classement général de la Coupe suisse, en se montrant le plus régulier lors des sept étapes comprises dans ce championnat. L’an prochain, le Chorgue espère se rapprocher un peu plus des tous meilleurs et entretenir ainsi la flamme de son rêve ultime, celui de participer un jour aux Jeux Olympiques.