Christophe Brown a disputé 524 matches de Ligue Nationale A, avec Fribourg, Zoug et Lausanne. A titre de comparaison, Igor Fedulov, véritable légende au Forum, compte 520 rencontres dans la principale division helvétique. Bien évidemment le Russe a marqué plus de buts et gagné plus de titres dans sa carrière, voilà pourquoi son nom est plus sonnant et voilà pourquoi la comparaison s’arrête-là. Mais tout de même, quand on a vécu plus de 500 matches pros – plus de 650 en ajoutant la Ligue B – on a de l’expérience à revendre.
« J’ai compris qu’on pouvait gagner sa vie grâce au hockey quand je voyais les gars de la première équipe à Fribourg jouer aux cartes après le repas. » Christophe Brown
S’il reste modeste sur son parcours, Christophe Brown regarde volontiers dans le rétro avec beaucoup de satisfaction. « C’est magnifique, lance-t-il. Quand j’étais gamin je n’avais aucune idée qu’on pouvait gagner sa vie en jouant au hockey. J’ai compris cela quand je voyais les gars de la première équipe à Fribourg. Ils jouaient aux cartes après le repas. Et moi je me demandais s’ils n’avaient rien d’autre à faire. C’est là que j’ai compris qu’on pouvait faire carrière. J’ai vécu 15 ans magnifiques. Il y avait beaucoup de pression liée à la performance mais ce n’étaient certainement pas les mêmes soucis d’un banquier ou d’un assureur. » Ce n’est pas un hasard si en fin de réponse il évoque la différence de responsabilités entre un joueur de hockey et d’autres professions en dehors du sport. Celui qui travaille depuis 15 ans pour une grande banque a très vite su qu’il devrait gérer son après carrière mais il a très vite compris que le hockey resterait dans sa vie d’une manière ou d’une autre.
Né aux Etats-Unis, de père américain et de mère helvétique, Christophe Brown arrive en Suisse à l’âge de 8 ans. Il débarque à Villars où ses parents lui disent qu’il fera soit du ski soit du hockey. Très tôt il choisit les patinoires. Son parcours est véritablement lancé à Fribourg. Mais l’ancien professionnel sillonne la Suisse avec des passages – déjà évoqués – à Lausanne et Zoug, mais aussi à Morges, Viège et Sierre. Avant un retour à Villars pour son dernier défi sur la glace comme joueur.
« J’adore l’odeur nauséabonde du vestiaire. » Christophe Brown
En 2010, le Chablaisien tourne la page pour passer derrière la bande. Le premier succès probant, après sa reconversion, arrive six ans plus tard lorsqu’il permet à Monthey-Chablais de fêter une promotion en première ligue. Depuis, son rôle a encore évolué – on y reviendra – mais pas son approche. Ni sa passion. « J’adore l’odeur nauséabonde du vestiaire », dit-il en évaluant instantanément la portée de cette déclaration étonnante.
« J’ai pris un best-of de la quinzaine d’entraîneurs que j’ai connus. » Christophe Brown
Car pour cet ancien ailier, l’amour du hockey réside sans doute dans ces moments de camaraderie. Dans l’intimité d’un groupe qu’on peut façonner de l’intérieur par des mots réconfortants ou des gestes brusques. Toujours avec empathie. « J’ai toujours essayé de coacher les autres de la manière avec laquelle j’aimais être entrainé. J’ai pris un best-of de la quinzaine d’entraîneurs que j’ai connus. Le message que j’essaie de transmettre est toujours le même, de penser d’abord à l’équipe sans aucun égoïsme. » Après 4 saisons à Monthey, entre la 2ème et la 1ère ligue, Christophe Brown remonte le Rhône pour donner un coup de main à Adrien Plavsic à Martigny.
Joueur, entraîneur principal, assistant, (banquier, papa, amateur de golf et de ski, etc…), Christophe Brown aime cumuler les casquettes. Le voilà depuis fin janvier 2022 co-entraîneur du HCV Martigny. « J’ai l’impression que mon cerveau ne s’arrête jamais », commente-il sobrement. Son périple au Forum a commencé en 2018 dans un rôle plus en retrait (ndlr : il est resté assistant aux côtés de Laurent Perroton puis de Kevin Ryan) et se poursuit aujourd’hui dans une forme de job-sharing, nouvelle et enrichissante. Depuis quelques semaines il « hausse peut-être un peu plus le ton », tâche qui incombe au coaches principaux.
« Je donne des conseils en lien avec la gestuelle ou avec la perception de l’énergie dégagée par un joueur. » Christophe Brown
S’il sait s’effacer pour le bien de l’équipe, il sait aussi prendre ses responsabilités. D’ailleurs, le travail avec l’autre co-entraîneur Daniele Marghitola, est bien réparti. « Je marche au feeling, détaille-il. Je vais donner des conseils en lien avec la gestuelle ou avec la perception de l’énergie dégagée par un joueur. Daniele s’occupe plus de tout ce qui est l’analyse et montage vidéo. Bien sûr on parle de tout ensemble mais mon dicastère c’est plus la gestion du personnel. » Avec deux entraîneurs, le HCV Martigny parviendra peut-être à obtenir ce qu’il n’avait pas réussi avec un seul. A savoir, le titre de MySports League et la tant attendue promotion. Sans vouloir griller les étapes, Chrisophe Brown reste convaincu quand dans le sport il n’y a pas d’utopies et qu’à force de travail, tout devient possible. L’acte 1 des quarts de finale des play-off face à Thoune est prévu ce samedi.