Sélectionneur de l’équipe de Suisse, Patrick Fischer dévoilera dans quelques semaines la liste des joueurs qu’il souhaite emmener avec lui aux Jeux Olympiques. En attendant de savoir si le Montheysan Dave Sutter, le Sierrois Vincent Praplan ou le Viégeois Fabian Heldner seront de la partie à Pékin, un autre Valaisan est d’ores et déjà assuré de griffer la glace chinoise. À 35 ans, le Chalaisard Michael Tscherrig est l’un des trois arbitres suisses retenus pour être au sifflet lors du tournoi.
«Tout a commencé en août dernier», se souvient-il. «Je faisais partie d’une longue liste de 26 candidats, le chemin était encore long. Beaucoup de choses dépendaient finalement de l’arrêt ou non de la NHL durant les Jeux. Si les Nord-Américains pouvaient être au rendez-vous à Pékin, il y aurait eu moins de places pour nous. Je ne sais pas si j’aurais, de tout manière, fait partie des élus mais dans le cas présent, je crois pouvoir dire que la non-présence de la NHL aura été bénéfique pour moi.»
Si les Jeux Olympiques représentent un rêve pour les athlètes, il en va de même pour Michael Tscherrig. Le Valaisan se souvient notamment de cette réponse, adressée sur le ton de la boutade à l’un de ses chefs lorsque ce dernier lui demandait quel serait son but ultime dans l’arbitrage: «siffler aux JO». C’était il y a 20 ans, en 2002, alors que le Chalaisard faisait ses premiers pas dans le costume d’arbitre.
«En tant que joueur, je me serais certainement arrêté en 2ème ligue…en 1ère au grand maximum.»Michael Tscherrig
Ses débuts au sifflet, Michael Tscherrig s’en souvient encore très bien. «Tout s’est fait par hasard. J’avais 15-16 ans et un copain avec qui je jouais au HC Lens devait arbitrer un match de moskitos B. Il m’a dit que si je voulais, je pouvais l’accompagner et que je me ferais 20 francs. Je me suis dit «pourquoi pas?», j’ai fait ce match, d’autres ont suivi et finalement, j’y ai pris goût.» Le Valaisan a donc arrêté son parcours de joueur pour entamer celui de directeur de jeu qui allait lui permettre de vivre des choses qu’il n’aurait pas cru possibles auparavant. «En tant que joueur, je me serais certainement arrêté en 2ème ligue…en 1ère au grand maximum.»
Au lieu de cela, ce sont les glaces de National League que fréquente depuis quelques années Michael Tscherrig. D’abord en tant que juge de ligne. Puis depuis 2019 et son passage au statut de professionnel, dans le costume d’arbitre principal. Moins de trois ans plus tard, douze mois après avoir déjà vécu les Mondiaux de Riga, le voilà en partance pour les Jeux. Comment expliquer une telle évolution vitesse grand V? «Bonne question», se marre-t-il. «Les seules choses que je maîtrise, c’est mon travail sur la glace et la préparation de mes matches. Tout le reste est entre les mains des superviseurs. Ce sont des éléments X, Y sur lesquels je n’ai aucune influence mais qui tournent pour l’instant en ma faveur.»
«Lors des grands tournois, on se connait moins avec les joueurs. Il faut donc adapter un peu notre ligne en fonction.»Michael Tscherrig
À 35 ans, Michael Tscherrig vivra donc à Pékin le deuxième grand événement de sa carrière au niveau des élites après les championnats du Monde de l’an dernier (ndlr: il avait aussi connu les universiades et les Mondiaux juniors dans le passé). Et il assure siffler de la même manière lors de tels tournois que durant un «simple» match de championnat. «La chose qui change, c’est qu’en Suisse, on rencontre les équipes entre vingt et trente fois par saison alors que ce n’est le cas qu’une à deux fois dans ce genre d’événements. Les joueurs nous connaissent moins et inversement. Il faut donc adapter un peu notre ligne en fonction. Mais sinon, on siffle les mêmes fautes. Et si vraiment, on a des meetings à quelques reprises durant le tournoi lors desquels on nous rend attentifs à certains éléments que l’on aurait pas vu ou à des situations que l’on aurait pu mieux gérer.»
Si les automatismes sont moins importants avec les joueurs, ils le sont aussi avec les autres arbitres, venus d’autres pays et donc, d’autres championnats. «Mais cela ne pose pas forcément de problèmes», assure Michael Tscherrig. «La fédération internationale a établi un document auquel chacun doit se tenir. Les signes, les positionnements sur la glace, ce sont à 99% les mêmes que ce que l’on connaît en Suisse. Après, évidemment que chacun a ses habitudes. Certains aiment passer plus souvent derrière le but, d’autres regardent à tel endroit dans telle position. Ce sont toutes des choses dont on discute avant une rencontre. En général, on a 1h30 pour établir une sorte de plan de match, comme le font les équipes.»
À l’image de nombreux athlètes, Michael Tscherrig a décidé de limiter au maximum les contacts durant ce mois de janvier. La crainte, évidemment, c’est d’être infecté par le covid et de se retrouver privé de ces joutes olympiques. «Je continuerai à faire de la peau de phoque pour parfaire mon endurance. En revanche, les soirées au restaurant, on évitera.» L’incertitude liée à la situation sanitaire, avec des premiers cas de variant Omicron apparus ces derniers jours en Chine, refroidit-elle l’enthousiasme du Valaisan? «Vous savez, je n’ai jamais vécu de Jeux sans bulle sanitaire. Je ne pourrai donc pas faire la comparaison. Évidemment qu’on aurait aimé pouvoir profiter un peu de l’extérieur mais voilà, on va se tenir à ce que l’on a droit.»
«Le but, c’est d’aller au bout…et de n’avoir aucun regret.»Michael Tscherrig
S’il ne connait pas encore en détails son programme olympique, Michael Tscherrig sourit lorsqu’on lui demande combien de matches il espère diriger sur la glace chinoise. «Si j’ai le choix, je vais jusqu’à la finale! Je vais en tout cas donner mon maximum, arbitrer au meilleur de ma conscience pour mettre toutes les chances d’aller le plus loin possible de mon côté. Si mes collègues sont meilleurs que moi, je m’arrêterai, cela fait partie du jeu. Mais le but, c’est d’aller au bout…et de n’avoir aucun regret.»