Paolo Tramezzani: «Ce qui m’a convaincu de revenir? C’est Sion, tout simplement…»
Le FC Sion accueille le FC Bâle ce dimanche à Tourbillon. À cette occasion, Paolo Tramezzani sera de retour sur le banc sédunois. Successeur de Marco Walker, l’Italien se réjouit de cette nouvelle aventure en Valais.
Jamais deux sans trois dit le dicton. Après des premiers passages à l’automne 2017 et au printemps 2020, revoilà Paolo Tramezzani à la tête du FC Sion. Le technicien italien évoque sa relation avec le club sédunois et parle de ce qu’il entend mettre en place cette saison. Interview.
Paolo Tramezzani, entre le FC Sion et vous, c’est l’histoire d’un amour sans fin…
On peut le dire oui. C’est un amour, une obsession… Pour moi, Sion c’est quelque chose de spécial. C’était déjà le cas lors de mes deux premiers passages et ça l’est peut-être encore plus aujourd’hui. Je sors de trois belles expériences, celle vécue ici il y a un an et mes passages à l’Hajduk Split et en Arabie Saoudite. Pour moi, revenir ici est particulier. Je suis vraiment très heureux.
Votre président Christian Constantin nous a dit que pour vous, entraîner le FC Sion c’était la Champions League. C’est vrai?
On peut le dire oui (rires)!
«J'ai été surpris. Aussi bien par le fait d'être contacté par le FC Sion que par la rapidité à laquelle l'accord a été trouvé»Paolo Tramezzani
Qu’est-ce qui vous a convaincu de revenir ici?
C’est Sion, tout simplement… Ici, je me sens à la maison. Je me sens apprécié. C’est la 2ème fois que j’arrive dans un moment difficile pour le club et le fait que les dirigeants pensent à moi pour les aider est une motivation en plus à travailler. Je sais ce qui m’attend ici, je connais l’ambiance, je connais déjà plusieurs joueurs donc faire le choix de revenir a été facile pour moi. Cela a en revanche été plus compliqué de quitter mon ancien club (ndlr: Al Faisaly Harmah). Mais ses dirigeants ont compris la situation et tout a été très vite. Si bien que j’ai moi-même été agréablement surpris. Aussi bien par le fait d’être contacté à ce moment-là par Sion que par la rapidité à laquelle l’accord a été trouvé.
Vous n’avez donc pas hésité à accepter ce nouveau challenge en Valais?
Non. Pour vous dire la vérité, j’ai simplement eu peur de ne pas pouvoir me libérer donc, encore une fois, je remercie mon ancien employeur pour sa compréhension. Vraiment, tout s’est réglé en deux, trois jours seulement.
Vous vous êtes engagé jusqu’en juin 2023. Une belle preuve de la confiance qui vous est accordée?
C’est vrai et c’est d’autant plus gratifiant ici (rires)… Mais vous savez, au moment de me libérer pour venir ici, je n’ai formulé aucune demande concernant la durée de mon contrat. Je n’y pensais absolument pas. Tout ce qui compte, c’est le travail que je dois accomplir. Je dois montrer que je suis à la hauteur, que je suis le bon entraîneur pour cette équipe. Un contrat sur le long terme ne te donne aucune garantie. La durée de mon engagement n’a donc absolument pas été la priorité des négociations.
Surtout que depuis le début de votre carrière, vous êtes plutôt réputé pour vivre des aventures relativement courtes. Construire quelque chose dans le temps, c’est vraiment dans vos plans?
Cela me plairait beaucoup oui (sourire).
«J’espère que la troisième version de moi-même sera meilleure que les deux précédentes»Paolo Tramezzani
Durant vos deux premiers passages au club, on a pu observer deux Paolo Tramezzani bien différents. Que doit-on attendre de la troisième version?
Je ne sais pas (rires). Ce qui est clair, c’est que les expériences que j’ai vécues, dans des championnats différents, auprès de joueurs aux cultures diverses m’ont enrichi. J’aime m’améliorer, j’aime étudier et grandir. C’est donc normal qu’il y ait eu des changements. Que ce soit au niveau stratégique, tactique, footballistique ou de la méthodologie d’entraînement. En revanche, je ne crois pas que mon caractère ait fondamentalement changé. Tout ce que je peux donc vous dire sur la troisième version de moi-même ici, c’est que j’espère qu’elle sera meilleure que les deux précédentes.
Comment est-ce que vous avez senti l’équipe que vous avez retrouvé cette semaine?
Comme je l’ai déjà dit, j’ai l’avantage d’avoir déjà entraîné certains joueurs. Je les connais donc au niveau humain, au niveau du caractère. Évidemment que j’ai retrouvé un groupe déçu de ses dernières prestations. Mais sur le terrain, dès le premier entraînement, les joueurs ont très bien bossé, avec beaucoup d’attention et de concentration. Je crois que cette équipe peut montrer son envie de sortir de cette période délicate par son caractère, sa détermination, son envie. Mais tout cela, c’est sur le terrain qu’il faut le montrer. Être un bon joueur ne suffit pas. Il faut montrer de la personnalité. Ne pas avoir peur de jouer.
Vous parlez de caractère, de personnalité, c’est à ça que doit ressembler «votre» FC Sion?
Vous savez, pour moi, ce sont tous ces ingrédients qui peuvent changer la carrière d’un joueur ou la saison d’une équipe. J’en suis absolument convaincu. Surtout dans un championnat comme celui-là et encore plus cette année. Tout semble très équilibré donc ces éléments risquent bien d’être déterminants.
«Prendre autant de buts que cela a été le cas ici, dans une période relativement courte, cela te fait perdre toutes tes certitudes»Paolo Tramezzani
Ils ont en tout cas semblé manquer depuis le début de saison. En neuf matches, le FC Sion a encaissé vingt-deux buts. Votre première mission en tant qu’ancien défenseur, ce sera de redonner de la solidité à votre équipe?
Ce sera à coup sûr d’encaisser moins de buts. Les joueurs travaillent en ce sens. C’est clair que lorsque ton équipe risque moins derrière, qu’elle est plus compacte, elle joue automatiquement mieux, avec plus de tranquillité et de sérénité. Prendre autant de buts que cela a été le cas ici, dans une période relativement courte, cela te fait perdre toutes tes certitudes. C’est quelque chose qu’il faut améliorer sur le terrain mais aussi dans la tête et c’est ce sur quoi je vais travailler.
Vous êtes arrivé lundi. Vous n’avez donc que six jours pour préparer le match de ce dimanche. Pas le temps de faire des essais….
Peut-être mais je crois quand même qu’il faut agir dans la tranquillité. Je veux que mes joueurs comprennent les indications qui sont les miennes. Je préfère donc mettre en place une chose de moins mais que tout soit acquis que de vouloir trop en faire d’un coup. Mais cette semaine se passe bien, je le vois dans les yeux des joueurs et la partie de dimanche nous montrera vraiment où l’on se situe.
Une rencontre face à Bâle qui est toujours invaincu cette saison. Ce n’est pas un cadeau pour débuter…
Je ne le vois pas comme ça. Je pense que si l’on affrontait une équipe qui est derrière nous, la pression serait plus grande. C’est clair que l’on sera face à un grand adversaire, que l’on a beaucoup de respect pour lui mais si nous faisons preuve de courage, nous avons énormément à gagner de ce match.
Un match qui marquera votre retour à Tourbillon mais aussi, celui des groupes de supporters…
Je suis vraiment très heureux qu’ils reviennent. Je sais l’amour qu’ils éprouvent pour ce club. Tout ce que j’espère, c’est qu’on les représente au mieux. Qu’ils soient fiers durant cette saison de ce qu’ils voient sur le terrain. On représente une ville, un canton entier et on doit le faire en donnant le meilleur de nous-mêmes.
En choisissant Paolo Tramezzani comme nouvel entraineur du FC Sion, la direction du club a surpris beaucoup de monde, dont le principal intéressé (voir ci-dessus). Une surprise que Barthélémy Constantin, directeur sportif du FC Sion, dit comprendre: «Oui, ça peut surprendre du monde, parce que c’est la troisième fois qu’il vient, la deuxième en environ une année. Mais on avait un gout d’inachevé avec lui. En espérant que cette fois-ci, on pourra vivre la vraie aventure qu’on doit vivre lui et nous.» Au moment du choix, le profil du technicien italien «cochait toutes les cases», selon le vice-président Gelson Fernandes. «On voulait un entraineur qui connaissait le championnat suisse, un entraineur capable de travailler avec les jeunes, un entraineur avec du tempérament et un plan de jeu, un entraineur qui avait tout simplement envie d’entrainer ce club. C’est le cas de Paolo.»
Si les choses se sont passées très rapidement entre le premier coup de fil à Paolo Tramezzani et son arrivée en Valais, la réflexion qui a précédé n’a pas été bâclée. «Il ne s’agissait pas simplement de changer d’entraîneur. Il fallait aussi faire le bon choix. Nous avions évidemment plusieurs noms dans notre short list, mais ce choix était stratégique. Dans un championnat qui est le plus difficile des dernières années, en cours de saison, avec une équipe jeune, on n’avait pas le temps pour faire des essais. Si on avait un entraineur non-expérimenté dans la ligue, on était mort. On ne pouvait pas se permettre de prendre ce risque.» JG