Nouvelle patinoire du HC Sierre: «C’est le moment ou jamais»

Christophe Moreillon
Journaliste sportif RP

Le projet de nouvelle patinoire pour le HC Sierre est en bonne voie. Autour de deux lettres d’intention, les différentes parties avancent conjointement pour sa réalisation d’ici cinq ans au plus tard.

Après des années d’espoirs et de rêves toujours déchus, les supporters du HC Sierre peuvent commencer à se réjouir. Le projet de construction d’une nouvelle patinoire dans le quartier de Condémines a franchi un cap important avec la signature de deux lettres d’intention. À l’origine de celles-ci: la société nouvellement créée Sierre-Valais Sport que préside Chris McSorley. L’une est co-signée par la Ville, l’autre par le club. Elles confirment la volonté de créer une nouvelle enceinte de 7'000 places, définissent les futurs objectifs sportifs et annoncent l’entrée des investisseurs dans l’actionnariat de la formation «rouge et jaune».

Réunis autour d’une volonté commune

«C’est un très grand avancement pour ce projet ambitieux», apprécie le président du HC Sierre Alain Bonnet. «Cela fait des dizaines d’années que l’on parle d’une nouvelle patinoire. L’impulsion donnée conjointement par la Ville, le district, les investisseurs et nous, le club, est super positive.»  Présent à ses côtés lors de la conférence de presse organisée par les différentes parties engagées, le président de la Ville de Sierre Pierre Berthod abonde: «C’est un jour important pour nous tous. On peut aujourd’hui rendre public des mois de négociations. Voir que des gens sont prêts à investir du temps, de l’argent et de l’énergie autour d’une volonté commune, celle de bâtir, au cœur du Valais, une enceinte sportive moderne, me rend fier et heureux.»

«C’est le premier jour de tout le reste de travail à accomplir»Chris McSorley

Le sourire est également de mise pour Chris McSorley, lequel n’a pas hésité à faire le voyage depuis le Tessin, quelques heures à peine après la victoire de son HC Lugano devant Ajoie. «Permettre au HC Sierre d'accéder, à terme, à la National League fait partie de ma vision depuis des années. Depuis mon départ de Genève, j’ai pu créer un groupe qui a su se montrer proactif et aujourd’hui, notre investissement est récompensé. Mais c’est aussi le premier jour de tout le reste de travail qu’il reste à accomplir.»

Coût estimé: entre 80 et 90 millions

Car oui, chacun a bien compris que cette première pierre de posée n’est qu’un début et que de nombreux obstacles restent à franchir avant que le projet, dont le coût est estimé entre 80 et 90 millions, n’aboutisse complètement. «Les montants requis sont très importants pour une collectivité publique», reconnaît Pierre Berthod. «Mais le fait que des investisseurs soient prêts à s’engager, que des gens croient en nous et en le potentiel de la région nous fait espérer que tout cela se concrétise. Mais ne crions pas victoire trop vite. Comme en hockey, il faut attendre la fin du troisième tiers pour célébrer. Et là, je dirais que l’on est seulement dans le premier.»

«La patinoire de Graben est en bout de course. Il nous faut cette nouvelle infrastructure»Alain Bonnet

Alain Bonnet de son côté sait mieux que quiconque que les projets ont déjà été nombreux dans un passé plus ou moins récents. Et que tous se sont conclus de la même manière. «Vous me demandez si cette fois sera la bonne? Il le faut. C’est maintenant ou jamais», tonne-t-il. «La patinoire de Graben est vraiment en bout de course. Nous avons besoin de cette nouvelle infrastructure. Que ce soit aussi bien pour le développement des jeunes que de la première équipe.»

Un projet «win-win-win»

Un avis que partage évidemment Chris McSorley. «Si on ne le fait pas aujourd’hui, ça ne se fera jamais», souffle l’Ontarien. «Ce projet bénéficiera à tout le monde. La Ville augmentera son potentiel économique et le club aura l’opportunité d’évoluer dans l’élite. Mais pour cela, il faut que nous, les investisseurs, soyons là. C’est quelque chose de «win-win-win». Personne ne sera perdant. C’est pourquoi tout le monde se soutient dans les négociations.»

«Grâce aux investisseurs, on va augmenter notre capital-actions d’une valeur de 30%»Alain Bonnet

Emmenés par Chris McSorley, les investisseurs entreront donc prochainement au capital-actions du club sierrois. «C’est nécessaire pour assurer une bonne collaboration dans ce projet», explique-t-il. Mais pas question pour autant pour les dirigeants actuels de vendre certaines de leur part. «Non, nous ne leur cédons aucune action, au contraire», poursuit Alain Bonnet. «Grâce à eux, on va augmenter notre capital-actions d’une valeur de 30% afin de solidifier la base. Notre budget, lui, tournera toujours entre 3 et 4 millions dans les prochaines années. On grandira ensuite en s’adaptant à la vitesse du projet.» Dans la lettre d’intention qu’il a co-signée, le HC Sierre a par ailleurs tenu à s’assurer qu’il ne pourrait pas être délocalisé à l’avenir. «On voulait simplement que cela soit clair que le HC Sierre doit jouer à Sierre et que cette patinoire ne doit voir le jour nulle part ailleurs.»

Un capital-actions ouvert au public

La volonté du club est aussi de permettre au public d’investir en son sein. «Cela fait quelques années, depuis la création de notre société HC Sierre SA, que nos supporters et partenaires n’étaient pas intégrés. On a ressenti une réelle volonté de leur part lors des discussions que nous avons eu et je pense que pour l’image de ce projet, le fait qu’une minorité du capital-actions soit prise par le public est une très bonne chose.»

«Face au pessimisme de la raison, il faut faire preuve de l’optimisme de la volonté»Pierre Berthod

Tout semble donc réuni pour que, cette fois, le Valais romand ait sa nouvelle patinoire. Le délai pour la signature d’un précontrat entre les différentes parties est fixé à août 2022. Restera ensuite (cela devrait être fait d’ici à la fin de l’année prochaine) à ce que le budget dévolu soit approuvé par le Conseil général. L’éventuelle votation populaire est, elle, prévue pour courant 2023. «On a pris un petit peu de retard, notamment en raison du covid», relève Alain Bonnet. «Le projet pour l’ouverture reste 2023-2026. On espère évidemment que cela sera le plus vite possible mais la rapidité ne doit pas être une finalité. L’important, c’est que l’on ait une nouvelle patinoire.» Et quid des éventuelles oppositions? «Vous savez, on peut toujours fonctionner avec la peur. Évidemment que nous devrons faire preuve de force de conviction. Mais face au pessimisme de la raison, il faut faire preuve de l’optimisme de la volonté», illustre Pierre Berthod.

Chris McSorley, de son côté, continuera de suivre avec attention et à distance l’avancée des prochaines étapes. «Je n’ai aucune peine à déléguer. Le jour où la patinoire verra le jour, d’ici trois à quatre ans, je changerai mes fonctions. Mais d’ici là, je suis complètement engagé avec Lugano.»

La nouvelle patinoire sierroise en détails
7'000 places
4'250 places grand public
2'000 places debout
200 places pour les visiteurs
650 places VIP
10 loges
Bureaux du club
Restaurant
Buvettes
Espaces commerciaux
CM
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