Mondiaux de cyclo-cross: la rivalité van Aert / van der Poel, vue par Julien Taramarcaz
À la frontière entre les Pays-Bas et la Belgique, des milliers de spectateurs seront réunis ce week-end pour la grande explication, à l’occasion des championnats du monde de cyclo-cross. L’homme à battre se nomme Wout van Aert, explique l’ancien professionnel valaisan, Julien Taramarcaz.

Cette semaine, place aux championnats du monde de cyclo-cross aux Pays-Bas. La course masculine élites de dimanche réunira plus de 50 participants. Parmi eux, trois Suisses. Ils devait être quatre, mais le Valaisan Gilles Mottiez a déclaré forfait ce jeudi. Mais l’épreuve phare pourrait bien se résumer à un duel au sommet, entre Mathieu van der Poel, le Néerlandais et Wout van Aert, le Belge. Les deux stars du peloton se côtoient aussi sur la route mais c’est dans la boue que leur rivalité s’est construite. Leur affrontement programmé lors des Mondiaux met le monde du vélo en ébullition encore plus à Hoogerheide, localité néerlandaise située à proximité de la frontière belge. « Il faut savoir que le parcours des Mondiaux est tracé par Adrie, le père de Mathieu van der Poel, ce qui fait un peu jaser en Belgique parmi les fans de van Aert », explique Julien Taramarcaz. Le Fulliérain, retiré de la compétition depuis 5 ans, continue de suivre de très près tout ce qui touche à son ancienne pratique sportive. Durant les fêtes, il s’est même offert une petite immersion au cœur d’une étape de Coupe du monde. « J’ai presque redécouvert le cyclo-cross, dit-il. C’était une première d’assister à telle épreuve, vu que d’habitude j’étais du côté des participants. C’était vraiment énorme, en termes de public et d’investissement. On parle de milliers de personnes, de toutes générations. »
Deux profils hors du commun
Photo à l’appui, Julien Taramarcaz affiche une proximité évidente avec le prodige van der Poel, qu’il appelle volontiers Mathieu. Lors de son passage en Belgique entre Noël et Nouvel an, le Valaisan s’est même offert une petite visite dans la caravane du champion, petit fils de Raymond Poulidor. Il ne tarit pas d’éloges à son égard. « Mathieu van der Poel a un bon mélange génétique avec son papa, ancien champion du monde et son grand-père ancien coureur brillant. De part son bagage, il était très attendu. » Wout van Aert mérite aussi de la considération de la part de l’ancien professionnel. « C’est un Belge pure souche, qui est très fort. Il a une classe à part. » Les deux coureurs du moment se nourrissent de leur rivalité. Pour rajouter un peu de sel, le représentant des Pays-Bas, MVDP est sous contrat avec une équipe belge. Tout l’inverse de son concurrent van Aert, qui défend les couleurs d’une formation néerlandaise.
Le revers de la médaille
Le circuit de Coupe du monde a un peu évolué depuis la retraite sportive de Julien Taramarcaz. Certaines épreuves ont pris du galon et le nombre de courses a augmenté. Du coup, toutes ne peuvent pas compter sur la présence des deux méga-stars du peloton. Cela peut créer toute sortes de problèmes. Leur présence, intermittente, interpelle. Quand van der Poel et van Aert sont là, le cyclo-cross bénéficie d’un coup de projecteur inouï. Quand ils ne sont pas là, cette variante du vélo retombe un peu dans l’anonymat, du moins vu d’ici. « Je ne sais pas si ça repasse au second plan, nuance Julien Taramarcaz. Cela permet surtout à d’autres coureurs de s’émanciper, car quand van der Poel et van Aert sont au départ, en compagnie de Pidcock, autre star montante, les autres savent qu’ils courent pour la troisième ou la quatrième place. Les puristes sont parfois désavantagés. » Et ce déséquilibre se constate aussi sur le plan financier.
Avantage van Aert
« Sur le papier, je ne vois pas qui pourrait détrôner van Aert ou van der Poel », prédit Julien Taramarcaz. Selon lui, le duel attendu aura bien lieu. Et s’il fallait désigner un vainqueur, le Fulliérain pencherait pour le Belge. « Si Mathieu n’est pas à 100% de ses capacités, ça sera compliqué. Il connait des problèmes de dos, tandis que van Aert semble en pleine possession de ses moyens. Sur un parcours roulant comme à Hoogerheide, la victoire lui semble promise. »
Fort de sa modeste carrière, comme il la présente, Julien Taramarcaz n’a pas l’impression d’avoir inspiré des jeunes, d’avoir montré la voie. Ce n’était pas forcément son but, explique-t-il. Néanmoins, la tradition du cyclocross en Suisse et en Valais reste vivante. Le Fulliérain voit des parallèles avec la carrière de Gilles Motttiez, le seul coureur valaisan actif en Coupe du monde.