Nicolas Mathieu, professeur et physiothérapeute du sport a sans doute ouvert la voie, en travaillant régulièrement avec la Nati. D'autres Valaisans se sont engouffrés dans la brèche. On peut en citer une demi-douzaine. Trois d'entre eux sont venus nous parler de leur collaboration avec l'ASF et de ce rôle si particulier au contact des meilleurs jeunes footballeuses et footballeurs du pays. Nadim Jan collabore avec l’équipe nationale masculine des M19, Pierre Carbone avec celle des M17 et Aline Massy avec l’équipe nationale suisse féminine des M19.
Les trois jeunes professionnels de la santé font partie d'un encadrement spécifique au sein de l’ASF. Aline Massy et Pierre Carbone y sont entrés de manière classique, sur la base d’une postulation, Nadim Jan a pour sa part connu un chemin un peu différent. «Il faut savoir qu’en équipe de Suisse, il y a quatre physiothérapeutes par équipe en plus des physiothérapeutes de piquet», explique-t-il.
«Pour ce rassemblement, il s’avérait que personne n’était disponible. Ils ont décidé de faire appel à quelqu’un d’extérieur» Nadim Jan, physiothérapeute avec l’équipe nationale masculine des M19
«Et pour mon premier rassemblement, personne n’était disponible. Ils ont décidé de faire appel à quelqu’un d’extérieur en envoyant un mail. Et quand je l’ai reçu, j’ai tout fait pour être pris et j’ai réussi.»
Ces missions plus ou moins régulières de physiothérapeute du sport pour l'ASF sont remplies par toutes sortes de profils. La forte présence valaisanne dans les délégations a tout de même de quoi interpeller. Simple coïncidence? «Pour moi, il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer cela», avance Pierre Carbone, physiothérapeute avec l’équipe nationale suisse masculine des M17. «Il y a quelques années, Nicolas Mathieu (ndlr: physiothérapeute de la Nati) a commencé à travailler dans les équipes nationales», déclare-t-il.
«Je pense que Nicolas Mathieu nous a stimulés et donné l'envie de suivre ses pas» Pierre Carbone, physiothérapeute avec l’équipe nationale suisse masculine des M17
«Il est aussi professeur à Loèche-les-Bains et je pense qu'en le côtoyant, on a été stimulé et on a tous eu l'envie de suivre ses pas. Je pense aussi que de vivre dans un canton bilingue, ça nous aide beaucoup. On doit être en mesure de parler plusieurs langues.» Un avis que complète Nadim Jan: «On a une bonne école de physiothérapie et je pense que nous en ressortons avec de bonnes compétences», ajoute-t-il. «Peut-être que le côté social des Valaisans est aussi apprécié.»
Le travail avec les différentes équipes de Suisse n’est pas régulier et ne se fait que de façon ponctuelle. «Je travaille à la clinique romande de réadaptation de Sion la plupart de mon temps», explique Aline Massy, physiothérapeute avec l’équipe nationale suisse féminine des M19.
«De temps en temps, je prends des congés non-payés pour répondre aux mandats de l’équipe de Suisse» Aline Massy, physiothérapeute avec l’équipe nationale suisse féminine des M19
«De temps en temps, je prends des congés non-payés pour répondre aux mandats de l’équipe de Suisse.» Une situation que partage Nadim Jan qui, lui, collabore avec l’équipe masculine des M19. Ce dernier affirme aussi que la mission va au-delà des simples considérations personnelles. «On a de la chance. Pour le cabinet, c’est une fierté de savoir que l'on collabore avec les équipes nationales. Et pour cette raison, il nous dégage toujours du temps pour ça.»
Lorsque le rassemblement débute et que le travail commence, les physiothérapeutes participent vraiment à la vie du groupe. «On vit avec l’équipe, on est tout le temps ensemble», explique Aline Massy. Nadim Jan abonde: «On mange, on dort avec l'équipe. On participe aux matches avec l’équipe.». En plus d’être presque nuit et jour ensemble, les physiothérapeutes ont aussi des moments privilégiés avec les joueurs et les joueuses, de quoi développer un second rôle. «C’est vrai que notre premier objectif, c’est de faire en sorte qu’ils aillent bien physiquement. Maintenant, c’est aussi vrai qu’on a autre rôle, celui de confident», précise Pierre Carbone.
«Les athlètes ont tendance à se livrer à nous. Parfois, on est la seule personne avec qui ils peuvent le faire» Pierre Carbone, physiothérapeute avec l’équipe nationale suisse masculine des M17
«La confiance entre le patient et le thérapeute est primordiale. La personne qui vient vers toi, elle vient pour aller mieux et elle doit te faire confiance. Et c’est vrai qu’avec le temps, les athlètes ont tendance à se livrer. Parfois, on est la seule personne avec qui ils peuvent le faire.» Face à ça, comment réagir? «Il y a des éléments qu’on doit transmettre au staff, à l’entraîneur, et il y a d’autres choses que l’on garde vraiment entre nous.»
Après plusieurs années au sein des différentes équipes de Suisse, plusieurs moments marquants se sont déroulés, à commencer par les émotions partagées.
«On bosse les uns pour les autres et je trouve ça incroyable» Aline Massy, physiothérapeute avec l’équipe nationale suisse féminine des M19
«Il y en a beaucoup mais je pense que c’est avant tout ce travail d’équipe qui nous nourrit jour après jour. On bosse les uns pour les autres et je trouve ça incroyable», concède Aline Massy. Même son de cloche pour Pierre Carbone: «Je ne les compte plus car il y en beaucoup, mais ce que je retiens le plus, c’est les émotions que l’on partage au quotidien. Une chose qui me plaît tout particulièrement, c’est l’évolution de nos relations dans la durée, car j’en connais certains depuis cinq ans, soit depuis qu'ils ont seize ans.» Nadim Jan nous parle lui d'une aventure marquante de son périple avec les M19.